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La situation des universités dans la bande de Gaza aujourd’hui

mercredi 30 décembre 2009 - 07h:51

Hala El-Khozondar - CICUP

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Notre collègue Hala El-Khozondar, physicienne, qui est intervenue lors de l’assemblée générale du CICUP en juin dernier, est rentrée à Gaza en septembre, après une année de stage à Munich.

Elle décrit dans le rapport que vous trouverez ci-dessous les conditions dans lesquelles se déroule l’enseignement supérieur dans la bande de Gaza, onze mois après l’agression israélienne de décembre 2008 à janvier 2009, après plus de deux ans d’un blocus enfermant un million et demi de personnes, en majorité des enfants, dans une prison à ciel ouvert.

Au-delà de la situation des étudiants et des universitaires, c’est toute une population qui pâtit d’un enfermement, d’un étouffement économique et culturel imposé par un état colonialiste. Cette situation est inacceptable, comme est inacceptable la démission des gouvernements occidentaux face à cette violation des droits les plus élémentaires d’un peuple. Au-delà du constat, il est urgent de tout mettre en ?uvre pour faire cesser cette violence et toutes les hypocrisies qui l’accompagnent.

* Roland Lombard, secrétaire du CICUP


Rapport sur les problèmes rencontrés par les universitaires dans la bande de Gaza

Hala J. El-Khozondar, Université Islamique de Gaza
hkhozondar@iugaza.edu

La vie universitaire à Gaza a été sévèrement affectée par le blocus de la bande imposé par Israël et soutenu par les Etats-Unis et l’Union Européenne. Ce blocus est devenu plus rigoureux depuis que le Hamas a remporté les élections au parlement législatif palestinien en janvier 2006. Approvisionnement en carburants, électricité, importations et exportations, circulation des personnes à l’entrée et à la sortie de la bande de Gaza ont été lentement entravés, conduisant à de graves menaces sur l’hygiène, la santé, l’approvisionnement en eau et des problèmes de déplacement.

Plus récemment, la vie universitaire dans la bande de Gaza a été paralysée par les forces armées israéliennes pendant la dernière attaque démarrée en décembre 2008. Au cours de cette agression, les forces aériennes israéliennes ont détruit plusieurs bâtiments appartenant aux universités de la bande de Gaza, à l’instar des deux bâtiments de l’université islamique de Gaza, atteints par le bombardement du 29 décembre 2008.

Après cette agression, la plupart des institutions universitaires ont tenté de palier les destructions et les morts. En premier lieu, les universités ont essayé de remettre sur pied la vie éducative des étudiants et du personnel enseignant en poursuivant l’enseignement. Bien qu’enseigner dans un environnement de gravats instables ne soit pas facile, les professeurs ont insisté pour poursuivre leur enseignement. Ce rapport tente de décrire les problèmes que toutes les institutions universitaires de Gaza doivent affronter à cause du blocus imposé par Israël.

Avant de commencer, il est important de noter que dans la bande de Gaza il y a plusieurs universités et collèges dans lesquels travaillent principalement des universitaires de la bande de Gaza. Ces institutions desservent plus de 60 000 étudiants. La plupart d’entre eux sont des Gazaouis Ces établissements incluent l’université islamique de Gaza, l’université Al-Azhar, l’université AlAqsa, l’université de Palestine, le collège technique de Deir El-Balah, l’école des sciences des métiers et des sciences appliquées, le collège universitaire intermédiaire, le collège de Daawa et le collège de la communauté universitaire Al-Azhar. Ces institutions subissent le blocus imposé à la bande de Gaza.

Nous allons maintenant examiner les principales conséquences du blocus sur la vie académique de ces institutions.

1. L’interdiction de voyager empêche :

- le personnel administratif de se déplacer pour participer aux rencontres de suivi des dossiers et aux ateliers
- les universitaires de participer aux conférences ;
- les scientifiques et les hôtes provenant de l’extérieur de la bande de Gaza de se rendre des les universités de Gaza ;
- les universitaires de Gaza d’améliorer leur position dans les universités internationales ;
- les universitaires qui terminent leurs études à l’étranger de revenir à Gaza.

2. Problèmes d’équipements scientifiques et problèmes matériels

Les institutions chargées d’enseignement à Gaza rencontrent des problèmes de fourniture de leurs laboratoires en matériels et équipements adéquats. Ils manquent également de composants « hardware » pour les calculateurs, de possibilités d’acheter des dispositifs récents ou de possibilités de réparation des moyens existants

3. Problèmes dûs aux coupures de courant

Au titre du blocus imposé à Gaza, Israël empêche la fourniture de carburant nécessaire à la principale usine d’électricité de la bande de Gaza. Ceci entrave le fonctionnement des instituts d’enseignement de plusieurs façons :

- arrêt d’un grand nombre d’instruments scientifiques ;
- Annulation de cours et de travaux de laboratoire utilisant des outils de démonstration pilotés par ordinateur, des appareils de mesure et autres dispositifs semblables ;
- Empêchant les étudiants de poursuivre leurs études dans un environnement propice et calme ;
- Entravant le fonctionnement des services administratifs ;

4. Problèmes liés à l’achèvement des constructions de bâtiments d’enseignement, la rénovation de bâtiments et la reconstructions de bâtiments détruits

Beaucoup de projets de construction ont été stoppés, ce qui diffère le fonctionnement d’universités récemment ouvertes et engendre de multiples difficultés pour les universités existantes en termes de constructions nouvelles. De plus, le problème se pose de la reconstruction des bâtiments détruits or, les forces israéliennes interdisent l’entrée des matériaux de construction dans Gaza.

5. Problèmes liés à l’état général de pauvreté causé par le blocus

La situation économique difficile touche les cursus de l’enseignement supérieur à Gaza de plusieurs façons :

- Manque d’argent dans les universités pour assurer les moyens nécessaires de base du processus éducatif ;
- Incapacité pour les étudiants de payer leurs droits ;
- Accroissement du taux d’étudiants se retirant de leur université ;
- Apparition de problèmes psychologiques chez les étudiants qui n’arrivent pas à satisfaire les demandes de l’université, i.e., transports, livres, fournitures scolaires, ordinateurs et autres ;
- Incapacité des universités à payer les salaires de leurs employés à temps ;
- Incapacité des universités à souscrire aux bases de données des publications scientifiques, nécessaires pour les chercheurs et les étudiants avancés ;
- Incapacité des universités à apporter un appui financier aux travaux de recherche.

Vous avez là quelques uns des problèmes auxquels est confronté l’enseignement supérieur à Gaza. Il est nécessaire d’en prendre conscience partout dans le monde pour mettre un terme à une telle épreuve.

Les problèmes évoqués touchent la vie des universitaires de la bande de Gaza et les place dans des circonstances pénibles pour assumer leurs missions scientifiques incluant l’enseignement et la recherche.

Décembre 2009


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