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Les réfugiés et exilés Palestiniens doivent avoir leur mot à dire

mardi 23 janvier 2007 - 06h:54

Rima Merriman

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Aujourd’hui, les Palestiniens réfugiés et exilés en dehors des territoires occupés se sentent complètement exclus aussi bien de la politique nationale que du débat qui se déroule actuellement dans les territoires sous occupation. Ils regardent avec consternation et un sentiment d’impuissance la rancune qui s’étale dans les territoires palestiniens. Ils observent ceux qui à l’intérieur sont pris dans une toile faite de luttes de pouvoirs et de ruptures passionnelles, et dont l’intensité et l’égarement leur paraissent incompréhensibles.

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1948 - Près d’un million de Palestiniens ont été chassés de leur terre.

Cette fragmentation dans le processus politique palestinien a longtemps été en gestation. L’Autorité Nationale Palestinienne, issue des négociations d’Oslo, est conçue pour représenter uniquement les Palestiniens résidant dans les territoires occupés et pour fonctionner comme relais administratif d’Israël.

L’arrivée du mouvement Hamas sur la scène politique palestinienne a remis avec force au premier plan la question de la représentation proportionelle pour les Palestiniens. Au lieu de renforcer la démocratie et leur représentation, les élections au Conseil législatif Palestinien excluent les Palestiniens vivant en dehors des territoires. A la vue de leurs résultats, ces dernières élections ont en plus été considérées par la communauté internationale comme non pertinentes.

L’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), considérée par les Nations Unies et la Ligue Arabe en 1974 comme étant la voix unique et légitime des Palestiniens, est aujourd’hui séparée fonctionellement et structurellement de la Diaspora palestinienne. Ses liens avec l’extérieur ont été affaiblis et marginalisés au moment où le noyau dirigeant de l’OLP s’est établi en Cisjordanie et à Gaza dans la foulée des négociations d’Oslo en 1994.

Ce que tout cela signifie, c’est que la grande majorité des Palestiniens sont privés de droits civiques. Le nombre de Palestiniens dans le monde entier à la fin de 2006 a été estimé par le Bureau Central Palestinien des Statistiques à environ 10,1 millions. De ces derniers, seulement 39,2 % (ou 3,95 millions) vivent dans les territoires occupés.

Un participant à une des réunions publiques conduites par CIVITAS, un projet de recherche sur les communautés palestiniennes vivant dans l’exil, a exprimé ainsi ses sentiments d’exclusion du processus politique : « Avant les traités de paix, les partis politiques palestiniens étaient plus efficaces, et nous avons eu un écho : nous avons travaillé correctement ! Nous avons fait entendre notre voix au monde entier. Mais le monde n’entend plus aujourd’hui que les voix du président palestinien et de son premier ministre. En tant que citoyen, je n’ai plus de parole. Sa voix prend toute la place. Mais avant le processus de paix ma voix avait été entendue. Si cette paix a pour effet que l’on ne m’entende plus, alors je n’en veux pas ! »

Les aspirations nationales des réfugiés Palestiniens de l’extérieur et de l’intérieur s’appuient principalement sur un programme simple et concis : le droit au retour. Les deux groupes de population doivent faire face à la pauvreté et aux terribles défis que sont la santé et l’éducation. Mais alors que les réfugiés de l’intérieur sont soumis à des confrontations sanglantes et quotidiennes avec celui qui est responsable de leur dépossession [l’état israélien], ceux de l’extérieur ont leurs propres croix à porter qui dépendent de l’endroit où ces réfugiés ont été fixés. Le manque de documents juridiques, de passeports, de documents de voyage ou de pièces d’identité, les systèmes électoraux injustes, le refus du droit au travail et l’absence de droits pour accéder à la propriété et à l’héritage ne sont que quelques-unes des difficultés rencontrées.

Malgré qu’elle soit tout à fait impuissante à représenter les Palestiniens réfugiés dans ou hors les territoires, l’Autorité Nationale Palestinienne entretient d’inefficaces consulats tout autour du monde qui ne font que soulever de faux espoirs et provoquer des frutstrations parmi les exilés palestiniens aussi bien que parmi ceux autorisés par Israël à résider dans les territoires occupés : « N’importe quel citoyen qui a une autre nationalité recourrait à son ambassade en cherchant sa protection ou son aide. Par conséquent j’exige de mon ambassade qu’elle m’offre ceci en tant que Palestinien. Nous ne voulons pas qu’elle nous donne de l’argent, nous voulons juste qu’elle nous défende, et nous voulons éprouver la sensation que nous appartenons à cette ambassade et qu’elle peut nous protéger quand nous avons besoin de protection. C’est tout ce que je demande à mon ambassade qui représente mon pays » (CIVITAS, un participant au meeting du Caire, en Egypte).

