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Apporter de l’aide à Gaza

jeudi 11 juin 2009 - 06h:05

Socialist Worker

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« Où est la Oummah, où est ce monde arabe dont ils nous parlent à l’école ? »

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George Galloway, un éminent activiste anti-guerre britannique, membre du Parlement, décrit les plans pour un convoi d’assistance de partisans des droits palestiniens, qui quittera les Etats-Unis le 4 juillet prochain pour rejoindre Gaza - Photo : Richard Searle/VivaPalestina.org

Ces mots resteront pour toujours gravés dans mon esprit. Ils ont été prononcés par une fillette de 10 ans dans une ruine bombardée à Gaza, en mars dernier. Elle avait perdu pratiquement toute sa famille pendant les 22 jours des bombardements israéliens en début d’année.

La seconde fois qu’elle parla, ce fut à ma nuque. J’ai dû me retourner : quelle réponse pouvais-je lui donner ?

Tandis que Hugo Chavez expulsait l’ambassadeur israélien au Vénézuéla, les dirigeants de la Ligue Arabe, à quelques rares exceptions près, ont passé ces semaines meurtrières de décembre et janvier à rassembler guère plus qu’une indignation artificielle, celle qui a si souvent été présente lors de précédents épisodes sanglants de la tragédie palestinienne.

Mais ce n’était pas le cas de l’opinion publique, pas seulement dans le monde musulman, mais dans la mobilisation des capitales occidentales. En Grande-Bretagne, plus de 100.000 personnes sont descendues dans la rue, et soir après soir nous avons bloqué l’ambassade israélienne. Par-dessus tout, l’attaque sur Gaza a suscité aux Etats-Unis une émotion sans précédent. Bien sûr, il y avait eu des protestations auparavant, mais ici c’était devenu davantage qu’un épanchement éphémère de rage impuissante. Quelque chose changeait.

Cela m’est apparu de plus en plus évident au cours des deux derniers mois, où j’ai parlé de la Palestine lors de réunions et de collectes de fonds dans des salles combles à travers tous les Etats-Unis. Les élections de janvier ont montré une majorité d’Américains opposés à l’agression israélienne.

Ce ne fut peut-être pas une surprise pour ceux d’entre nous qui ont vu la destruction de Beyrouth par Ariel Sharon à la fin de l’été 1982, mais la vue du phosphore blanc - qui forme un nuage gazeux - utilisé contre des civils à Gaza, a sidéré des millions de gens qui jusqu’alors avaient été amenés à croire que, quelque part, c’étaient les Palestiniens qui étaient en train d’occuper le pays d’Israël plutôt que l’inverse.

Des activistes vétérans de la cause palestinienne confirment qu’il existe maintenant une lucarne d’opportunité pour sortir l’affaire et l’amener au grand jour de la vie politique - aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne : qui des deux porte la responsabilité la plus lourde dans les souffrances de la Palestine ? Les USA, en tant que caissier de la colonisation israélienne ; la Grande-Bretagne, en tant qu’auteur de la tragédie de 1917, lorsqu’un dirigeant d’un peuple, le ministre des affaires étrangère Arthur Balfour (un antisémite) donna aux soi-disant chefs d’un autre peuple, le mouvement sioniste, la terre appartenant à un troisième peuple, les Palestiniens. Et tout cela sans demander quoi que ce soit à aucun de ces peuples, ce qui est un comble, même à l’aune de l’impérialisme britannique.

Comment alors amener à la cause de la Palestine le genre de mouvement politique qui a aidé à briser l’apartheid, entre le marteau de l’ANC et l’enclume de la solidarité internationale ? C’est cette question qui m’a amené à traverser et à retraverser l’Atlantique, entre conférences et collectes de fonds ici et le développement d’une crise politique extraordinaire chez moi. C’est la question que nous nous posions lorsque nous marchions devant l’ambassade israélienne en ces froides journées de janvier.

Les manifestations étaient importantes. Celui qui en doute devrait écouter ceux qui vivaient sous le siège, dont la capacité de résistance était renforcée chaque fois qu’ils voyaient ces protestations sur Al Jazeera et Press TV. Mais elles n’étaient pas assez nombreuses, pas plus que les discours, bien qu’eux aussi aient eu leur place. Ce sont les actions qui parlent plus fort que les mots. C’est pourquoi le 10 janvier, j’ai annoncé à la grande manifestation de Londres que je conduirais un convoi d’aide humanitaire de Grande-Bretagne à Gaza.

Nous décidâmes de partir juste cinq semaines plus tard et de suivre une route difficile : descendre vers l’Espagne, traverser le Maroc puis le Maghreb. Nous espérions emmener une douzaine de véhicules. Finalement, nous avons quitté Hyde Park le 14 février avec 107 véhicules, 255 personnes et près de 2 millions de dollars d’aide. Quelque 23 jours et 10.500 km plus loin, nous sommes entrés à Gaza. Et maintenant, nous allons tout recommencer, cette fois depuis les Etats-Unis.

