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Un membre d’une organisation à but non lucratif de Bethléem stigmatisé comme terroriste par Brüno

mercredi 2 septembre 2009 - 06h:27

Rachel Shabi à Beit Jala, The Guardian (UK)

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Le militant chrétien envisage de poursuivre Sasha Baron Cohen.
L’interview avait été filmée dans un hôtel, pas dans un camp de réfugiés.
Ayman Abu Aita, qui envisage de participer aux élections palestiniennes, ignorait qu’il serait dans Brüno, le film à succès de Sacha Baron Cohen, où il est présenté comme étant un terroriste.

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Ayman

Il est assis, seul, à une longue table blanche dans le jardin de l’hôtel-restaurant Everest de Beit Jala, un village dans la montagne près de Bethléem. Ceci, dit-il, est le « lieu secret, » où il a rencontré Brüno, interprété par le comédien Britannique Sacha Baron Cohen.

Apprécié des touristes, le restaurant se trouve près d’une installation militaire israélienne, non loin des sinuosités du mur de séparation et de ses miradors.
« Comment a-t-il pu dire ça de moi ? demande Abu Aita. « Il a menti dès le début et il ment encore maintenant. »

Abu Aita, 44 ans, de Beit Sahour, près de Bethléem, est décrit dans le film Brüno comme un membre de la brigade des martyrs d’Al-Aqsa, l’aile militaire du mouvement Fatah. Maintenant Abu Aita projette de porter plainte pour diffamation, tandis que baron Cohen aurait reçu des menaces de la brigade.

Brüno, le personnage principal du film de Baron Cohen est un animateur de télévision Autrichien homosexuel et obsédé par la mode et qui, dans une brève séquence avec Abu Aita, demande à être enlevé afin de devenir célèbre. Il pense que les terroristes Palestiniens sont les « meilleurs » pour ce job parce que « al Qaïda est si 2001 ».

Promouvant son film récemment sur le talk show de David Letterman aux Etats Unis, Baron Cohen expliquait que trouver un « terroriste » à interviewer pour le film avait demandé plusieurs mois et une certaine aide d’un contact à la CIA. Il décrivait les séculières [non religieuses] Brigades des Martyrs, dont la plupart ont signé un accord d’amnistie avec Israël en 2007, comme « les N°1 de l’attentat suicide par là-bas. »

Abu Aita explique : « Les Américains connaissent mon dossier. Je suis allé deux fois aux Etats Unis et je voyage souvent. » Il est un des représentants chrétiens du Fatah - de la branche politique du mouvement, insiste-t-il, pour le district de Bethléem. Il est aussi membre du conseil d’administration du Holy Land Trust, une organisation à but non lucratif qui ?uvre dans le domaine du logement des Palestiniens. « Je suis un militant non-violent et je n’en ai pas honte, » dit-il.

L’interview avec Baron Cohen avait été arrangée par l’intermédiaire d’Awni Jubran, un journaliste de la Palestinian News Agency, PNN, qui avait reçu un appel du producteur du film. « Mon ami Awni m’avait dit qu’ils voulaient un qu’un militant Palestinien leur parle de la situation pour un documentaire, pour montrer aux jeunes à quoi ressemble la vie dans les territoires palestiniens, » déclare Abu Aita.

Il rencontrera Baron Cohen une semaine plus tard, accompagné de Jubran et de Sami Awad, fondateur du Holy Land Trust - bien que Baron Cohen les ait présentés comme étant des gardes du corps « du terroriste. » Abu Aita explique que l’équipe de Brüno avait choisi le lieu, qui est entièrement contrôlé par Israël - et qui est désigné dans le film comme étant le camp de réfugiés d’Aïn el-Hilweh au Liban.

« Nous faisons confiance aux gens et ne refusons jamais une opportunité de discuter de la cause palestinienne, » dit-il.
« Nous sommes allés dans une des chambres de l’hôtel en étage et avons parlé de la situation palestinienne pendant deux heures, » dit Abu Aita qui ajoute que Brüno semblait sérieux - même si sa connaissance du problème était limitée.

En toute fin de discussion, Baron Cohen avait posé deux questions sur al Qaïda et Oussama Ben Laden qu’Abu Aita avait trouvées curieusement hors de propos et qu’il avait demandé à l’interprète de répéter.

Et quand Brüno a demandé à être kidnappé, Abu Aita explique que sa véritable réponse a été éliminée au montage. « Cette question m’avait mis en colère, » déclare Abu Aita. « J’ai dit que, tout d’abord, je n’étais pas un terroriste. Ensuite que vous êtes mon hôte ici, alors je dois prendre soin de vous jusqu’à votre départ de mon pays. »

Abu Aita avait complètement oublié cet entretien jusqu’à la sortie du film et qu’il commence à recevoir un nombre incalculable d’appels de la part de Palestiniens indignés.
« Ils me demandaient comment j’avais pu permettre qu’on se moque ainsi de moi, comment j’avais pu l’accepter, » dit-il. « Ils sont mécontents que j’aie mis le peuple palestinien dans l’embarras, parce qu’on nous représente de cette manière fausse et dégoûtante. »

Abu Aita est candidat aux élections législatives palestiniennes prévues pour janvier 2010, et des candidats d’opposition se servent déjà de cet incident pour le discréditer. Il dit aussi pâtir de son apparition dans un fil gay où il y a de la nudité et des scènes de sexe explicites. « Par notre culture et nos traditions, nous refusons ce genre de choses, » explique Abu Aita.

Il est bien connu dans le secteur et plusieurs personnes attestent de son bon caractère et de son bon sens de l’humour. « Brüno peut faire des plaisanteries sur tout ce qu’il veut, mais ce n’est pas une plaisanterie, » affirme Abu Aita. « Me qualifier de terroriste n’est pas drôle - c’est un mensonge. »

Evoquant ses projets de poursuite en justice, l’officiel du Fatah affirme ne pas avoir signé d’autorisation d’utilises la séquence où il apparait dans le film. Son avocat, un Palestinien-Israélien de Nazareth indique que de tels cas aux USA peuvent aboutir à des indemnisations d’un million de dollars.

Un porte parole de Baron Cohen a refusé de s’exprimer sur ce sujet.

2 août 2009 - Mounadil - Cet article peut être consulté ici :
http://mounadil.wordpress.com/2009/...


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