16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Le blocus de Gaza est entré dans sa troisième année

samedi 1er août 2009 - 05h:55

Palestine Monitor

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


D’autres Palestiniens vont mourir dans les tunnels de contrebande.

JPEG - 31.8 ko
Plus de 150 Palestiniens ont trouvé la mort dans de les tunnels
depuis le début du siège de Gaza en 2007.
(Photo www.telegraph.co.uk)




Quelquefois, les nouvelles sont contradictoires. Ce lundi (21 juillet) par exemple, un gros titre soulignait, Deux jeunes Palestiniens tués dans l’effondrement d’un tunnel à Gaza » et un autre gros titre nous disait, Tous les points de passage entre Israël et Gaza sont ouverts lundi.

Si les points de passage de Gaza étaient effectivement ouverts - et que Gaza n’était plus une prison à ciel ouvert -, il ne serait plus nécessaire pour ses habitants de risquer leur vie à creuser, faire de la contrebande, voire mourir dans de dangereux tunnels. Le blocus de Gaza est entré dans sa troisième année en juin dernier, faisant toujours plus de victimes.

Depuis trois ans, un blocus total est imposé sur la bande de Gaza par Israël après que celui-ci ait qualifié le territoire d’«  entité ennemie ». Et puisqu’il est une entité ennemie, Israël soutient qu’il ne relève plus de sa responsabilité d’y assurer la protection des civils, comme exigé par le droit international humanitaire.

Le blocus consiste en des fermetures systématiques et maintenues de tous les points d’accès à la Bande, ce qui a entraîné une pénurie extrême de nourritures, carburants et autres produits de première nécessité, plus de détériorations des conditions de vie de la population gazaouie (dont 52% vivaient déjà sous le seuil de pauvreté et 45% étaient sans emploi).

Depuis trois ans, la matrice complexe pour les entrées et sorties aux passages frontaliers est restée la plupart du temps fermée, débouchant sur des titres comme ci-dessus dans la presse locale qui nous apprennent que la gigantesque prison de Gaza serait ouverte.

Les terminaux frontaliers de Gaza sont en effet complexes. Il y en a plusieurs d’entre eux, servant différents objectifs et qui ne sont pas tous naturellement ouverts en même temps - ce serait trop facile -, qui pourraient faire titrer par les journaux, Les autorités israéliennes ont décidé d’ouvrir les passages de Kerem Shalom et de Nahal Oz dans la bande de Gaza dimanche, pendant que Karni restera fermé.

Il y a 6 points de passage au total qui contrôlent l’accès de tout pour sortir ou entrer de la Bande vers ou depuis l’Egypte ou Israël. Le passage d’Erez, dans le nord de la Bande, est le premier pour les salariés palestiniens, lesquels - inutile de le dire - n’ont plus de travail. Le terminal Nahal Oz est le point d’entrée pour les carburants et Karni est le principal passage pour les produits d’importation et d’exportation. Le terminal de Sufa, au sud de la Bande, sert principalement pour les granulats et matériaux de construction. Enfin, on parle de deux autres terminaux souvent comme reliant la Bande assiégée à l’Egypte, avec le passage de Kerem Shalom pour le passage des marchandises venant d’Egypte, et le terminal de Rafah, pour celui des personnes.

Entre chacun de ces passages, toute une série de murs et de clôtures électriques qui isolent hermétiquement la Bande du reste du monde.

Par conséquent, quand on parle de fermetures continues, cela signifie souvent qu’il n’y a plus de nourriture à donner aux familles, plus d’approvisionnement pour remplir les rayons des magasins, plus de farine pour les boulangers, plus de carburant pour les voitures, et pour les ambulances, plus de gaz pour la cuisine des familles et pour le fonctionnement des industries, plus de médicaments ni de soins - même les plus élémentaires - et plus de matériaux de construction. Les Palestiniens sont par ailleurs restreints dans leurs déplacements, les travailleurs n’ont pas l’autorisation d’aller travailler, ni les malades d’aller suivre des traitements à l’extérieur de la Bande.

