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Les menaces israéliennes ne parviennent pas à secouer la léthargie de la classe politique

samedi 10 octobre 2009 - 08h:56

Lélia Mezher - L’Orient-le-Jour

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S’il est une constante, un point d’accord, entre les différentes parties politiques rivales, c’est bien de reconnaître la nécessité de marquer une pause, le temps que se décantent les résultats du sommet de Damas.

Soudain, tous les vagues appels à la libanisation de la crise gouvernementale se sont tus et les responsables locaux attendent tous, presque en rongeant leur frein, sans pudeur aucune, les échos de Damas et Riyad. Pourtant, Walid Moallem a clairement fait savoir hier que même si « l’objectif aussi bien de la Syrie que de l’Arabie saoudite est la stabilité du Liban, et nous estimons qu’un gouvernement d’union nationale en est la clé », il n’en reste pas moins que «  la balle est désormais dans le camp des Libanais. Il leur revient de former leur gouvernement et nous appuyons tout consensus qu’ils trouveront ». Ce qui est pour le moment sûr, c’est que Hussein Khalil du Hezbollah et Ali Hassan Khalil du mouvement Amal se rendent tous les deux ce week-end à Damas pour prendre part à la conférence de soutien au Golan, et que cette visite en Syrie leur permettra de prendre le pouls du régime syrien en ce qui concerne le dossier gouvernemental local. Le consensus devra donc attendre le début de la semaine prochaine, semble-t-il.

L’attente s’est donc installée à Beyrouth, même si certains se sont élevés contre cet immobilisme très inapproprié, à l’instar de Boutros Harb. Ce dernier a en effet prévenu : « Les Libanais ont pour obligation de faciliter les choses et d’assumer leurs responsabilités en favorisant la naissance du cabinet, sinon et en dépit du climat positif, toutes les initiatives échoueront et le gouvernement ne sera pas formé. » De source proche de la scène damascène, on indique qu’il y aura une éventuelle pause de deux semaines durant lesquelles un gouvernement « inoffensif », autrement dit de pure façade et très peu solide, verrait le jour. Une source autorisée penche davantage pour cette troisième hypothèse et souligne que le but consiste actuellement à ajourner la crise, car il n’est pas conjoncturellement possible de la résoudre au vu du mécontentement iranien. Mécontentement qui a d’ailleurs dans les faits été exprimé hier par Téhéran, qui a estimé que l’Arabie saoudite est en train de nuire à l’unité du monde arabe. C’est ce même mécontentement qui, selon une source informée, a pu se concrétiser sous la forme de graves incidents ces derniers jours à Tripoli.

Or, idéalement, le Liban devrait sans trop de difficultés, à l’aune de la conjoncture actuelle, parvenir à surfer entre les dissensions arabes et régionales pour mettre sur pied un gouvernement fort. D’ailleurs, et selon une source militaire citée par notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane, on s’étonne que les responsables politiques se murent dans leur immobilisme en semant à tour de rôle des obstacles sur le chemin de la formation d’un nouveau cabinet à l’heure où les menaces israéliennes se font de plus en plus précises.

La source militaire précitée indique avoir reçu un lot non négligeable d’informations concernant les entraînements et man ?uvres militaires de l’armée israélienne. Elle affirme que la mobilisation permanente au sein de la troupe de l’État hébreu est aujourd’hui de mise à la frontière avec le Liban et que les soldats sont « prêts, surtout en ce qui concerne les roquettes qu’ils détiennent et l’entraînement qu’ils ont reçu à ce niveau ». La source poursuit en indiquant que les leçons de juillet 2006 ont été tirées et que les soldats israéliens ont désormais affiné leurs techniques de combat en les adaptant à celles du Hezbollah. Ainsi, certains soldats ont purement et simplement été formés pour allumer des feux et détruire des villages entiers ainsi que les infrastructures y afférentes dans le cas où l’un d’entre eux se trouverait dans une situation critique. Le but étant pour eux d’éviter par tous les moyens de se faire kidnapper par le Hezbollah. L’entraînement comprend également la possibilité de rentrer en profondeur en territoire libanais et de ne pas limiter les combats aux régions frontalières.

C’est dans ce contexte qu’il convient de placer l’appel téléphonique effectué par le président syrien Bachar el-Assad à son homologue Michel Sleiman. De source informée, M. Assad a indiqué au chef de l’État « la grande place qu’a occupée le dossier libanais au cours du sommet de Damas, ainsi que la nécessité pour les parties libanaises de s’atteler à la mise en place d’un gouvernement de manière assez rapide afin de pouvoir faire face aux nombreux défis, plus précisément la menace israélienne qui pèse une fois de plus sur le Liban ». Ces informations sont confirmées par d’autres en provenance du palais Bustros glanées par Khalil Fleyhane, selon lesquelles « une grande puissance s’inquiète actuellement d’une éventuelle attaque israélienne contre le Liban dans le but de camoufler l’échec des négociations de paix amorcées par l’administration de Barack Obama  ».

Prévoyant l’échec de la mission de George Mitchell au Moyen-Orient, la source diplomatique affirmait que le processus de paix ne sera plus la priorité numéro un de l’administration US et sera bientôt relégué à la liste « normale » des priorités US. La source insistait donc hier sur la nécessité de mettre un terme à la crise ministérielle « le plus rapidement possible afin d’être en mesure de faire face à ce qui se prépare côté israélien ». Même si, souligne-t-elle, « l’armée libanaise est déployée le long de la frontière et que le Hezbollah se tient prêt à toute éventuelle escalade militaire, la question reste de savoir quelles mesures vont être prises en cas de confrontation qui s’étendrait sur l’ensemble du territoire libanais, surtout que les responsables militaires et politiques israéliens n’ont pas caché le fait qu’en cas d’offensive, celle-ci concernerait tout le Liban ». La source précitée justifie ses propos par la mobilisation sans précédent de l’armée israélienne à la frontière avec le Liban. « Les instructions données aux soldats sont claires : en cas de confrontation avec le Hezbollah, il conviendra d’opter pour des méthodes de combat non traditionnelles. »

10 octobre 2009 - L’Orient-le-Jour


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