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Menace nucléaire sur le Golan

mardi 22 septembre 2009 - 05h:59

Bassel Oudat
Al-Ahram/Weekly

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La Syrie a accusé Israël d’enfouir des déchets nucléaires sur le plateau du Golan occupé, probablement dans des tunnels creusés sur le mont Hermon.

Dans un rapport annuel, La souffrance des citoyens syriens dans le Golan, soumis à la Commission d’enquête des Nations unies sur les violations des droits humains dans les Territoires palestiniens, le ministre des Affaires étrangères syrien a accusé Israël de « crime pour l’enfouissement de déchets nucléaires, radioactifs et toxiques dans le Golan, exposant la population à de graves maladies. » Le rapport note aussi que « les conditions de vie des habitants syriens du Golan occupé se détériorent de jour en jour. »

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Le centre nucléaire israélien à Dimona, dans le Néguev.

Ces accusations ne sont pas nouvelles puisqu’en août 2003, la Syrie affirmait déjà que des unités spéciales de l’armée israélienne creusaient des tunnels à Jabal Al-Sheikh, à savoir le mont Hermon, à l’intérieur des territoires syriens occupés, ajoutant que ces tunnels étaient destinés à être des décharges pour déchets nucléaires. Depuis lors, la Syrie a affirmé à plusieurs reprises que des tunnels secrets au mont Hermon servaient à se débarrasser de matériels radioactifs venant du réacteur de Dimona en Israël.

De tels déversements de la part d’Israël, disent les autorités syriennes, dépassent n’importe quelle menace nucléaire militaire et mettent en danger l’environnement de toute la région.

En décembre 2003, des témoins syriens déclaraient que les Israéliens étaient en train de creuser des tunnels de 7 mètres de diamètre à environ 100 mètres de profondeur à proximité du mont Hermon, ajoutant que des ascenseurs et des escaliers électriques étaient également installés.

Selon la presse syrienne, à l’époque, des personnels de l’armée israélienne, certains en uniformes d’autres en civil, venaient régulièrement inspecter les tunnels et des camions transportant des cuves scellées en ciment déversaient des déchets dans les tunnels.

Même si la véracité de ces articles a été remise en question, les autorités syriennes ont depuis apporté des précisions nouvelles sur les déversements présumés de déchets nucléaires par Israël.

Selon des sources syriennes, Israël a creusé un tunnel à flanc de montagne pour y cacher des dizaines d’ogives nucléaires et pour piéger le Golan avec des bombes, des mines tactiques nucléaires et des dispositifs radioactifs explosifs. Ces mêmes sources indiquent qu’une unité de l’armée israélienne supervise les opérations.

Selon des officiels syriens, Israël enterre des déchets nucléaires sur le mont Hermon dans le but d’empêcher la Syrie de reprendre le Golan, occupé par Israël depuis la guerre de 1967.

Début 2004, un officiel syrien aux Nations unies a accusé Israël d’enfouir des déchets nucléaires sur le Golan occupé, et le gouvernement syrien en a averti les citoyens syriens et palestiniens, leur disant qu’Israël stockait du matériel radioactif dans des secteurs attenant à la frontière syro-palestinienne.

La Syrie a demandé également une surveillance internationale des installations israéliennes. Cette décision était motivée par l’aveu même d’Israël que des fissures avaient été constatées sur son réacteur de Dimona, ce qui avait amené le gouvernement israélien à l’époque à distribuer des pilules d’iode aux citoyens israéliens habitant près du réacteur.

Un membre arabe de la Knesset, Issam Makhoul, a dénoncé l’élimination présumée des déchets nucléaires israéliens au Golan comme étant un «  crime contre l’humanité », affirmant qu’Israël mettait en péril la vie humaine, animale et végétale de la région.

Pour sa part, Israël minimise les rapports, disant qu’il ne fait que creuser des fossés antichars au Golan.

Israël occupe le Golan syrien depuis 1967 et il en a expulsé près de 130 000 habitants. Quelque 112 fermes et 130 villages syriens ont été détruits par l’occupant israélien et Israël a, depuis, installé 20 000 colons sur le Golan. L’armée israélienne a aussi créé 600 postes dans la région, d’après des sources syriennes.

En décembre 1981, la Knesset israélienne a voté une loi annexant le Golan et donnant à ses habitants la possibilité d’obtenir la nationalité israélienne. Cependant, les Syriens qui habitaient le Golan ont refusé de devenir des citoyens israéliens.

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Israël met en péril la vie humaine, animale et végétale de la région.

De l’avis des Israéliens, le Golan est trop important pour leur sécurité pour le rendre aux Syriens. La Syrie a déclaré quant à elle qu’elle ne pouvait signer un accord de paix avec Israël tant que la question du Golan ne serait pas réglée.

Outre son programme nucléaire civil, Israël est considéré comme la sixième puissance nucléaire du monde, son programme nucléaire militaire secret ayant été lancé avec l’aide des Français en 1958 et il bénéfice depuis d’une coopération très importante des Etats-Unis et de l’Afrique du Sud.

Selon des estimations internationales, Israël a accumulé plus de 200 ogives nucléaires au cours des 30 dernières années, qui vont des ogives de petite puissance, conçues pour attaquer des cibles limitées, à des ogives plus importantes capables de détruire des grandes villes.

Israël est censé posséder suffisamment d’uranium et de plutonium pour fabriquer au moins 100 ogives nucléaires supplémentaires. Son système de missile Jéricho [fabriqué avec Dassault - Wikipédia - ndt] peut atteindre des cibles distantes de plus de 1 500 kilomètres.

Israël est le seul pays de la région à posséder l’arme nucléaire et il a toujours refusé de signer le Traité de non prolifération nucléaire ou de permettre à des observateurs internationaux d’examiner ses installations.

Le récent rapport de la Syrie sur les allégations de déversements israéliens de déchets nucléaires dans le Golan occupé est la dernière de toute une série de requêtes auprès des agences internationales leur demandant assistance pour enquêter sur les tunnels qu’Israël a construits dans la région.

Le gouvernement syrien a également appelé à l’interdiction de toutes les armes de destruction massive dans la région, Damas soutenant aujourd’hui que le danger pour la région vient aussi des déchets nucléaires, autant que de la possibilité d’un conflit nucléaire.


Du même auteur :

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RFI - vendredi 18 septembre 2009

Al-Ahram/Weekly - Publication n° 965 - 23 septembre 2009. L’auteur écrit depuis Damas. Traduction : JPP


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