Israël est en train de tester les réactions musulmanes et arabes envers son creusement provocateur autour du second lieu le plus sacré de l’islam.

Cette semaine, Israël a négligé les sentiments des 1,5 milliard de musulmans du monde lorsque les autorités municipales juives ont envoyé des bulldozers à Jérusalem-est pour démolir l’ancien passage d’Al-Maghariba, une annexe de la mosquée d’Al-Aqsa, un des lieux les plus saints de l’islam depuis des temps immémoriaux.

La mosquée d’Al-Aqsa est vue en arrière-plan alors que des membres du Mouvement Musulman israélien crient des slogans au cours d’une manifestation à Jérusalem-est [AFP

Le passage, connu en arabe sous le nom de Bab Al-Maghariba (la Porte Marocaine), s’est retrouvé sous le contrôle d’Israël immédiatement après l’occupation israélienne de Jérusalem-est en 1967. Ensuite, l’armée israélienne a complètement détruit deux quartiers arabes voisins dans la région, Al-Maghariba et Al-Sharaf, et a créé sur leur ancien site ce qui est appelé l’esplanade du mur occidental.

Le mur occidental, appelé aussi le mur des lamentations, est connu en islam comme le "Buraq", le point duquel, selon la tradition musulmane, le prophète Mohamed a été emmené aux sept cieux par l’Archange Gabriel au cours de la célèbre expédition d’Israa et Mi’raj (l’envol de la Mecque à Jérusalem et le voyage de nuit suivant de Jérusalem - la mosquée d’Al-Aqsa - au paradis).

Le récit israélien du travail de démolition est assez innocent. Les officiels israéliens déclarent qu’ils ne font que reconstruire un pont qui était rendu peu sûr suite à une tempête de neige quelques années plus tôt. Les leaders musulmans, cependant, contestent le fait en expliquant qu’Israël est en réalité en train de modifier les caractéristiques éternelles du Haram Al-Sharif (le noble sanctuaire de Jérusalem) et avance une nouvelle étape vers la réalisation de dessins juifs, à savoir la destruction de la mosquée d’Al-Aqsa et la construction d’une temple juif sur son ancien emplacement.

Le premier ministre israélien Ehud Olmert a affirmé que « les travaux étaient coordonnés avec plusieurs parties concernées à l’intérieur et à l’extérieur d’Israël... Il n’y a pas de motivations religieuses derrière cela, et nous avons informé toutes les parties concernées, localement et internationalement ». Les leaders arabes et musulmans à Jérusalem et en Palestine ont en général traité Olmert de "menteur". En effet, ils l’ont défié de nommer les « parties concernées » avec lesquelles Israël a coordonné ses excavations sur le lieu saint.

Israël ne se montre pas honnête sur ce qui se passe réellement. Les autorités municipales israéliennes ont refusé de coordonner les travaux avec les officiels du waqf musulman et le Conseil Suprême Musulman. La principale raison de cela consiste à ne pas ébranler les déclarations israéliennes de souveraineté sur Jérusalem. Toute la communauté internationale, dont l’allié protecteur d’Israël, les Etats-Unis, ne reconnaît pas la souveraineté israélienne sur Jérusalem.

Olmert a aussi été cité cette semaine comme ayant dit : « Nous ne permettrons pas à Salah et à Meshaal de décider ce qui se passe à Jérusalem », en faisant référence au chef du Mouvement Islamique en Israël, Sheikh Raed Salah et le chef du Hamas Khaled Meshaal. Les deux leaders palestiniens ont publié des appels enflammés aux musulmans du monde pour qu’ils soient actifs afin de faire échouer « les plans israéliens visant à démolir la mosquée d’Al-Aqsa ».

Palestiniens priant dans la rue alors que l’accès à la mosquée Al Aqsa leur est interdit par les troupes d’occupation - Photo : AP/Emilio Morenatti

« Ils souhaitent que le monde croie qu’ils agissent de manière inoffensive. Mais la vérité est qu’ils sont en train de mesure la patience des musulmans. Ils agissent dans le contexte d’un processus, pouce par pouce et pierre par pierre, jusqu’à ce qu’ils démolissent la mosquée d’Al-Aqsa et qu’ils déclarent ensuite qu’elle s’est effondrée naturellement ou a été détruite en conséquence d’un tremblement de terre », a dit Salah.

Salah, qui a été au premier plan d’une campagne visant à éveiller la conscience des musulmans devant le « danger mortel » se présentant devant la mosquée d’Al-Aqsa pour cause des incessantes excavations israéliennes en dessous du lieu saint islamique, a été arrêté pour être « entré sans autorisation, pour avoir attaqué la police et pour incitation contre Israël ».

L’autorité de l’antiquité israélienne a préalablement dit qu’elle continuera à ouvrir un tunnel en dessous de la mosquée d’Al-Aqsa qui reliera le mur occidental au quartier arabe de Silwan, auquel les juifs font référence comme étant la "Ville de David". Le tunnel devrait passer directement en dessous de la mosquée Marwani, où d’importantes parties de la mosquée d’Al-Aqsa s’y trouvent. Le tunnel, couplé d’un réseau de passages souterrains dans la région, pose une véritable menace aux fondations de la mosquée d’Al-Aqsa et au Dôme du Rocher à proximité.

« Les fondations de la mosquée d’Al-Aqsa se trouvent déjà devant un réel danger suite aux creusements agressifs israéliens dans la zone. Je n’exagérerais pas si je disais qu’à moins qu’Israël n’arrête ces travaux provocateurs immédiatement, ce serait une histoire de temps avant que la mosquée ne s’effondre », a dit Youssef Al-Natshe, un expert en archéologie sur l’enceinte du Haram Al-Sharif à Jérusalem. « En fait, nous commençons déjà à voir des fissures dans le bâtiment, et c’est un mauvais présage. »

Les autorités israéliennes ont prétendu lundi avoir arrêté le percement dans la zone « pour le moment présent ». Le Sheikh Salah a rejeté l’affirmation israélienne, la considérant comme un « grand mensonge ». « Vais-je les croire et ne pas croire mes yeux ? », a-t-il demandé.

16 février 2007 - Al-Ahram Weekly - Vous pouvez consulter cet article à :
http://weekly.ahram.org.eg/2007/832...
Traduction : M. Ahmed