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L’enquête sur les allégations au sujet de Gaza arrive trop tard

dimanche 22 mars 2009 - 07h:11

Amos Harelouvel - Haaretz

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La publication, jeudi, par Haaretz, des récits de soldats ayant participé à l’opération contre Gaza a déjà eu une répercussion importante.

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T-shirt commandé par ce soldat des francs-tireurs. L’inscription dit : d’un coup de feu, deux morts

Le procureur militaire, Avihai Mandelblitt, a ordonné à la police militaire de mener deux enquêtes au sujet des commentaires faits par les chefs de section Givati dans leur alma mater, l’académie militaire préparatoire, au sujet des incidents au cours desquels, selon eux, des civils Palestiniens auraient été tués. Jusqu’ici, l’armée s’est contentée de mener ses enquêtes sur les opérations et a complètement évité toutes poursuites criminelles.

En attendant, et avec la même efficacité, la FID a pris une autre mesure : elle s’est empressée de discréditer le témoignage et les motifs du directeur de l’académie, Danny Zamir.

Jeudi après-midi, les médias s’étaient entendu dire confidentiellement que :

1. Zamir est un refuznik bien connu (c’est vrai en partie, car il a refusé de servir dans les territoires en 1990 ; cela ne l’a toutefois pas empêché d’avoir de l’avancement dans les réserves, ni d’être nommé au poste de directeur du comité de préparation militaire de l’académie).
2. Les récits montrent que Zamir « incite » ses élèves à faire des dépositions accablantes (Là, il y a problème. Les procès-verbaux montrent que les soldats ont relaté leurs expériences volontairement, même s’ils n’en étaient pas fiers).
3. Zamir a caché les procès-verbaux à la FID, mais il s’est empressé de les communiquer à la presse.

Cette allégation, excusez-moi, ne tenait pas la route et dans la soirée, l’armée s’était rétractée. Les échanges de courriels entre Zamir et le bureau du chef d’état-major montrent que Zamir l’avait mis au courant le 23 février. Le 5 mars, il a envoyé le procès-verbal à un collaborateur d’Ashkenazy qui le lui avait demandé.

À moins que le bureau de l’état-major n’ait eu du mal à ouvrir un document « Word » (et connaissant le colonel Erez Weiner, cela est peu probable) l’armée connaissait les témoignages depuis deux semaines. Cette chronologie soulève une autre question troublante : pourquoi l’information n’a-t-elle pas été transmise immédiatement au procureur militaire ? Il est bizarre qu’il ait fallu que les articles paraissent dans la presse pour déclencher une réaction.

Et maintenant, l’allégation la plus intéressante : l’après-midi même, l’armée pouvait déclarer que l’enquête sur le témoignage concernant la mère et les deux enfants abattus avait abouti à des conclusions préliminaires. Le commandant de la brigade Givati, Ilan Malkha, a convoqué le chef de section qui avait raconté l’histoire et qui avait admis qu’il s’était fié uniquement aux rumeurs circulant dans la compagnie. Il va sans dire que le soldat n’a pas été dépêché pour donner sa version remaniée à la presse.

Une des tâches les plus importante des relations publiques est de limiter les dégâts quand il y a un problème d’image. Il est impressionnant de voir l’énergie qui y a été consacrée ce jeudi, mais il est décevant - si pas surprenant - de voir avec quel enthousiasme les grands organes de presse ont accepté les allégations de la FID, soit parce que l’information était relayée par la concurrence, soit qu’elle émanait de ceux dont le témoignage n’est pas conforme à la manière dont « notre FID » est censée agir.

Le tout s’est accompagné d’une intensive chasse aux sorcières pour retrouver les sources et d’une campagne d’intimidation contre les diplômés du cours préparatoire Oranim (pendant les 10 dernières années ,le gauchiste Zamir a formé bon nombre de commandants de compagnie décorés).

Toutefois l’histoire a fait le tour des unités combattantes. Les officiers qui ont parlé avec Haaretz considèrent que les témoignages qu’ils ont lus sont très crédibles. D’autres ont relevé que ce n’est pas par hasard que certaines unités (Givati et Golani) semblent plus exposées à de telles suspicions que d’autres (les paras).

La rapidité avec laquelle la FID a lancé les enquêtes est digne d’éloges. Les enquêtes devraient se concentrer sur la crédibilité des récits et sur la manière dont les officiers supérieurs supervisent les opérations.

En 2004, quatre années après le début de la deuxième intifada, deux prévisions pessimistes avaient été publiées concernant les implications à long terme du soulèvement. « Je suis assurément inquiet » avait dit le premier intervenant. « Il est évident que nous payons le prix de cette guerre. La responsabilité de l’officier est de protéger les soldats contre leurs instincts et de leur expliquer les règles de comportement à suivre. Notre problème c’est que les soldats ne tiennent pas compte des problèmes quand ils sont en uniforme ».

Le second intervenant partageait le même souci. « Je me préoccupe le plus » dit-il « de la perte d’humanité qu’engendre une longue guerre ».

Et de qui émanaient ces paroles ? Ce n’étaient pas deux journalistes ennemis de l’État. Le premier était alors Chef d’état-major (et actuellement candidat au poste de ministre de la défense) Moshe Ya’alon. Le second était son adjoint, l’actuel chef d’état-major Gabi Ashkenazi.

22 mars 2009 - Haaretz - Cet article peut être consulté ici :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
Traduction de l’anglais : Anne-Marie Goossens


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