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Trois mois après l’offensive israélienne, la dépression sévit dans Gaza

vendredi 15 mai 2009 - 06h:30

Eugenio Garcia Gascon - Al Qods Palestina

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Plus d’une centaine de tentes à perte de vue à travers la plaine d’Al Atatra, à Yabaliya, juste au nord de Gaza. Autour, tout autant de maisons totalement ou partiellement détruites.

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Des milliers de maisons détruites, des milliers de victimes et aujourd’hui des milliers de Palestiniens vivant dans des conditions plus que précaires, et toujours un blocus international imposé par les dites "démocraties" occidentales qui multiplient les démonstrations de connivence avec l’état criminel israélien - Photo : Palestine Telegraph

Ces maisons ont été détruites par les tanks et les avions de chasse pendant l’invasion israélienne de janvier et on ne cesse de constater leurs dégâts puisque trois mois plus tard, on ne peut toujours pas faire entrer les matériaux nécessaires à la reconstruction à cause du blocus quasi complet imposé par Israël.

Nawal al Sultan vit avec son mari et ses sept fils dans une de ces tentes. Lorsque l’armée détruisit leur maison, ils se réfugièrent d’abord dans une école des Nations Unies, mais quelques jours plus tard l’école reprit son activité et ils n’eurent d’autre choix que de s’installer dans une tente.

La moitié des enfants de Gaza ont perdu un ami ou un membre de leur famille.

La famille reçoit de l’aide du Hamas et d’autres organisations islamiques. Le Hamas leur a donné quatre mille dollars d’aide d’urgence afin qu’ils commencent à reconstruire leur maison, mais cette aide est insuffisante, et en plus, on ne trouve pas les matériaux de construction sur le marché. « Mon mari ne travaille pas et aucun de mes fils ne veut aller à l’école. Ils sont dépressifs. Elle dit cela en montrant l’un d’entre eux, qui, à neuf ans, se réveille régulièrment la nuit. Il n’arrive pas à dormir, il fait des cauchemars et pense que l’armée va encore entrer dans Gaza ».

L’invasion a laissé « une trace indélébile » chez les enfants, commente le professeur Abdel Aziz Thabet, un psychiatre qui vient de terminer une étude sur la répercussion de la guerre chez les petits. « Cela a été une guerre différente de toutes les précédentes parce qu’il n’y avait aucun lieu sûr pour personne, où que ce soit dans Gaza. Les Israéliens disent que leur armée est la plus morale du monde, mais moi je peux vous dire que l’immoralité des soldats israéliens est totale », poursuit-il.

Etude détaillée

Le docteur Thabet établi cette étude après avoir interviewé 374 familles composées d’enfants de six à dix-spet ans. 50% des enfants dirent que, pendant l’invasion, ils ont perdu au moins un membre proche de leur famille ou une connaissance, et 86% d’entre eux ont vécu des expériences traumatiques. 88% des questionnés affirmèrent qu’ils souffraient d’anxiété face au futur. 74% est insomniaque. 34% font régulièrement des cauchemars et 69,5% souffrent de dépression.

« Je peux prévoir que dans quelques années, lorsque ces enfants auront grandi, il y aura plus de violence encore car ils chercheront à se venger », déclare le professeur.

Thabet croit que les événements de janvier profitent à la religion. « Les gens deviennent plus religieux car rien d’autre autour d’eux ne peut les calmer. Il ne reste plus que le recours à Dieu et le fondamentalisme se renforce, même si je pense que la même chose est en train de se passer en Israël ».

Husni Sayyed, 43 ans, marié, deux enfants, passa également plusieurs semaines dans le camp de Al Atatra, mais à présent, il se construit une petite maison précaire de deux chambres, près du camp, avec des matériaux qu’il parvient à s’acheter par le biais du marché noir, à des prix exorbitants.

Il a reçu 5 000 euros du Fatah et 4 000 du Hamas. Avec cet argent, il monte la maison à quelques mètres de celle où il vivait jusqu’en janvier et qui fut partiellement détruite par les bombardements israéliens. Il a posé un toit de fibrociment de seconde main dans lequel on peut voir plusieurs trous. Le ciment qu’il utilise provient d’Egypte. Il est entré par les tunnels de Rafah avec tout type de biens que les Palestiniens de Gaza consomment quotidiennement. Sayyed, au chômage depuis huit ans, déplore que l’aide que reçoivent les victimes de la guerre soit insuffisante et qu’elle soit inutile étant donné qu’Israël interdit l’entrée des matériaux de construction.

Adnan Abu Hasna, porte-parole à Gaza de l’UNRWA , l’agence de l’ONU qui vient en aide aux réfugiés, confirme que les matériaux de construction n’entrent plus depuis juin 2007, depuis que le Hamas a pris le pouvoir, et donc, depuis, on n’a pas construit de maisons neuves. « Nous avons conclu un projet d’une valeur de 93 millions de dollars mais nous ne pouvons le commencer parce que nous ne disposons pas des matériaux », se plaint-il.

« L’aide de la communauté internationale alléguée aux Palestiniens ne sert à rien étant donné que sans les matériaux nous ne pouvons travailler », continue Abu Hasna. « Israël permet seulement l’entrée de quelques 125 camions par jour, et ceci couvre à peine 20% des besoins les plus urgents de Gaza ».

30 avril 2004 - Al Qods Palestina - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.alquds-palestina.org/mod...
Traduction : Assia B.


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