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Obama devrait visiter Gaza

samedi 6 juin 2009 - 07h:48

Medea Benjamin - The Electronic Intifada,

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Le Président Barack Obama doit prononcer un discours politique majeur à l’Université du Caire le 4 juin, dans le but d’apaiser le désaccord entre les Etats-Unis et le monde arabe.

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Le Président des Etats-Unis Barack Obama devrait visiter la Bande de Gaza pour voir la mort et la destruction causées par les récentes attaques israéliennes - Photo : Matthew Cassel

Pendant les années Bush, beaucoup d’arabes se sont tournés contre les Etats-Unis à cause de l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak aussi bien que des abus commis à Guantanamo et Abou Ghraib. Mais la question qui est réellement au c ?ur des tensions avec les Etats-Unis, c’est l’intraitable conflit entre Israël et la Palestine, et aussi ce que beaucoup perçoivent comme une politique étatsunienne partiale de soutien à Israël.

L’administration Obama a adopté une position positive sur les colonies israéliennes, appelant à un gel complet. « [Obama] veut voir l’arrêt des colonies de peuplement - pas de quelques peuplements, pas des avant-postes, pas des exceptions ?de croissance naturelle’. » C’est ce que disait récemment à des journalistes la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton.

Mais l ?administration n’a pratiquement pas dit un seul mot sur la dévastatrice invasion de Gaza qui a laissé plus de 1.400 morts dont quelque 400 enfants. Pour beaucoup au Moyen-Orient, ceci est la poursuite malheureuse de politiques passées, qui condamne la perte de vies israéliennes innocentes mais refuse de se prononcer sur les pertes infiniment disproportionnées de vies palestiniennes entre les mains des militaires israéliens.

L’invasion israélienne de Gaza a commencé le 27 décembre 2008, alors qu’Obama venait de remporter l’élection mais n’avait pas encore pris ses fonctions. Tandis qu’il condamnait l’attaque terroriste du 26 novembre à Bombay, il refusait de lancer un simple appel au cessez-le-feu à Gaza, disant froidement : quand il s’agit des affaires étrangères, il est particulièrement important d’adhérer au principe « un seul président à la fois ».

Une fois intronisé, Obama nomma l’ancien sénateur George Mitchell émissaire spécial et l’envoya immédiatement en « tournée d’écoute » sur les lieux-clés du Moyen-Orient ... à l’exception de Gaza. Mitchell revint une deuxième fois dans la région en février, visitant la Turquie, les Emirats Arabes Unis, l’Egypte, Israël et la Cisjordanie, mais en négligeant une fois de plus Gaza. Même chose lors de sa troisième tournée en avril.

Hillary Clinton n’a jamais visité le territoire gazaoui dévasté par la guerre. Elle a promis 300 millions de $ pour la reconstruction, mais l’aide n’ira pas à Gaza aussi longtemps que l’administration insistera pour ne traiter qu’avec le seul Mahmoud Abbas et son Autorité palestinienne en Cisjordanie, dédaignant le Hamas qui contrôle Gaza et qui a été élu démocratiquement.

Au cours de la campagne présidentielle, Obama a été très applaudi des Américains quand il a dit que l’Amérique devait parler à ses adversaires, sans conditions préalables. Mais son administration pose à présent des conditions ridicules à des entretiens avec le Hamas : il faut qu’il reconnaisse Israël, renonce à la violence et accepte les accords internationaux précédents. Israël, quant à lui, ne doit pas reconnaître la Palestine, renoncer à la violence ni respecter les accords passés. Poser des conditions préalables à un seul côté du conflit rend impossible tout progrès du processus de paix.

Tandis qu’Obama prépare sa tournée moyen-orientale, plus de 150 personnes - la plupart étatsuniennes - sont en train d’essayer d’entrer dans Gaza déchiré par la guerre, à la fois par les frontières égyptienne et israélienne. Organisées sous la bannière du groupe pacifiste CODEPINK, c’est le plus grand groupe d’Américains se rendant à Gaza depuis le début du siège.

Les délégations, invitées par l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens ( UNRWA) apportent des médicaments, des jouets, des fournitures scolaires et du matériel de construction pour cours de récréation. On estime que 1346 enfants de Gaza ont été privés d’un ou plus de leurs parents suite à l’agression israélienne, et la majorité d’entre eux sont restés traumatisés et déprimés.

C’est pour cette raison que le groupe pacifiste CODEPINK a lancé une pétition internationale appelant Obama à visiter Gaza et à voir par lui-même les dévastations et les privations qui continuent de toucher 1,5 million de personnes dans la région, presque six mois après l’invasion.

Pas plus tard que cette semaine, Obama ajoutait une nouvelle étape à sa prochaine visite au Moyen-Orient : l’Arabie Saoudite. S’il peut dégager du temps pour un dîner privé avec le Roi, il peut sûrement trouver le temps d’aller à Gaza. N’est-ce pas plus important pour Obama de visiter une région où 1400 personnes ont récemment été tuées et des milliers de maisons, d’écoles et de mosquées détruites ? N’est-ce pas plus important pour lui de voir comment les Israéliens se servent des 3 milliards de $ annuels d’aide militaire fournie par les contribuables des Etats-Unis ?

Obama devrait saisir l’occasion, pendant sa visite en Egypte, de visiter Gaza. Il devrait exprimer ses condoléances pour la perte de tant de vies innocentes, demander la levée d’un siège inhumain qui continue d’emprisonner une population entière, et soutenir une enquête qui montrerait de quelle manière sont dépensés les fonds militaires étatsuniens à Israël.

Ces actions, mieux que toutes les belles paroles qu’il va prononcer au cours de son discours à l’Université du Caire, feront des miracles pour raccommoder nos relations avec le monde arabe, tellement dégradées tout au long des années Bush.

* Medea Benjamin (medea@globalexchange.org) est cofondatrice de Global Exchange et de CODEPINK : Women for Peace.

3 juin 2009 - The Electronic Intifada - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction de l’anglais : Marie Meert


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