16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

UNESCO : Les aspects occultés de la campagne juive

jeudi 8 octobre 2009 - 05h:00

Mohamed Salmawy
Al Ahram/hebdo

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Nous avons suivi dans l’article de la semaine dernière certains aspects positifs qui ont résulté de la bataille de l’Unesco au profit du candidat arabe, l’artiste et ministre de la Culture Farouk Hosni. J’essayerai ici de présenter les pages noires de certaines forces qui ont manifesté leur animosité à l’égard du candidat arabe dès le départ.

Ces forces ont entamé immédiatement de manière explicite ou implicite une campagne féroce pour empêcher son accession à la tête de l’Unesco pour des raisons que nous allons évoquer.

Nous citerons en priorité Israël, la fer de lance de l’attaque menée contre Hosni, lorsqu’il l’a accusé de faire obstacle à la normalisation culturelle entre l’Egypte et Israël. En effet, Israël a prétendu que Farouk Hosni représentait l’obstacle majeur face aux tentatives déployées par Israël à ce niveau depuis qu’il est responsable du portefeuille de la Culture, il y a 22 ans.

Israël se mit à rechercher dans le dossier du ministre égyptien les déclarations et les positions qu’il pourrait utiliser contre lui. Dès que le ministre a parlé de brûler les livres à un instant de colère, ses déclarations ont été immédiatement prises pour affirmer que la politique du ministre égyptien se fonde sur le fait d’allumer les incendies. L’ambassadeur israélien au Caire, Shalom Cohen, savait parfaitement selon sa connaissance de l’arabe que le mot brûler dans ce contexte n’est que métaphorique et qu’il ne visait pas le sens dans sa littéralité. Cependant, il n’a pas assumé son rôle d’ambassadeur visant à améliorer les relations entre les deux Etats au lieu de leur porter préjudice en attisant davantage les divergences et donnant à Israël une arme pour mener une lutte contre l’Egypte sur la scène mondiale.

Il est amusant de rappeler que le président Sadate, qu’Israël pleure encore et considère comme son homme de paix ayant conclu le premier accord avec l’Etat hébreu, a prononcé le premier le mot brûler dans un entretien à la revue October. Sadate parlait du Sinaï et du refus d’Israël de se retirer en avançant les projets qu’il avait installés là-bas. Lorsqu’il fut question de la ville de Yamit, créée au c ?ur du Sinaï, le président Sadate avait dit littéralement : qu’ils la brûlent. Certaines voix qui refusaient le retrait se sont alors élevées en Israël contre cette déclaration. Mais Anis Mansour, rédacteur en chef d’October à l’époque, a publié immédiatement un article dans lequel il a avancé que c’était une erreur d’imprimerie et que le président ne voulait pas dire brûler mais l’équivalent en arabe du mot cultiver.

Comme pour Sadate, Farouk Hosni est revenu sur ses dires et a déclaré qu’il ne visait pas le mot brûler dans son sens littéral. Il s’est excusé d’avoir prononcé un tel mot à un moment de colère. Mais alors que le mot prononcé par Sadate est tombé dans l’oubli, ce même mot a valu à Hosni une campagne sans merci menée contre lui.

Il est apparu alors que la campagne juive n’était pas déclenchée pour un mot prononcé par le candidat égyptien et qu’on n’a cessé de répéter tout au long des tours de vote, mais pour d’autres raisons. La chaîne de télévision France 24 a rediffusé le jour du dernier tour un ancien entretien du journaliste juif Bernard-Henri Lévy dans lequel il disait que Farouk Hosni avait promis à l’Assemblée du peuple égyptienne de brûler les livres en hébreu de ses propres mains. Comment le laisser alors décider du sort de l’Unesco ?

Ce même écrivain avait signé avec deux autres juifs de renom, Elie Wiesel et le cinéaste Claude Lanzmann, un article dans Le Monde auquel le journal a consacré un grand espace et où il y était question dans la une du journal.

