16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Balles dans le cerveau, shrapnel dans la colonne vertébrale : terribles blessures chez les enfants de Gaza

lundi 26 octobre 2009 - 05h:43

T. Amoore au Caire & Y. Knell

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Janvier 2009 - Les médecins d’un hôpital près de Gaza sont pratiquement débordés par le nombre d’enfants palestiniens qu’ils doivent traiter pour des blessures par balles à la tête.

PDF - 6.5 Mo

Téléchargez le rapport de la commission d’enquête des Nations Unies sous la responsabilité du juge Richard Goldstone (6,4 Mo)
&nbsp
&nbsp
&nbsp

JPEG - 21.4 ko
Garçon palestinien blessé et transféré dans un hôpital égyptien

Publié le 17 janvier 2009, au plus fort de l’attaque israélienne sur la bande de Gaza

La semaine dernière, le personnel de l’hôpital d’EL-Arish dans le Sinaï a dû faire, en un jour, des cat scans sophistiqués du cerveau sur un enfant de neuf ans, deux de 10 ans et un de 14 ans - chacun avait une balle logée dans le cerveau, après avoir été atteint par des coups de feu pendant l’assaut israélien terrestre contre Gaza.

Le dr Ahmed Yahia, chef de l’équipe de traumatologie, a appris à la grand-mère de Anas, âgée de neuf ans, que la petite fille n’allait sans doute pas survivre.
« Anas est arrivée dans un coma profond et est toujours dans le même état, » a dit le dr Yahia. « La balle a endommagé une grande partie de son cerveau. Elle est entrée, a touché la paroi du crâne et puis a dévié vers le bas. J’ai vu beaucoup de blessures par balles et les dégâts ici sont si étendus qu’ils sont probablement mortels".

Le dr Yahia, professeur de neurochirurgie, qui a travaillé aux USA et en Grande-Bretagne, croit que la balle a été tirée à bout portant. « Si elle change de direction à l’intérieur du cerveau c’est qu’elle se déplace à grande vitesse et sa force de pénétration est également élevée, » dit-il.

« Je ne peux pas conclure précisément que ces enfants sont pris pour cible, mais dans certains cas, comme la balle entre par l’avant de la tête et la transperce jusqu’à l’arrière, je pense que l’arme a été braquée sur l’enfant. »

Alors qu’Israël se préparait à un éventuel cessez-le-feu hier, ses officiels continuaient à nier que ses soldats eussent délibérément visé des civils, accusant les combattants du Hamas d’avoir pris refuge dans les maisons de Gazaouis ordinaires et d’utiliser ceux-ci comme boucliers humains.

Mais personne ne conteste l’intensité des souffrances de Gaza, ni leurs graves effets sur les jeunes. Les Nations unies ont compté 346 enfants palestiniens tués depuis le début de l’assaut israélien, alors que le Hamas, mouvement islamique radical qu’Israël a essayé de déloger, indique qu’il y a 410 enfants parmi les 1.201 morts palestiniens.

Un nombre encore plus élevé d’enfants ont été blessés - 1.630, selon le Hamas - et un nombre inquiétant d’entre eux ont subi de graves blessures à la tête.

Des centaines de victimes de la campagne de trois semaines menée par Israël à Gaza ont été transportées au-delà de la frontière égyptienne à Rafah pour recevoir des soins d’urgence. Elles sont d’abord examinées à EL-Arish, à environ 60 kilomètres de la frontière. Pour les patients qui sont souvent branchés sur des respirateurs, c’est un voyage dangereux à travers une zone en guerre.

Un des chefs d’une équipe médicale à l’hôpital, le dr Ayman Abd Al-Hadi, a indiqué que c’était le pire conflit qu’il avait connu. « Nous avons eu un enfant avec deux balles dans la tête et nulle part ailleurs, » dit-il. « Nous pensons que cela prouve quelque chose. »

Il a félicité les équipes médicales de Gaza d’être arrivées à sauver tant de de vies en dépit de la pénurie de personnel, de fournitures et de matériel. « Seul un petit pourcentage des enfants peuvent survivre à des blessures par balle à la tête » dit-il. « Pour trois enfants survivants que nous voyons ici avec des blessures par balle à la tête, il y en a probablement 97 à Gaza qui sont décédés. »

Les médecins de l’hôpital, petit et pourtant bien équipé, n’essayent pas d’extraire les balles, mais effectuent une évaluation complète et essayent de stabiliser leurs patients - dont la plupart ont perdu connaissance - avant de les envoyer aux hôpitaux du Caire, et dans certains cas à l’étranger, pour recevoir un traitement plus poussé.

Parmi ceux qui survivent, peu sont susceptibles de récupérer entièrement. La plupart des enfants ayant subi de telles blessures resteront probablement paralysés à vie.

