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La paix : le recul d’Israël

vendredi 3 avril 2009 - 06h:38

Saeb Erekat - The Washington Post

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Israël doit lever son régime paralysant de bouclages et rétablir la circulation normale dans et hors des territoires palestiniens sous occupation. Les checkpoints, le mur israélien, le système de permis imposé aux Palestiniens et les autres restrictions sur les mouvements frustrent les Palestiniens, fragmentent la société palestinienne et étouffent notre économie.

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Le 31 mars , deux Palestiniens ont été assassinés et quatre autres blessés dans la bande de Gaza par des tirs et une incursion de l’armée israélienne, ont indiqué les services d’urgence palestiniens - Photo : AFP

La résolution du conflit israélo-palestinien demeure cruciale pour parvenir à la stabilité et à la paix au Moyen-Orient ainsi que pour faire avancer des intérêts étatsuniens vitaux.

L’administration Obama le comprend parfaitement, qui donne la priorité au processus de paix comme faisant partie d’une approche plus intégrée de la politique USA dans la région. L’engagement renouvelé des Etats-Unis en faveur d’une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens offre une dose d’espoir aux Palestiniens vivant sous le poids de l’occupation. Mais il arrive aussi à un moment où l’engagement d’Israël lui-même en faveur de la paix est remis en question après la formation d’une aile droite dans le gouvernement de coalition.

« Paix » n’est pas un mot avec lequel la droite israélienne est à l’aise, elle qui veut dominer le nouveau gouvernement d’Israël, même avec la décision des travaillistes, cette semaine, de s’y joindre. Dans ses rangs figurent ceux qui se sont longtemps opposés à une paix avec les Palestiniens, quel qu’en fût le prix ; ceux qui se servent de la couverture de la religion pour défendre des vues extrémistes ; et ceux qui ont soutenu l’expulsion de Palestiniens ou discutent maintenant de tests de loyauté visant les même résultat.

Bien des membres de ce gouvernement donnent l’exemple de certaines des pires traditions de la politique israélienne, traditions ayant pour cause commune la défense de l’expansion israélienne aux dépens des droits et de l’indépendance des Palestiniens.

Ironie qui n’a pas échappé aux Palestiniens, c’est que le nouveau Premier ministre Benyamin Netanyahu lui-même rejette virtuellement toutes les conditions préalables que la communauté internationale exigeait du gouvernement d’unité palestinien nouvellement élu en 2007, vu son refus d’accepter formellement la solution à deux états et à s’engager à appliquer les accords du passé entre Israël et l’Organisation de Libération de la Palestine.

Plus que mettre fin à l’occupation, Netanyahou a proposé une « paix économique » qui chercherait à la normaliser et à mieux la gérer. Au lieu d’un état palestinien viable, sa vision ne s’étend pas plus loin qu’une série de cantons disconnectés ayant une autonomie limitée.

Les Palestiniens ne se sont pas impliqués dans des années de négociations pour les voir échouer. Mais notre patience n’est cependant pas illimitée. Si les efforts pour renforcer le processus de paix ont la moindre chance de succès, trois facteurs seront cruciaux à cet égard.

Le premier est la résolution. Palestiniens et Israéliens doivent renouveler leur engagement à la vision des deux états existant côte à côte dans la paix et la sécurité.

Depuis 1988, quand l’OLP a pris la décision historique d’accepter formellement la solution des deux états comme base de négociation pour un règlement négocié avec Israël, cette vision a été au c ?ur du combat palestinien pour l’autodétermination, et elle est demeurée notre position régulière cohérente tout au long des négociations.

Le nouveau gouvernement israélien doit affirmer sans équivoque son soutien de la solution à deux états et l’établissement d’un état palestinien indépendant et pleinement souverain basé sur les frontières de 1967, et il doit s’engager par rapport aux accords du passé entre Israël et l’OLP. Sans ces engagements, les Palestiniens n’auront pas de partenaire pour la paix.

Le deuxième facteur va au c ?ur de la crédibilité. En violant de manière répétée ses obligations découlant de précédents accords, Israël a sapé toute la crédibilité du processus de paix. Restaurer cette crédibilité est vital.

Cela exige qu’Israël applique un gel immédiat et total de ses activités coloniales, y compris toute croissance naturelle et la construction du mur israélien, conformément au droit international et à ses obligations de la « Feuille de route » de 2003. Sans un gel des implantations, il ne restera pas de solution à deux états valable.

Israël doit aussi lever son régime invalidant de bouclages et rétablir un mouvement normal vers, hors de aussi bien qu’à l’intérieur des territoires palestiniens occupés. Les postes de contrôle, le mur de sécurité, le système des permis imposé aux Palestiniens et les autres restrictions de circulation frustrent la vie des Palestiniens, fragmentent la société palestinienne et étranglent notre économie.

En relation avec cela, il y a l’urgence de rouvrir les passages aux frontières de Gaza pour permettre le mouvement des biens et des personnes vers et hors de Gaza, et particulièrement les fournitures humanitaires ainsi que les matériaux de reconstruction dont le besoin est crucial.

Le troisième facteur concerne la responsabilité. Un mécanisme de mise en application destiné à rendre les deux parties responsables de leurs obligations découlant des précédents accords doit être établi par le Quartet constitué des Etats-Unis, des Nations Unies, de l’Union européenne et de la Russie. Et l’Amérique doit servir d’intermédiaire honnête capable de créer une situation équitable entre Palestiniens et Israéliens au cours des pourparlers.

Heureusement, il existe une base solide pour avancer le processus, qui complète le dynamisme de l’Amérique pour une paix régionale globale. Proposée une première fois en 2002, l’Initiative arabe pour la paix offre à Israël la normalisation complète avec 57 états arabes et musulmans en échange d’une cessation de l’occupation israélienne de territoires arabes et d’une solution juste et convenue pour les réfugiés palestiniens.

Le processus de paix est en sursis. Sa crédibilité étant en jeu, il ne survivra pas à une autre série de négociations ratées - pas plus que la solution des deux états. C’est dans ce contexte que les choix posés par le Premier ministre Netanyahu seront jugés. Et c’est dans ce contexte que la promesse de changement offerte par le Président Obama prend toute son importance.

* Saeb Erekat est négociateur en chef pour la Palestine.

28 mars 2009 - The Washington Post - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.washingtonpost.com/wp-dy...
Traduction de l’anglais : Marie Meert


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