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« Les Palestiniens en ont assez des poignées de main factices »

lundi 19 février 2007 - 20h:15

Kadoura Farhès & Serge Dumont

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Un nouveau sommet est prévu ce lundi entre Israéliens, Palestiniens et Américains. Rencontre avec Kadoura Farhès, négociateur pour le Fatah en vue d’un gouvernement d’union.

Responsable du Fatah de Cisjordanie et conseiller du président palestinien Mahmoud Abbas, Kadoura Farhès est un personnage discret. Il est l’homme de confiance de Marwan Barghouti, leader palestinien le plus populaire, condamné à cinq fois la prison à vie par Israël pour avoir organisé une série d’attentats. Ces dernières semaines, Kadoura Farhès a mené les négociations entre son parti et le Hamas en vue de la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Il a également été en contact avec des diplomates israéliens afin de préparer la « Conférence de la paix » de ce lundi, présidée par Condoleezza Rice.

Le Temps : Pensez-vous que le sommet tripartite de lundi à Jérusalem débouchera sur la reprise du processus de paix entre l’Etat hébreu et l’Autorité palestinienne ?

Kadoura Farhès : Je l’espère mais j’ai peur de devoir donner une réponse négative. Nous demandons en effet à Israël de reprendre les négociations sur le fond, c’est-à-dire sur le retrait de la Cisjordanie, sur le futur statut de Jérusalem, sur la question des réfugiés. Or Ehoud Olmert a déjà fait savoir qu’il ne veut pas entendre parler de tout cela. Comme d’habitude, il annoncera sans doute la levée de quelques barrages ici ou là, mais ce n’est pas ce que nous voulons. Les Palestiniens en ont assez des rencontres creuses qui ne débouchent que sur des poignées de main factices.

Il est temps qu’Israël cesse de se retrancher derrière les conditions préalables qu’il pose pour entamer un vrai dialogue constructif. Ses dirigeants affirment que seule la « feuille de route » (un plan américain endossé par la communauté internationale) peut nous permettre de retrouver la voie du dialogue, mais ils savent bien que ce plan ne sera jamais appliqué. Il est obsolète et les diplomates occidentaux en poste dans la région le reconnaissent en privé.

- Le Hamas ne reconnaît pas Israël et sera majoritaire dans le gouvernement palestinien d’union nationale en cours de formation. Ehoud Olmert n’a-t-il pas raison de s’en méfier ?

- Durant les négociations préalables à l’accord de La Mecque qui a débouché sur l’union nationale, je me suis rendu à Damas où j’ai longuement discuté avec le leader de la branche politique du Hamas, Khaled Meshaal.

Contrairement à ce que l’on raconte à Jérusalem, cet homme a les pieds sur terre et il est intelligent. C’est un être humain. Il m’a affirmé à plusieurs reprises et devant témoins qu’il considère Israël comme une réalité, même s’il combat l’occupation des Territoires. Il m’a également dit que le Hamas accepte toutes les résolutions des Nations unies, y compris celles reconnaissant l’Etat hébreu, à la condition que ce dernier applique celles qui l’obligent à évacuer les territoires occupés depuis juin 1967. En tout cas, Khaled Meshaal n’a jamais parlé devant moi de détruire Israël. En revanche, il a clairement évoqué le retour de ce pays à ses frontières de juin 1967 et la création d’un Etat palestinien dans les territoires évacués comme solution possible du conflit.

- Le Hamas soutient-il la rencontre tripartite de ce lundi ?

- Mahmoud Abbas dispose du plein soutien de Khaled Meshaal pour rencontrer Ehoud Olmert. A Damas, le leader du Hamas me l’avait déjà dit et il l’a répété publiquement.

- Votre président peut-il compter sur l’appui de toutes les factions palestiniennes et de la population des Territoires si un dialogue avec Israël devait malgré tout s’engager ?

- Je vous réponds « oui » sans hésiter. Avant la conclusion de l’accord de La Mecque, de nombreux échanges ont eu lieu entre les différents courants de notre échiquier politique. Je peux par exemple révéler qu’à partir de sa cellule Marwan Barghouti a joué un grand rôle dans ces discussions. Mahmoud Abbas est aujourd’hui plus fort que jamais. Il peut négocier un accord important et Olmert aurait tort de laisser passer une occasion comme celle-là.


Dialogues de sourds attendus au Sommet de Jérusalem

Un Sommet de la paix superflu, craignent les observateurs.

Serge Dumont

Lorsqu’elle a été annoncée à la mi-janvier, la rencontre organisée ce lundi à Jérusalem entre Condoleezza Rice, Ehoud Olmert et Mahmoud Abbas était présentée comme un « Sommet de la paix » censé remettre sur ses rails le processus de paix. Mais les commentateurs israéliens et palestiniens ont changé d’avis depuis, et certains d’entre eux présentent déjà cet événement comme « superflu ».

D’une part, parce qu’Israël et l’administration américaine refusent de reconnaître le gouvernement palestinien d’union nationale tant que celui-ci n’aura pas endossé les conditions fixées pour une levée des sanctions économiques contre l’Autorité palestinienne (AP) : la reconnaissance du droit à l’existence d’Israël ; l’arrêt des violences ; la reconnaissance des accords préalables signés par Israël et les Palestiniens. D’autre part, parce que l’AP veut profiter de ce sommet pour entamer de véritables négociations de fond censées déboucher sur un accord de paix. Alors que la partie israélienne veut seulement parler... de la présence du Hamas au sein du nouveau cabinet de l’AP.

Dégradation possible

« Un gouvernement palestinien qui n’accepterait pas les conditions du Quartette ne bénéficiera ni de notre reconnaissance ni de notre coopération. Les positions israéliennes et américaines sont identiques à ce propos », a déclaré Ehoud Olmert après avoir rencontré Condoleezza Rice. Quant au premier ministre et formateur du nouveau cabinet palestinien Ismaïl Haniyeh du Hamas, il a affirmé que son organisation « soutient Mahmoud Abbas face aux pressions internationales ». Des propos atténués par ceux de son porte-parole Ghazi Hamad pour lequel le Hamas et le futur gouvernement seraient « prêts à dialoguer avec Washington ».

La rencontre organisée dimanche à Ramallah entre la secrétaire d’Etat américaine et le président de l’AP augure mal du sommet de lundi : les deux interlocuteurs ne sont tombés d’accord sur rien, malgré plusieurs heures de dialogue, et leur conférence de presse commune a été annulée en dernière minute.

Outre le maintien du bouclage des Territoires, les observateurs palestiniens s’attendent à une dégradation des relations entre l’AP et les Etats-Unis. Ils croient que la Maison-Blanche prendra rapidement ses distances avec Mahmoud Abbas après l’avoir pourtant longtemps présenté comme « le seul interlocuteur palestinien valable ».

Tel-Aviv, lundi 19 février 2007 - http://www.letemps.ch/template/inte...


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