D’autres enfants ont des blessures différentes, mais horribles - comme Samer, moins de trois ans, en train de jouer avec le gant gonflé d’un chirurgien ; son médecin égyptien essaie de la distraire de la douleur qu’il va lui infliger en lui insérant un cathéter d’analgésique dans la main.

Après qu’elle eut reçu une balle dans le dos devant sa maison à Gaza, cette petite fille absolument ravissante n’a été secourue par l’équipe médicale que trois heures plus tard vu le temps qu’il a fallu à celle-ci pour la rejoindre .

Son oncle, Hassan Abedrabo, a dit que Samer avait été touchée par une balle israélienne qui a endommagé sa moelle épinière et l’a laissée paralysée. En même temps, ses deux soeurs, âgées de deux et de six ans, ont été tuées par balles tirées à bout portant alors qu’elles essayaient de s’échapper pendant le bombardement de leur maison à Jabaliya, au nord de ville de Gaza.

La mère des petites filles a été touchée deux fois, mais elle a survécu ; M. Abedrabo a dit que leur grand-mère, agitant un drapeau blanc à l’avant du cortège de la famille terrifiée, a perdu un bras touché par une autre balle.

Samer a été maintenant transférée dans un hôpital belge, mais les médecins égyptiens qui l’ont soignée à EL-Arish croient qu’elle ne marchera plus jamais. Elle est peut-être trop jeune pour comprendre ce que son avenir lui réserve mais, Samer pense savoir ce qui lui est arrivé. « Les juifs ont tiré sur moi, » dit-elle en arabe. « Et ils ont tué ma petite soeur. »

L’oncle de Samer, M. Abedrabo, a juré qu’il n’y avait aucun combattant du Hamas dans la maison pendant les tirs des chars israéliens la semaine dernière. Il est partisan du Fatah, rival politique acharné du Hamas, dirigé par le Président palestinien Mahmoud Abbas.
« Les chars ont ouvert le feu sur le quatrième étage, » a dit M. Abedrabo, alors qu’il veillait sa nièce à l’hôpital. "Environ 30 personnes s’abritaient au rez-de-chaussée pendant que les chars commençaient à tirer sur le troisième étage, puis le deuxième ; puis le rez-de-chaussée".

« La maison s’est mise à trembler et nous étions terrifiés, » dit-il. « Les femmes et les enfants hurlaient car ils pensaient que la maison allait s’effondrer.
« Je parle hébreu et j’ai crié vers les Israéliens. L’officier a dit, « sortez » et les femmes sont donc sorties les premières, en agitant un drapeau blanc. Ils ont ouvert le feu à 15 mètres à peine. Comment ne pouvaient-ils pas savoir qu’il y avait des enfants ? Ils pouvaient les distinguer ».

Trois heures plus tard, quand un cousin est arrivé avec des médecins palestiniens, huit personnes restaient dans la maison. À ce moment-là, dit M. Abedrabo, les missiles tirés par les F-16 israéliens ont détruit ce qui restait du bâtiment, tuant ceux qui étaient restés à l’intérieur.

Les psychiatres de l’hôpital, qui voient chaque patient, s’inquiètent spécialement d’un garçon de 13 ans qui est resté bloqué, terriblement atteint par du shrapnel, pendant trois jours sous les décombres de sa maison. Les corps d’autres membres de la famille jonchaient le sol autour de lui, et il a vu des chiens commencer à dévorer leurs cadavres.

Alors que la pression internationale s’accentuait sur les deux parties pour qu’elles arrivent à un cessez-le-feu la semaine dernière, l’opinion publique israélienne ne manifestait guère d’opposition à la campagne.

L’association israélienne de défense des droits civiques a pris une initiative controversée en publiant sur une page entière du quotidien Haaretz, dans la rubrique nécrologique, une protestation sur le sort des enfants palestiniens. Elle déplorait les décès des enfants de tous les âges et avait écrit « Stop » en lettres rouges.

« Le public n’est guère enclin à s’intéresser au prix payé par la population civile à Gaza, » dit Nirit Moskovitz, porte-parole du groupe. « Il faut rappeler à la société israélienne qu’il y a de vraies personnes et des enfants innocents qui sont atteints. Tout le monde a un faible pour les enfants et c’est pourquoi nous nous sommes concentrés sur eux".

Les médecins d’EL-Arish ne peuvent pas vérifier indépendamment les récits faits par les victimes gazaouies. Mais rien de ce qu’ils ont vu ne contredit les récits des civils qui disent avoir été délibérément ciblés.

17 janvier 2009 - The Telegraph - Cet article peut être consulté ici :
http://www.telegraph.co.uk/news/wor...
Traduction : Anne-Marie Goossens


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.