Rien qu’en mai de cette année, l’armée israélienne a fermé les passages frontaliers internationaux à 47 reprises, et les passages avec Israël à 100 reprises. Depuis, le point de passage le plus important et le mieux équipé de Gaza, celui de Karni, a été fermé ; le total des importations autorisées s’est réduit d’environ 20% par rapport à la période d’avant le blocus et celles-ci se sont limitées, dans une large mesure, à la nourriture, aux médicaments et produits d’hygiène ; les exportations ont été complètement interdites. D’après l’organisme OCHA (Bureau de la coordination des affaires humanitaires), ces mesures ont ravagé l’économie du secteur privé et entraîné la fermeture de 95% des entreprises existantes et la perte de 120 000 emplois. En outre, la poursuite de l’interdiction sur l’importation de matériaux de construction empêche toute reconstruction des 6 300 maisons, détruites ou sérieusement endommagées, durant l’offensive militaire Plomb durci, sans parler des écoles et établissements de santé.

L’approvisionnement en électricité pour le fonctionnement des centrales électriques de Gaza a été également gravement affecté. Depuis début 2009, la Compagnie de distribution de l’électricité de Gaza (GEDCO) n’a reçu que très peu d’alimentation. Durant le mois de juin, il y a eu des pannes quotidiennes. Durant le mois de juin, il y a eu des pannes d’électricité qui allaient de 6 à 8 heures et touchaient 90% de la population de Gaza, tandis que les 10% restant n’avaient plus du tout d’électricité à cause des dégâts provoqués par la dernière agression contre Gaza.

JPEG - 12.6 ko
Janvier 2008, par milliers, les Gazaouis ont forcé la frontière pour s’approvisionner en produits de première nécessité.

La situation avec ce blocus était devenue si désespérée que le 23 janvier 2008, la clôture qui servait de frontière avec l’Egypte a été renversée et franchie par des milliers de Gazaouis qui voulaient s’approvisionner en produits de première nécessité. (*)

Aujourd’hui, d’autres victimes sont les témoins des conséquences de ce blocus sévère interminable. Dimanche, deux jeunes Gazaouis ont été tués et huit autres blessés dans l’effondrement d’un tunnel qui passait sous la frontière entre l’Egypte et Rafah, dans le sud de la Bande, alors que la semaine dernière, quatre salariés ont été blessés quand des tunnels de contrebande, dans le quartier d’As-Salam à Rafah, se sont effondrés.

L’industrie des tunnels, on le sait, est dangereuse, et des dizaines de travailleurs sont tués chaque année dans des accidents pendant leur travail. En plus que ces simples effondrements de tunnels de sable, il y a les explosifs que lancent les polices des frontières israélienne et égyptienne sur leurs entrées, ou les inondations des passages qu’elles provoquent avec de l’eau ou des carburants. Plus de 150 Palestiniens ont trouvé la mort dans de tels incidents depuis le début du siège de Gaza en 2007.

Les tunnels s’enfoncent de 16 à 20 mètres en sous-sol et sont équipés de lampes électriques et de systèmes pour communiquer. Les marchandises sont transportées d’un côté à l’autre par chariot. Une demi-douzaine d’hommes travaille par équipe de 12 heures dans le tunnel pour s’assurer que la marchandise passe en toute sécurité. Les tunnels sont notoirement instables. Des dizaines se sont effondrés, blessant et tuant les travailleurs. L’un d’entre eux a déclaré : « J’ai eu plusieurs accidents. J’ai souffert de commotions et d’ecchymoses. Mais je trouve que j’ai de la chance. Beaucoup de mes amis qui ont travaillé avec moi dans les tunnels sont morts. Mais je continue d’y travailler parce que c’est la seule source de revenus ici. Il n’y a pas d’autres moyens d’avoir du travail à Gaza »

(*) - Voir : Par milliers, les habitants de Gaza brisent le blocus à Rafah - mercredi 23 janvier 2008 - d’après Al Jazeera.net

22 juillet 2009 - Palestine Monitor - traduction : JPP


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.