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Toujours d’attaque

samedi 10 février 2007 - 05h:51

Bitterlemons

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Une interview de Taher al-Nuno, conseiller en communication du Ministre palestinien des Affaires étrangères Mahmoud Zahar.




Bitterlemons : Cela fait maintenant un an, depuis sa victoire aux élections, que le Hamas est au pouvoir. Les Palestiniens sont aujourd’hui plus pauvres que jamais et une guerre civile agite Gaza. A qui la faute, selon vous ?

Nuno : Dans les accords qu’il a signés avec l’OLP, Israël a tenté de lier l’économie palestinienne à la sienne, afin de maintenir les Palestiniens sous contrôle israélien. Après le début de l’Intifada al-Aqsa en 2000, Israël a imposé un état de siège et détruit l’économie palestinienne en même temps que les infrastructures. Lorsque le gouvernement actuel a accédé au pouvoir, Israël a tout simplement resserré cet état de siège. Ce gouvernement ne porte pas la responsabilité de ce siège. La faute en retombe clairement sur les épaules d’Israël et de la communauté internationale qui soutient Israël et son occupation aux dépens du peuple palestinien occupé.

En ce qui concerne la guerre civile, elle fait partie de ce que [la Secrétaire d’Etat américaine] Condoleezza Rice a un jour appelé le « chaos constructif » visant à évincer le Hamas après sa victoire aux élections, l’an dernier. Elle est, de la part de ceux qui veulent renverser le gouvernement, un complément à l’intervention israélienne.

Bitterlemons : La communauté internationale, conduite pas les USA, a boycotté le gouvernement jusqu’à ce que celui-ci accepte ses trois conditions. Qu’y a-t-il d’inacceptable dans ces conditions ?

Nuno : Elles sont tout simplement injustes. Reconnaître Israël ? Quel Israël ? Y a-t-il des frontières déterminées à cet Israël-là ? Qu’en est-il de Jérusalem, de la Cisjordanie et des hauteurs du Golan ? Israël reconnaît-il les droits des Palestiniens ? Il faut des réponses à ces questions.

Au sujet des accords antérieurs signés avec Israël : étant donné que le camp israélien a refusé d’y adhérer, pourquoi le devrions-nous ? Israël a résilié ces accords en réoccupant la Cisjordanie, en assiégeant Gaza, en tuant, en arrêtant, à un rythme quotidien, notre peuple. Pourquoi devrions-nous nous tenir pour engagés à l’égard d’accords que personne ne respecte et que la communauté internationale ne fait pas respecter ?

Enfin, le gouvernement a condamné la violence mais en faisant une distinction entre violence et légitime résistance. Résister à une occupation étrangère est le droit de tout peuple occupé.

Bitterlemons : Y a-t-il un compromis possible ? Croyez-vous qu’un gouvernement d’union nationale, par exemple, est acceptable pour la communauté internationale ?

Nuno : Les Palestiniens doivent être unis pour faire face à l’état de siège et le faire échouer. Les deux camps peuvent arriver à un compromis et construire un front intérieur pour mettre en échec l’occupation israélienne et les desseins d’Israël visant à abroger les droits des Palestiniens.

Bitterlemons : De quelle autre manière le Hamas et le gouvernement croient-ils pouvoir tourner le boycott international ?

Nuno : Ce n’est pas toute la communauté internationale qui boycotte le Hamas. Nous avons de bonnes relations avec des Etats islamiques, arabes aussi bien que non arabes et non islamiques. Ce sont des pays qui nous ont reçus et avec lesquels nous maintenons un contact permanent.

Nous maintenons également un contact avec des pays européens dont nous avons compris qu’ils souhaitaient eux aussi voir la fin de l’isolement imposé au gouvernement et à notre peuple.

C’est grâce à ces amis que nous avons soutenu le siège américano-israélien et maintenu le combat pour les droits de notre peuple.

Mais nous avons besoin de l’aide de chacun. Le monde entier devrait comprendre que la clé de la sécurité et de la stabilité dans la région tient dans le respect des résultats de nos élections et des droits du peuple palestinien.

Bitterlemons : Au cas où la communauté internationale refuserait toute solution de compromis ou refuserait de traiter avec un gouvernement d’union, quelles seraient les options du gouvernement ?

Nuno : Nous n’attendons rien de la communauté internationale. Mais nous restons confiant que la cause morale prévaudra sur celle qui ne l’est pas.

Bitterlemons : Quel degré de contact y a-t-il entre le gouvernement et les membres du Quartet ?

Nuno : Nous avons récemment adressé une lettre au Quartet pour lui demander de s’engager dans un dialogue sérieux afin de parvenir à la sécurité et la stabilité dans la région. Nous espérons que ce message trouvera des oreilles réceptives.


Bitterlemons, le 5 février 2007 - Still going strong
Traduit de l’anglais par Michel Ghys

Lire aussi, par Paul Delmotte (Le Monde diplomatique) : Le Hamas et la reconnaissance d’Israël


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