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dimanche 5 avril 2009 - 07h:49

Malian - PCHR Gaza

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Un des éléments les plus importants permettant de se relever d’un traumatisme est de pouvoir se retrouver, se ressourcer comme dans un sanctuaire, au creux de son propre foyer. C’est le droit à un abri sûr et à la sécurité. Pour de nombreuses personnes à Gaza, ce droit a été violé à de constantes reprises, sous forme de destruction souvent arbitraires de leur propriété privée par les forces militaires israéliennes.

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PHOTO (au stylo rouge)
« La mort vous trouvera ... Bientôt » Message écrit par des soldats israéliens dans la chambre à coucher de la famille Abu Hajaj à Jouhur-ad-Dik © Kent Klich

Aux côtés des milliers de bâtiments partiellement ou complètement détruits par des bulldozers, tirs de chars et bombes lâchées par des avions de combat F-16, se tiennent les immeubles qui ont été défigurés par des graffiti laissés individuellement par des soldats, et par les actes de vandalisme à l’encontre des propriétés personnelles des populations civiles.

Dans la maison de la famille Mos’ab Dardona à Jabal Al Rayes, au nord-est de Gaza, les soldats israéliens ayant pris position à l’intérieur des bâtiments civils de cette région, ont ainsi laissé des dessins faits sur les murs : certains montrant des soldats urinant sur des mosquées détruites, ou dévorant des villages palestiniens. Dans la maison voisine, appartenant à la famille d’Ibrahim Dardona, les soldats ont laissé derrière eux des douzaines de sacs d’excréments dans les chambres à coucher, malgré la présence de toilettes en état de fonctionnement, ainsi que des dessins sexuels hautement descriptifs et vulgaires sur les murs.

« Les écrits laissés par les soldats dans les maisons de Gaza offrent un aperçu de la culture inquiétante de haine et de racisme à l’égard des Palestiniens et Arabes, existant au sein d’une partie de la société israélienne » explique Hamdi Shaqqura, directeur du développement démocratique du PCHR. « A la lumière des faits avérés recueillis par le PCHR sur l’assassinat délibéré et gratuit de civils palestiniens à Gaza, ces graffiti sont encore plus dérangeants. »

Les milliers de personnes qui n’ont pu retourner dans ce qui reste de leurs foyers, après l’offensive israélienne, sont difficiles à compter de manière précise. Les tentes de réfugiés rapidement montées, qui ne conviennent pas du tout à ce moment de l’année ont largement été abandonnées, et les personnes se sont déplacées dans le territoire pour s’installer auprès de leur parenté.

D’autres n’ont eu comme choix que retrouver leur foyer partiellement détruit, nettoyer les débris, les signes parfois encore visibles de la mort d’êtres aimés, et tenter de continuer à vivre. Les familles Dardona sont ainsi retournées dans leurs foyers. Elles sont déchirées entre le refus de détruire les preuves du comportement des soldats israéliens et la répugnance à devoir supporter les souvenirs permanents des horreurs qui eurent lieu à cet endroit. Et il y a des cas similaires dans d’autres parties de la bande de Gaza.

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PHOTO . (dessin mosquée)
Graffiti dans la maison de Mos’ab Dardona, region de Jabal al Rayes, nord-est de la bande de Gaza © S. Al Tartour/PCHR

Dans la zone très agricole de la Johr-ad-Disk, les Israéliens ont établi des bases dans quelques maisons au début de leur offensive terrestre. Les chenilles de tanks labourant le sol ont provoqué d’énormes tranchées à travers les champs. Des centaines d’oliviers, d’arbres produisant des agrumes ont été détruits. La moitié de la population composée de 2500 personnes a été déplacée.

Au petit matin du 4 janvier 2009, le premier jour complet d’offensive terrestre, un obus tomba à côté de la maison de Saleh Abu Hajaj à Johur-ad-Dik. Des interventions radio faites par les militaires israéliens ont ordonné aux habitants locaux d’évacuer leurs maisons. La fille de Saleh, Majeda Abu Hajaj, attacha un foulard blanc à un bâton et conduisit un groupe de civils hors de la maison de ses voisins.

Alors qu’ils étaient en train de quitter les lieux, des tanks ouvrirent le feu sur le groupe et Majeda, fut abattue sur le champ, semble-t-il d’un tir dans le dos. Quelques instants plus tard, sa mère, Raya, âgée de 64 ans reçut également un tir et perdit son sang jusqu’à ce que mort s’ensuive, à quelques mètres de sa fille. Les corps de Majeda et Raya ne purent être récupérés qu’après la déclaration unilatérale d’Israël d’un cessez-le-feu seize jours plus tard. Ces attaques pourraient constituer des meurtres) délibérés, des violations graves des Conventions de Genève, et des crimes de guerres.

Après avoir abattu ces femmes, les soldats israéliens ont pris position dans la maison familiale des Abu Hajaj, et ont laissé des graffiti dans chaque pièce. Au-dessus du lit de Majeda, on peut lire ces mots « La mort vous trouvera ... Bientôt » griffonnés d’un stylo rouge. D’autres parties de la maison comportent des mots comme « Ne vous êtes-vous jamais demandé à quoi ressemble l’enfer ? Bah ... regardez autour de vous ----- ! Ha ha ha. »

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PHOTO (mur brûlé)
La maison de Sami Saleh Dardona, avec un graffiti israélien gravé dans les murs brûlés © Kent Klich

Dans le district de Zeytoun, où les 27 membres de la famille Samouni ont été tués par un bombardement alors qu’ils s’étaient abrités dans un immeuble où ils avaient été placés par l’armée israélienne, il y a d’autres messages qui glacent le sang. Dans la maison de Talal Al Samouni, les soldats israéliens ont écrit : « Mourrez tous ! » « Faites la guerre pas la paix » « Les Arabes doivent mourir » et une tombe avec ces mots gravés : « Arabes 1948-2009 », faisant référence aux dates entre la création de l’état d’Israël et sa dernière offensive militaire.

La cage d’escalier chez Rashad Helmi, quelques portes plus bas que le foyer d’Al Samouni, comporte les phrases suivantes écrites à la chaux :

« Il y aura un jour où nous tueront tous les Arabes »

« Mauvais pour les Arabes, bon pour moi »

« Un bon Arabe est un Arabe dans sa tombe »

« La Paix maintenant, mais entre Juifs et Juifs, non entre Juifs et Arabes »

Si beaucoup des graffiti sont incendiaires et dérangeants, il y a aussi des expressions plus humaines, écrites par des soldats las comme « Encore combien de temps resterons-nous ici ... ? » « Jusqu’à quand ? » « Nous voulons rentrer à la maison » et « Je n’ai pas d’autre pays. »

Il y a eu de nombreuses allégations tout à fait sérieuses à l’encontre du comportement des soldats israéliens opérant dans la bande de Gaza. Le Centre Palestinien pour les Droits Humains (PCHR) est en train d’enquêter sur de nombreux cas et livrera les pièces au grand jour le moment venu. Mais quel que soit le résultat de ces enquêtes, cela ne saura consoler les milliers de civils dont le sens de la sécurité qu’ils devraient pouvoir trouver dans l’intimité de leur propre foyer a été si indiscutablement violé.

Du même auteur :

- La mort de Hammad n’a pas fait la une des journaux - 24 mars 2009
- « Et ceci ? N’est-ce pas interdit ? » - 23 février 2009

18 mars 2009 - PCHR - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.pchrgaza.org/files/campa...
Traduction de l’anglais : Astre


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