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Il faut ouvrir les frontières de Gaza - Nations Unies

samedi 7 mars 2009 - 06h:18

IRIN

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Lors de sa première visite dans les Territoires palestiniens occupés, Abdul Aziz Arrukban, envoyé spécial humanitaire du secrétaire général des Nations Unies, a rencontré les responsables des organisations humanitaires pour passer en revue les meilleurs moyens d’acheminer l’aide d’urgence dans Gaza, de même que les habitants de Gaza pour évaluer l’aide qu’ils recevaient réellement.

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Abdul Aziz Arrukban aux côtés de familles déplacées, à Jabaliya Est. Leurs foyers ont été détruits par les forces israéliennes au cours du conflit. Photo : Erica Silverman/IRIN

« Les frontières sont toujours fermées, et les biens et les matériaux de construction ne peuvent toujours pas être acheminés [dans Gaza] », a expliqué M. Arrukban, Saoudien de nationalité, qui agit sous la supervision directe de Ban Ki-Moon, secrétaire général des Nations Unies, et de John Holmes, secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires.

Depuis la fin, le 18 janvier, d’une campagne militaire menée par les forces israéliennes pendant 23 jours dans la bande de Gaza, M. Arrukban a négocié auprès de deux pays du Golfe l’octroi au territoire côtier dévasté de plus de 50 millions de dollars d’aide humanitaire, versés par l’intermédiaire des agences des Nations Unies.

Le Qatar a accordé 40 millions de dollars, dont 30 millions ont été directement versés aux agences onusiennes de Gaza et 10 millions, au Fonds central d’intervention d’urgence (CERF), un fonds de réserve créé par les Nations Unies pour permettre la prestation d’une aide humanitaire aux populations touchées par les catastrophes naturelles et les conflits armés. Gaza a reçu du CERF huit millions de dollars d’aide immédiatement après la fin du conflit.

L’Arabie saoudite a également versé 10,5 millions de dollars ; sur cette somme, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a reçu six millions de dollars pour financer l’aide alimentaire d’urgence, et 500 000 dollars pour l’achat de carburant. Quatre millions de dollars ont également été alloués au Programme alimentaire mondial (PAM).

M. Arrukban, qui fait la liaison entre les agences humanitaires des Nations Unies, les bailleurs, les gouvernements et le secteur privé au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, s’est rendu à Gaza pour constater de lui-même l’étendue des dégâts dans l’enclave, et s’assurer que les habitants les plus vulnérables de la bande recevaient bel et bien du matériel de secours.

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Conséquences d’une frappe de missiles à Rafah : les populations ont désespérément besoin d’aide
Fermeture régulière des frontières. Photo : Iyad El Baba/UNICEF-oPt

La question la plus urgente, lui ont expliqué les responsables humanitaires, concerne la fermeture régulière, par Israël, des points de passage frontaliers qui permettent de se rendre dans Gaza.

«  L’aide ne peut être acheminée que si les points de passage sont ouverts », a indiqué Christina Blunt, directrice du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) à Gaza, au cours d’une séance d’information organisée pour M. Arrukban par les directeurs des agences onusiennes de l’enclave.

Ces dernières semaines, environ 120 camions ont été autorisés à entrer dans Gaza chaque jour par les autorités israéliennes, selon les estimations d’OCHA ; environ la moitié d’entre eux étaient des véhicules du secteur privé. En mai 2007, avant la victoire électorale du Hamas à Gaza et l’embargo qui s’est ensuivi, environ 475 camions y entraient chaque jour.

L’envoyé des Nations Unies a rencontré les responsables du Croissant-Rouge égyptien pour tenter de mettre en place un système permettant de faciliter l’importation d’environ 9 000 tonnes de « dons bilatéraux non-sollicités » en faveur des populations de Gaza, selon les termes employés dans un rapport publié récemment par le groupement logistique. Israël n’a pas autorisé l’entrée de cette aide - dont une bonne partie n’a fait l’objet d’aucune déclaration écrite et n’est pas destinée à des organismes désignés - sur son territoire ; elle est conservée à al-Arish, en Egypte.

Le gouvernement égyptien a chargé le Croissant-Rouge égyptien de conserver ces donations, qui proviennent d’un certain nombre de pays du Moyen-Orient, notamment d’Egypte, d’Arabie Saoudite, du Qatar, du Koweït, de Jordanie, du Yémen et de Libye.

Si une partie de l’aide a pu être acheminée dans Gaza, 1 700 palettes de produits humanitaires restent bloquées en Israël, selon le rapport du groupement logistique.

Le désespoir des populations

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Abdul Aziz Arrukban visite les sections bombardées et couvertes de décombres du service des urgences et des locaux administratifs de l’hôpital Al-Quds de Gaza-ville (Croissant-Rouge). Photo : Erica Silverman/IRIN

Certains des 1,5 million d’habitants de la Bande, territoire de 365 kilomètres carrés et douzième zone la plus densément peuplée de la planète, ont désespérément besoin d’aide. Sous une pluie torrentielle, M. Arrukban s’est rendu auprès d’habitants déplacés dans la région d’Abed Rabbo, à Jabaliya.

« J’ai peur de reconstruire une nouvelle fois ma maison », a confié Henan Salah, une mère de 40 ans. Ses six enfants et elle-même vivent aujourd’hui dans la seule pièce qui reste de leur domicile depuis qu’un missile israélien s’y est abattu. Mme Salah a expliqué qu’il y a huit mois à peine, elle avait reconstruit sa maison, détruite à la suite d’une incursion des forces israéliennes. N’ayant pas les moyens d’acheter du gaz domestique, elle a dû démolir ce qui lui restait de meubles pour faire du feu.

Dans certaines régions, les communautés des zones densément peuplées où les chars israéliens ont infligé de lourds dommages vivent désormais dans des tentes.

«  Le froid nous tue », a déclaré Khalil al-Gharabli en montrant du doigt sa femme et ses six enfants, assis sur une charrette à âne, près des ruines de leur maison. M. Al-Gharabli, aujourd’hui sans emploi, travaillait auparavant comme ouvrier agricole en Israël.

Les préoccupations des bailleurs

M. Arrukban a expliqué qu’il devait apaiser les craintes des bailleurs, inquiets à l’idée que leurs fonds puissent être gaspillés si les terres agricoles et les logements reconstruits sont systématiquement détruits au cours des invasions israéliennes.

Tout aussi important, peut-être, M. Arrukban a dit espérer qu’il parviendrait à accroître la confiance des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) dans le fonctionnement du système humanitaire multilatéral.

Selon les estimations des responsables des Nations Unies, pas moins de 90 pour cent des donations saoudiennes en faveur de Gaza sont bilatérales - au gouvernement, aux organisations non-gouvernementales et aux associations caritatives. Les bailleurs sont encouragés à verser des fonds et, s’ils choisissent malgré tout de donner des biens, à veiller à les destiner à une organisation bénéficiaire de Gaza, pour s’assurer qu’ils pourront être acheminés dans la bande.

M. Arrukban se rendra ensuite à Doha et Riyad pour solliciter la contribution des bailleurs, afin de faciliter la reconstruction et le redressement économique de Gaza.

Gaza ville, le 2 mars 2009 - IRIN


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