L’Egypte a de son côté utilisé son poids, et le président Moubarak a réussi à convaincre le premier ministre Benyamin Netanyahu de stopper la campagne contre le candidat égyptien. Mais Israël a tergiversé comme d’habitude. Au moment où la campagne israélienne officielle s’est arrêtée, d’autres voix sionistes se sont élevées à partir de Washington, d’Allemagne, d’Italie, du Danemark de même que de France, pays siège de l’Unesco, répétant les mêmes accusations et les mêmes déclarations. Il a été découvert qu’un même communiqué avait été envoyé à tous ces éléments sionistes, les amenant à jouer tous le même air dissonant venu des quatre coins du monde et attaquant le candidat égyptien.

Quelques jours avant le début du premier tour, j’ai su de sources journalistiques sûres qu’une pétition avait été rédigée contre l’élection de Farouk Hosni. D’ailleurs, j’en ai moi-même une copie. Elle a été signée par Bernard Lévy et Claude Lanzmann. J’ai su que ses signataires recherchaient un nom à l’intérieur de l’Egypte pour faire partie des signataires afin de lui conférer une certaine crédibilité et pour qu’elle ne soit pas uniquement l’expression des opinions juives. Dans ce contexte, le nom du grand écrivain Alaa Al-Aswani a été cité, mais ils n’ont pas pu lui parvenir. Si cela était un signe de refus de sa part, je voudrais le féliciter pour cette position. Ils n’ont pas pu également parvenir au troisième juif, Elie Wiesel, signataire de leur premier communiqué.

Le Figaro a publié que l’accord conclu entre le président Moubarak et Netanyahu confirmait qu’Israël stopperait sa campagne contre le candidat égyptien et que ce dernier en contrepartie permettrait qu’Israël adhère au conseil exécutif de l’Unesco en cas de réussite.

Il s’agit d’un ancien rêve qui a longtemps caressé les esprits d’Israël mais en vain. Toutefois, si ces informations s’étaient avérées justes, Israël aurait tout fait pour défendre Farouk Hosni et aurait tu les voix juives lancées de par le monde.

Ceci nous conduit vers à une question à laquelle personne n’a répondu : Quelle est la raison de cette attaque féroce à l’Unesco, la première de son histoire ? La raison n’est pas uniquement l’animosité israélienne traditionnelle envers les Arabes. Mais pour ce qui est de l’Unesco, il y a une autre raison, celle du dossier de Jérusalem qui est devenu lettre morte après sa négligence par l’actuel directeur de l’Unesco, Koïchiro Matsuura. Les opérations actuelles d’effacement des monuments islamiques et les tentatives de judaïsation ne représentent-elles pas une violation évidente des principes de l’Unesco et de ses chartes ? D’autant plus que la sauvegarde du patrimoine est l’une des responsabilités de l’Unesco qui possède des preuves évidentes condamnant Israël. Cependant, son actuel directeur japonais, Matsuura, qui a pu rallier les Etats-Unis et Israël au rang de l’organisation, ne lui avait pas accordé l’intérêt requis. L’accession d’un directeur général arabe à la tête de l’Unesco susciterait l’inquiétude d’Israël. Une inquiétude qu’il devait à tout prix éviter afin de poursuivre les opérations de judaïsation qui vont bon train.

Telle est la raison réelle de l’animosité manifestée par Israël et ses alliés contre le candidat égyptien. Le motif réel n’étant pas leur crainte à cause des livres juifs brûlés. D’ailleurs, Israël serait prêt à manifester de l’animosité envers n’importe quel candidat arabe même s’il n’avait pas une position face à la normalisation.

L’image restera incomplète si nous ne parlons pas des voix juives respectables en France comme ailleurs qui n’ont pas pris part aux appels sionistes susmentionnés. Comme les membres de l’association d’Al-Nabi Daniel réunissant les juifs d’Alexandrie et qui se sont érigés contre les accusations.

Parmi eux, les grandes personnalités juives françaises Serge Klarsfeld, président d’une association juive défendant les droits des déportés juifs durant l’ère nazie, qui a promulgué un communiqué exprimant leur respect à la position honorable que représente Farouk Hosni.


Du même auteur :

- Le Christ et l’occupation
- Le livre le plus dangereux sur le Liban paraît en France
- Croissant-Rouge égyptien : Un rôle inoubliable dans la crise de Gaza
- La guerre médiatique d’Israël
- La Cour pénale internationale et la justice sélective

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 7 au 13 octobre 2009, numéro 787 (Opinion)


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.