Les analystes et les journaux se demandent si les factions rivales seront capables de former un gouvernement d’union et d’assurer que le Liban ne soit pas replongé dans un nouveau cycle d’instabilité politique et de violences sectaires.

Election législative du Liban

 Le Hezbollah prévient qu’il garde son armement malgré la victoire du Mouvement du 14 Mars

 La majorité au pouvoir obtient 70 sièges ; l’opposition 21.

Beyrouth - AlArabiya.net et agences




Le Liban a compté les voix ce lundi après une élection cruciale qui a vu la coalition soutenue par l’Occident obtenir une majorité de sièges parlementaires, portant un coup à la coalition du 8 Mars soutenue par l’Iran et conduite par le Hezbollah, laquelle coalition a prévenu que son arsenal d’armes n’était pas un sujet ouvert à discussion.

Le parti régnant du 14 Mars obtient 70 sièges sur les 128 du parlement, conservant sa position majoritaire alors que le Hezbollah et ses alliés obtiennent 21 sièges dans les circonscriptions du sud du Liban et 10 sièges dans l’est de la région de Baalbek.

L’opposition a reconnu sa défaite et un membre du parlement, Hassan Fadlallah, du Hezbollah, a réitéré les appels du parti chiite pour un « partenariat national » ; un autre responsable politique a déclaré que les électeurs semblaient avoir craint que le groupe musulman chiite n’impose un Etat islamiste au Liban.

« Ce qui s’est passé aujourd’hui est une victoire pour la logique de l’Etat » a indiqué le Premier ministre Fouad Siniora.

Le ministre de l’Intérieur, Ziad Baroud, a annoncé la clôture officielle et les résultats définitifs pour 14 circonscriptions sur 26.

Les Chrétiens maronites dans la circonscription de Bishri ont voté à 37% et Streida Touq et Eli Kiruz gagnent leurs sièges.

Les résultats définitifs sont attendus plus tard dans la journée de ce lundi.

En vertu d’un système complexe de répartition du pouvoir au Liban, les sièges sont divisés à égalité entre une majorité de musulmans et une minorité de chrétiens qui représentent environ un tiers de la population de 4 millions de Libanais.

Les armes du Hezbollah

Aussitôt les résultats annoncés, le Hezbollah a prévenu que son arsenal d’armes n’était pas un sujet ouvert à la discussion.

«  La majorité doit s’engager à ne pas remettre en cause notre rôle en tant que parti de résistance, la légitimité de notre arsenal d’armes et le fait qu’Israël est un Etat ennemi, » à déclaré à l’AFP Mohamed Raad, responsable du Hezbollah.

«  Les résultats montrent que la crise va se poursuivre, à moins que la majorité ne change d’attitude, » disent Raad et un député qui a conservé son siège dans le nouveau parlement.

L’arsenal du Hezbollah a été une épine dans le pied du gouvernement d’union nationale sortant et il fut au centre d’un dialogue national pour définir une stratégie de Défense pour le Liban.

Le Hezbollah et Israël ont mené une guerre dévastatrice en 2006 qui a provoqué beaucoup de ruines dans le sud du Liban et plus de 1 200 Libanais tués, principalement des civils, ainsi que 160 Israéliens, des soldats pour la plupart.

Réagissant rapidement aux élections à Beyrouth, le ministre des Affaires étrangères israélien a déclaré que le nouveau gouvernement au Liban devait agir pour empêcher toute agression contre son territoire.

«  Il incombe à tout gouvernement qui sera formé à Beyrouth de s’assurer que le Liban ne sera pas utilisé comme une base de violence contre l’Etat d’Israël et contre les Israéliens, » a déclaré le ministère israélien.

« Le gouvernement du Liban doit agir pour renforcer la stabilité et la sécurité du pays, pour arrêter la contrebande d’armes vers son territoire et appliquer les résolutions concernées du Conseil de sécurité.

« Israël considère le gouvernement libanais comme responsable de toute activité hostile, militaire ou autre, émanant de son territoire. »

Un jour historique

«  C’est un grand jour dans l’histoire du Liban démocratique, » déclare triomphalement Hariri à ses partisans qui l’acclamaient, lors d’un rassemblement après le vote de dimanche, et alors que les feux d’artifice illuminaient le ciel de Beyrouth et que sautaient les bouchons de champagne.

Mais les analystes et les journaux se demandent si les factions rivales seront capables de former un gouvernement d’union et d’assurer que le Liban ne soit pas replongé dans un nouveau cycle d’instabilité politique et de violences sectaires.

Malgré sa défaite, le Hezbollah - le Parti de Dieu soutenu par l’Iran et inscrit sur la liste de noire des organisations terroristes par les Etats-Unis - reste une force politique puissante et le groupe militaire le plus fort de la nation.

La police et les soldats s’étaient déployés en force dans les secteurs sensibles après l’élection dimanche, de crainte d’affrontements entres les rivaux, mais aucun incident majeur n’a été relevé une fois que les dirigeants politiques ont appelé au calme.

Le résultat est examiné à la loupe par les voisins du Liban et la communauté internationale, avec ce pays déjà meurtri par des années de guerre, des conflits sectaires et des crises politiques désastreuses.

Au Liban, la presse unie a donné la victoire à la coalition Hariri, à direction sunnite, qui était soutenue par l’Occident et par la puissance régionale, l’Arabie saoudite.

«  Ils ont été brisés... Le Liban gagne, » claironne le titre du journal Asharq Alawsat financé par les Saoudiens, en parlant du Hezbollah.

La risque que le Hezbollah sorte vainqueur de l’élection avait provoqué quelques nervosités en Occident.

juin 2009 - Alarabiya.net - traduction : Info-Palestine.net