Durant toutes les décennies passées, les efforts internationaux pour aider les Palestiniens ont eu pour but de faire accepter aux Palestiniens des compromis « douloureux », et de « dé-historiciser » le conflit en ignorant les droits de ceux qui se retrouvaient à l’extérieur des territoires occupés en les traitant au mieux en tant que bénéficiaires d’une aide humanitaire.

Même l’agence des Nations Unies [United Nations Relief Works Agency] censément au premier rang de la défense des droits des réfugiés, a été réduite par ses bailleurs de fonds à un fournisseur de services qui va jusqu’à imposer des restrictions sur la façon dont les Palestiniens s’expriment dans les camps de réfugiés : « Comme professeurs de l’UNRWA, nous sommes forcés de signer un document qui nous interdit de discuter de politique, particulièrement de la question palestinienne des réfugiés, avec nos étudiants, que ce soit directement ou indirectement. Celui qui refuse de signer est renvoyé. Il est illégal d’exposer quoi que ce soit dans les écoles qui soit une référence à l’Intifada ou à la révolution palestinienne ou qui rappelle nos droits en tant que réfugiés. »

Ce qui est mis sur la table actuellement par le « plan de paix » est un plan unilatéral israélien qui a le soutien des Etats-Unis pour un état palestinien provisoire. Ce plan signifie l’annexation israélienne de 15% supplémentaires de la Cisjordanie et de la grande majorité de ses nappes phréatiques, un plan dont les dispositifs essentiels sont déjà des « faits accomplis sur le terrain ». Du côté palestinien, nous trouvons une proposition basée sur un référendum et rédigée par des responsables Palestiniens de diverses factions enfermés dans les prisons israéliennes.

Ce plan abandonne les revendications territoriales palestiniennes au-delà des frontières de 1967 et promet une reconnaissance complète de l’état israélien de la part des états Arabes. C’est une proposition qui n’a qu’une légitimité partielle car elle n’inclut pas l’accord des Palestiniens vivant à l’extérieur les territoires occupés ni de la vaste Diaspora. Inutile de dire que ni le côté israélien, ni le côté palestinien, même sous sa forme d’un consensus partiel et ambigu, n’acceptent le plan de l’autre.

Mais continuer à donner la priorité aux préoccupations des habitants de Cisjordanie et de la bande de Gaza par rapport à celles des Palestiniens de l’extérieur représente une bombe à retardement plantée au coeur du processus de paix. Leur implication garantirait que les racines historiques du conflit, qu’Israël a nié pendant des décennies en utilisant pour ce faire tout son monstrueux appareil d’état, seraient prises en compte comme c’est le droit de chaque Palestinien qu’il en soit ainsi. Israël doit comprendre que les Palestiniens n’oublieront jamais ces origines du conflit.

Voici ce qu’un participant de CIVITAS à une réunion publique à Toronto au Canada a déclaré : Les « jeunes Palestiniens devraient pouvoir aller visiter leurs villes juste comme les sionistes le font par leur programme du droit de naissance ; après tout, il y a beaucoup de Palestiniens dans le monde avec une citoyenneté étrangère. Ainsi pourquoi pas des visites organisées à Yafa, et l’incitation de la jeunesse à retourner dans sa patrie ? »

Les Palestiniens doivent commencer à construire des infrastructures politiques réservées aux Palestiniens vivant en dehors de la Cisjordanie et de la bande de Gaza ; ces Palestiniens n’ont jamais abandonné leur droit au retour et ils doivent pouvoir disposer d’un rôle actif et constructif dans le processus de prise de décision.

Rima Merriman est citoyenne américaine et palestinienne vivant à Ramallah en Cisjordnaie, territoire palestinien sous occupation.

15 janvier 2007 - electronicintifada.net - Vous pouvez consulter cet article à :
http://electronicintifada.net/v2/ar...
Traduction : Claude Zurbach


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