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Netanyahou rapproche Israël d’une guerre avec l’Iran

mercredi 3 juin 2009 - 11h:11

Aluf Benn - Ha’aretz

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Le Premier ministre Benjamin Netanyahu considère que lever la menace nucléaire iranienne représente la mission de sa vie.

Avant son arrivée au pouvoir, il avait indiqué qu’une telle opération pourrait coûter des milliers de vies, mais que ce prix était justifié compte tenu de la gravité de la menace. Ses commentaires hier à la réunion du groupe Likoud à la Knesset indiquent un abandon de la doctrine qui était celle d’Ariel Sharon, estimant que l’Iran n’est pas uniquement un problème pour Israël, mais aussi pour le monde entier, et qu’Israël ne devait pas être à l’avant-garde dans ce combat. Israël est maintenant en première ligne.

Les dirigeants iraniens et israéliens ont poursuivi hier l’escalade verbale dans la confrontation. Mahmoud Ahmadinejad a déclaré que les discussions sur la question nucléaire étaient closes, ce qui signifie que l’Iran n’a pas l’intention de renoncer à l’enrichissement de l’uranium. Netanyahou a affirmé que si Israël ne menait pas la lutte contre la menace iranienne et y associait les États-Unis et les autres pays, personne d’autre ne le ferait.

Dans les deux cas, à Téhéran et Jérusalem, il est possible de justifier les déclarations des dirigeants en raison de motifs de politique intérieure. Mais, même si ces motifs relèvent de la politique intérieure, on ne peut ignorer les implications stratégiques.

Netanyahou a rappelé qu’il était parvenu à une accord avec le président américain Barack Obama pour empêcher l’Iran d’acquérir une capacité nucléaire militaire. A la différence des débats entre Netanyahou et les États-Unis sur la question palestinienne, les Américains n’ont pas démenti ses déclarations sur un accord au sujet de l’Iran.

Un source haut placée, proche de l’administration Obama, indique que le dialogue proposé à l’Iran par Obama n’aboutira à rien et que les États-Unis ne frapperons pas l’Iran à moins que quelque chose d’inhabituel et inattendu se produise. Si cela s’avère être le cas, le gouvernement Netanyahu pourrait avoir à décider d’attaquer les installations nucléaires iraniennes.

Trois objections sont généralement posées pour rejeter la possibilité d’une option militaire israélienne : la complexité de la mission, le veto des États-Unis et les oppositions dans le gouvernement. On suppose généralement qu’Israël tenterait de répéter le bombardement du réacteur nucléaire en Irak en 1981. Il ne s’agit que d’un scénario, et il est peu vraisemblable.

Il existe d’autres possibilités à considérer : une guerre au nord qui provoquerait une intervention de l’Iran, ou une frappe contre une cible de haut niveau du régime iranien, ce qui conduirait le Guide suprême Ali Khamenei et Ahmadinejad à prendre des mesures contre le « régime sioniste ». Si l’Iran attaque Israël en premier lieu, l’élément de surprise sera perdu, mais le bombardement israélien contre les installations nucléaires serait considéré comme une opération d’auto-défense.

Le second argument, en ce qui concerne l’opposition américaine à une frappe, dépend des circonstances. Il est difficile d’imaginer que Obama ordonne l’interception des avions israéliens sur la route de Natanz, si tous les autres moyens d’arrêter les centrifugeuses ont échoué. Il est clair que l’administration devra châtier Israël, et il ne faut pas oublier les déclarations du chef de la CIA Leon Panetta, qui a mis en garde contre toute action ne serait pas coordonnée avec les États-Unis. Mais nul ne sait comment se comportera Obama au moment de vérité. Il a déclaré à Newsweek que c’est pas à lui de dire aux Israéliens ce que sont les nécessités de leur défense. Netanyahu a beaucoup apprécié cela.

La troisième objection, concernant l’opposition politique intérieure, est entièrement infondée. Lorsqu’il s’agit de la guerre, les ministres et les officiers sont en concurrence pour savoir qui sera le plus patriotique, pas qui sera le plus sage ou le plus raisonnable. A l’heure des décisions, personne ne veut entrer dans l’histoire comme celui qui a manifesté des réserves et risque d’être dépeint comme un lâche. Si la seconde guerre au Liban fournit un exemple, tous les « héros » qui ont critiqué la guerre rétrospectivement avaient voté pour son déclenchement. Ce sera le cas si Netanyahu soumet au cabinet un plan pour attaquer l’Iran, et que l’armée israélienne déclare que c’est possible.

Une guerre avec l’Iran n’est pas inévitable. Mais le Premier ministre a franchi hier une autre étape dans la préparation de l’opinion publique à la possibilité qu’elle pourrait éclater.

26 mai 2009 - Publication originale Ha’aretz, traduction Contre Info


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