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La Mecque : un accord de survie

mardi 20 février 2007 - 07h:02

Khaled Amayreh

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L’Accord de la Mecque entre le Fatah et le Hamas a été salué par des célébrations et apparait comme viable.

L’accord pour une réconciliation nationale convenu à la Mecque entre le Fatah et le Hamas sous les auspices de l’Arabie Saoudite le 8 février dernier parait avoir ramené un semblant de raison dans l’arène palestinienne en conflit.

En principe, tous les Palestiniens ont acclamé l’Accord de la Mecque, pour lequel les Saoudiens ont utilisé une combinaison d’intimidation et d’incitation pour amener les deux groupes à signer, car il porte la promesse d’empêcher tout nouveau conflit entre le Fatah et le Hamas.

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De gauche à droite : Mahmoud Abbas, le Président Palestinien, Khalid Mesha’al, responsable du bureau politique du Hamas, et Ismaîl Haniyeh, Premier Ministre Palestinien

En effet, aussitôt qu’a été signé l’accord lors d’une impressionnante cérémonie transmise en direct depuis la Mecque, les Palestiniens sont descendus spontanément dans la rue afin de célébrer l’issue heureuse des « discussions de la dernière chance ». Plutôt que de se tirer dessus comme ils l’ont fait pendant plusieurs semaines, certains militants du Fatah et du Hamas ont été vus en train de s’étreindre tandis que d’autres tiraient des coups de feu en l’air pour exprimer leur joie après les bonnes nouvelles venant de la Mecque.

« Les gens sont dans l’incrédulité. C’est un jour de fête. C’est la première manifestation de joie que j’ai vue à Gaza, » nous dit Maysra Balawi, âgée de 24 ans, tandis que des coups de feu de célébration éclatent dans plusieurs endroits de la ville de Gaza. « C’est certainement un cadeau du ciel, » remarque un chauffeur de taxi d’Hébron. « Dieu sait ce qui serait advenu si les discussions avaient échoué. »

Au contraire des précédents accords entre le Fatah et le Hamas qui n’avaient pas tenu, l’Accord de la Mecque semblent avoir une sérieuse chance de survie. Le gouvernement saoudien, avec tout son poids religieux et politique, semble déterminer à le faire réussir malgré la consternation américaine. Il n’y a pas de doute non plus que l’influence financière des Saoudiens n’ait eu un certain effet sur les deux camps. Aussi bien le Hamas que le Fatah savent que contrarier les Saoudiens représente une ligne rouge qui ne peut être transgressée en aucune circonstance.

L’Accord de la Mecque a l’allure d’un document équilibré. Il stipule un honnête partage du pouvoir où le Hamas gardera le premier rang tandis que le Fatah sera traité sur un pied d’égalité. Dans cet accord le Premier Ministre Palestinien en exercice, Ismaïl Haniyeh, restera en fonction. Un ministre-adjoint venant du Fatah le secondera cependant dans sa tâche, ce qui donnera de la substance à l’ »unité nationale ».

D’un autre côté, le Fatah et des indépendants contrôleront les trois portefeuilles les plus importants : le ministère de l’intérieur, celui des finances et celui des affaires étrangères. On espère que ce changement de responsables incitera la communauté internationale à revenir sur son approche draconienne de la question palestinienne, comme la Russie à commencé à le faire.

De façon plus significative, la lettre accompagnant l’Accord de la Mecque et contenant les lignes politiques du prochain gouvernement précise que le gouvernement « respectera et honorera » les accords signés préalablement entre l’Organisation de Libération de la Palestinien (OLP) et Israël, ainsi que les déclarations des conférences des pays arabes, particulièrement celle qui a suivi la conférence de Beyrouth en 2002.

Si on lit entre les lignes, il est clair que la disposition du mouvement Hamas « à respecter et honorer » les accords qui précèdent, une demande-clé du Quartet pour alléger les sanctions qui frappent le gouvernement palestinien, représente une évolution significative dans l’attitude politique du mouvement. Dans le passé, le Hamas avait utilisé des qualificatifs tels que « déloyal » et « traître » lorsqu’il se référait à ces accords.