Le 4 juillet prochain, le vétéran du Vietnam Ron Kovic, moi-même et des centaines de citoyens US embarquerons à l’aéroport JFK pour Le Caire, où nous formerons un convoi de centaines de véhicules transportant de l’aide médicale à destination de Gaza. Nous serons en Egypte un mois exactement après le jour où le Président Obama a prononcé son discours historique offrant des relations nouvelles et plus égalitaires entre les USA et le monde musulman. Et ce discours rend plus pressante encore la nécessité que chacun puisse rejoindre ce convoi.

Car le discours d’Obama, de même que sa campagne électorale et sa présidence, peuvent se considérer de deux manières. Il y a les expressions de soutien général à Israël et la continuité de la politique étrangère, qu’il serait naïf de ne pas attendre de la part de quelque président US que ce soit.

Comme il serait facile de sombrer dans le cynisme et l’éructation qui ont constitué trop longtemps le trait déplaisant d’une trop grande fraction de la gauche. Parce que dans le même temps, son appel adroit en faveur d’un dialogue est-ouest plus respectueux ouvre bien des voies aux amis de la Palestine et de la cause arabe. Si vous en doutez, regardez la réaction forcenée de la droite israélienne, qui, sur le mode discret dont elle est coutumière, compare l’opposition au programme de colonisation au meurtre génocidaire.

Selon nous, Obama a raison de pointer que si les USA veulent assainir le cloaque de haine à leur égard, il faut un changement radical de politique. La voie qu’il a tracée au Caire indique la bonne direction. Mais il n’est pas allé loin. Littéralement. La route mène à quelques centaines de kilomètres de poussière désertique après le Delta du Nil, à travers le Sinaï jusqu’au passage dans Gaza. De là, le convoi, dont les objectifs sont multiples.

Tout d’abord, il s’agit de porter une aide plus que nécessaire à des gens survivant sous le siège. Nous sommes un maillon dans la chaîne d’approvisionnement que d’autres, qui ont envoyé des délégations à Gaza, ont aidé à mettre en place.

En deuxième lieu, il s’agit d’emmener des gens - beaucoup de gens des Etats-Unis. Personne ne devrait sous-estimer l’impact qu’a cette volonté sur le peuple palestinien. En mars, nos hôtes ont souligné que la présence de tant de Britanniques avait presque plus de valeur que l’aide que nous apportions. Cela signifiait des centaines de gens s’en retournant comme ambassadeurs de la Palestine dans les villes et les cités de tout leur pays. Pour les gens de la Bande de Gaza, la preuve positive était faite, devant leurs propres yeux, qu’ils n’avaient pas été oubliés.

En troisième lieu, il s’agit de contribuer à l’important processus de changement de l’opinion publique étatsunienne sur ce dossier. Et quand l’opinion publique change, la politique publique suit - même si le mécanisme est complexe et difficile. En effet, les huit sombres années de l’ère Bush ont vu une criminalisation de la solidarité avec la cause palestinienne. Des organisations entières, musulmanes et arabes, ont été supprimées, leurs dirigeants ont disparu et ont été déportés ou emprisonnés - comme en témoigne le procès et le verdict consternants contre les responsables de la Holy Land Foundation.

Ce convoi va mettre un terme à tout cela. Nous voulons un échantillon représentatif de la société étatsunienne, comprenant des personnalités éminentes, pour participer et démontrer qu’il ne s’agit plus d’une zone interdite, que la Palestine est le sujet et que personne ne nous en détournera.

A Gaza, Ron Kovic remettra des fauteuils roulants à des amputés palestiniens. C’est l’image que les médias internationaux retiendront. Laissons les supporters fanatiques du régime Netanyahou-Lieberman élever la voix et protester. C’est une bataille de relations publiques que nous devrions savourer.

Ce n’est pas le moment de déplorer ce que cette présidence pourrait échouer à faire. Si nous avons un impact en juillet prochain et par après, cela peut aider à faire rééquilibrer les choses, en mettant les défenseurs intransigeants de l’agression israélienne sur la défensive et en rendant politiquement plus attractive aux yeux du Président Obama la poursuite de sa marche sur cette route poussiéreuse.

En un sens, George W. Bush avait une excuse pour le désordre qu’il a déclenché : il était un parfait imbécile. Barack Obama, lui, n’a pas cette excuse. Il est supérieurement intelligent et cultivé. Il a rencontré le très regretté Edward Said. Non seulement il sait qui est le président du Pakistan, mais il sait prononcer le nom du pays.

Si un nouveau sentiment en faveur de la Palestine s’éveille et devient politiquement efficace, il n’y aura plus d’excuse pour personne de ne pas faire ce qui est juste.

Ce que vous pouvez faire :

Plus d’informations sur le projet du prochain convoi pour Gaza - et comment vous pouvez aider- sur le site Web de Viva Palestina US. Ou au numéro de téléphone 773-226-2742

8 juin 2009 -Socialist Worker - Vous pouvez consulter cet article à :
http://socialistworker.org/2009/06/...
Traduction de l’anglais : Marie Meert


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