De plus, l’Accord de la Mecque peut ouvrir la voie à l’intégration du Hamas dans l’OLP, ce qui pourrait revitaliser cette organisation moribonde devenue quasi-inutile après la mise en place de l’Autorité Palestinienne il y a maintenant douze ans.

Toutes les demandes du Quartet ne sont pas satisfaites dans l’Accord de la Mecque. Celui ne comprend pas une reconnaissance explicite d’Israël. Mais le Hamas semble avoir donné « carte blanche » [en français dans le texte - N.d.T) pour négocier un arrangement avec Israël du moment que les intérêts supérieurs du peuple Palestinien ne sont pas remis en cause.

Le Hamas ne va pas s’empresser de reconnaître Israël, surtout tant qu’Israël ne montrera aucune volonté de mettre fin à l’occupation de la terre de Palestine. Néanmoins, ce mouvement de plus en plus souple ne demande plus aux masses palestiniennes d’attendre l’arrivée d’un nouveau Saladin pour libérer la Palestine du fleuve Jourdain à la mer Méditerranée.

En d’autres termes, le Hamas devient plus politique et moins idéologique, non seulement pour faire impression sur la communauté internationale qui a récompensé la démocratie palestinienne avec des sanctions, mais aussi pour contrecarrer les efforts évidents déployés par l’administration Bush pour « iraqifier » ou « somaliser » l’arène palestinienne en soutenant et armant un côté contre l’autre, dans le but de provoquer une guerre civile pour l’intérêt d’Israël : tuer le rêve d’un état Palestinien viable avec Jérusalem-est comme capitale.

Cette semaine, le président Mahmoud Abbas et Ismaïl Haniyeh ont appelé la communauté internationale à reconnaître et à accepter le prochain gouvernement d’unité nationale, ainsi qu’à lever les sanctions financières contre le peuple Palestinien. « Je dis au Quartet et à l’Union Européenne que ceci est la volonté du peuple de Palestine, et qu’ils doivent la respecter et mettre fin au siège, » a déclaré Haniyeh.

Haniyeh a dit vouloir présenter la démission de son gouvernement à Abbas dans les jours qui viennent et former le prochain gouvernement après qu’il ait reçu sa lettre de nomination par Abbas. Haniyeh dispose de cinq semaines pour former un gouvernement d’unité.

Sur le front israélien, le premier minsitre Olmert semble reconnaître que l’Accord de la Mecque est une gifle pour Israël. Les commentaires faits par Olmert, par la ministre des affaires étrangères Livni et d’autres responsables du gouvernement israélien montrent un grand souci à l’idée d’un gouvernement palestinien uni parlant au niveau international un langage acceptable et modéré qui amènerait la communauté internationale à faire pression sur Israël pour être plus disposé à négocier la paix.

Un journal israélien a rapporté mardi qu’Olmert refuse de discuter les trois questions fondamentales de la question palestinienne : le sort des réfugiés palestiniens, le statut d’Al Qods (Jérusalem) et le retrait israélien sur les frontières d’avant 1967. Olmert est allé aussi loin que de dire qu’Abbas « pense comme le Hamas » s’il insiste sur un retrait israélien complet des territoires sous occcupation. Dans le même temps Olmert a décidé de retarder le démantèlement de quelques dizaines d’avant-postes coloniaux en Cisjordanie, disant que le moment pour une telle initiative n’était pas approprié.

Abbas et l’OLP exigent de discuter directement les questions liées au statut final, en fixant des frontières conformes aux résolutions des Nations Unies qui affirment que les territoitres occupés sont bien « occupés » et non pas « disputés » comme le clame Israël.

16 février 2007 - Al Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/832...
Traduction : Claude Zurbach [Info-Palestine.net]


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