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Gaza peut-elle se reconstruire sans les tunnels ?

samedi 28 février 2009 - 07h:00

Ann Wright
CommonDreams.org

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Comment reconstruire 5.000 maisons, commerces et bâtiments gouvernementaux quand les seules fournitures qui entrent dans la prison appelée Gaza passent par les tunnels ?

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Au début du 21e siècle, les pays dits "civilisés" réduisent toute une population assiégée à dépendre de tunnels creusés plusieurs dizaines de mètres sous terre, pour pouvoir s’approvisonner en produits les plus élémentaires...

Les poutres en acier des toitures venant d’Egypte se plieront-elles à 90° afin de passer par les tunnels ? Les tonnes de ciment, de bois de charpente, de matériaux pour toitures, de clous, de plaques de plâtre et de peinture peuvent-ils être traînés à la main charge après charge, à 20 mètres sous terre par un tunnel de 150 à 200 mètres de long puis hâlés à travers un trou de 20 mètres pour être déposés dans un camion à Gaza ?

Les portes de Gaza se sont à nouveau refermées le jeudi le 5 février, le jour où notre groupe de trois personnes a quitté Gaza n’ayant eu le droit d’y séjourner que pendant 48 heures. Le gouvernement égyptien a fermé le passage frontalier de Gaza prolongeant le blocus et siège qui dure depuis 16 mois. Le passage avait été brièvement ouvert pour permettre les fournitures médicales et humanitaires d’entrer à Gaza à la suite des attaques dévastatrices de 22 jours par l’armée israélienne. Les attaques ont tué 1.330 Palestiniens et en ont blessé 5.500 autres. Le gouvernement israélien dit que le but des attaques était de punir le Hamas et les autres groupes pour avoir tiré des roquettes non ciblées sur Israël, roquettes qui depuis 2001 ont tué environ 13 Israéliens. La plupart des observateurs internationaux ont qualifié la réponse israélienne aux attaques de roquettes de disproportionnée et la punition collective comme constitutifs de crimes de guerre.

Aujourd’hui, 17 jours après que les portes se sont refermées sur Gaza, elles demeurent toujours hermétiquement closes. Les pourparlers de cessez-le-feu au Caire entre le gouvernement israélien et le Hamas sont au point mort. L’ouverture de la frontière avec l’Egypte est un point contentieux des négociations du cessez-le-feu.

La reconstruction des maisons, des commerces et des usines sont pour les habitants de Gaza en attente. Plus de 5.000 maisons et immeubles d’appartements ont été détruits et des centaines de bâtiments gouvernementaux dont le Parlement, ont été démolis. Deux usines de ciment au nord de la Bande de Gaza ont été totalement détruites par les bombes israéliennes. Le porte-parole du ministre Olmert, Mark Regev, dit que les matériaux de construction tels que l’acier et le ciment pourraient être utilisés par le Hamas pour construire d’autres bunkers et roquettes.

Les dissensions au sein des rangs palestiniens entre le Fatah et le Hamas continuent même après l’attaque israélienne brutale sur Gaza. Le premier ministre Salam Fayyad veut de l’aide (peut-être jusqu’à 2 millions de dollars) pour reconstruire Gaza et que cet argent soit directement envoyé à chaque propriétaire d’une maison à Gaza, ce qui permettrait aux donateurs de contourner le gouvernement élu du Hamas. Les USA, Israël et d’autres pays ont désigné le Hamas comme étant une organisation terroriste et ils ne veulent pas que l’aide internationale arrive dans un Gaza administré par le Hamas et ce, malgré le fait que ce sont les gens de Gaza qui ont élu le gouvernement du Hamas. Le 2 mars, une conférence de donateurs internationaux se tiendra en Egypte pour discuter du coût de la reconstruction de Gaza.

Qui profite de la guerre et de l’occupation ?

Les fournitures pour la reconstruction de Gaza devront être amenées de l’extérieur. Israël contrôle 90% des terres frontalières de Gaza (les frontières septentrionales et orientales) et 100% de l’océan du côté ouest de Gaza. L’Egypte contrôle la frontière sud avec Gaza.

Les Israéliens qui ont bombardé Gaza sont les principaux bénéficiaires financiers de la reconstruction de Gaza. Ils l’ont bombardé et maintenant ils vont vendre les matériaux de reconstruction pour reconstruire ce qu’ils ont détruits tout comme les Etats-Unis l’avaient fait en Irak. Les Egyptiens vont également bénéficier financièrement grâce au prix élevé des petits matériaux de construction qui passeront par les tunnels et qui sans doute y transitent déjà depuis 6 semaines. Des femmes israéliennes (Coalition of Women for Peace) ont crée un site web qui détaille les profits de l’occupation.

Un autre site web est sans doute en construction, site qui va traquer les compagnies israéliennes, égyptiennes et américaines qui vont bénéficier du bombardement de Gaza.

Echange de prisonniers comme élément du cessez-le-feu

Le premier ministre Ehud Olmert et son cabinet de sécurité ont déclaré cette semaine qu’aucun passage frontalier n’ouvrira tant que le soldat israélien Gilad Shalit ne sera pas rendu à Israël. Shalit a été capturé par le Hamas en 2006 lors d’un raid israélien qui a pénétré dans Gaza. Le Hamas demande en échange la libération de 1.400 prisonniers palestiniens.

Le porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum dit que le Hamas « ne s’opposerait pas » à la libération de Shalit si Israël libérait 1.400 des 11.000 prisonniers palestiniens détenus par Israël dont les parlementaires élus en 2006 à Gaza. Israël avait consenti dans le passé d’échanger un grand nombre de prisonniers palestiniens contre quelques soldats capturés (ou leurs cadavres). Mais les officiels israéliens et palestiniens ne sont pas tombés d’accord sur le lieu où seraient envoyés les prisonniers libérés après l’échange. Israël veut que tous les prisonniers soient expulsés du pays et le Hamas veut qu’ils retournent dans leurs foyers à Gaza ou en Cisjordanie.

« Ouvrez les frontières » dit la Délégation Internationale pour Gaza

Le 5 mars, pour la Journée Internationale de la Femme, je ferais partie d’une délégation internationale de 30 membres qui se rendra sur la frontière de Gaza avec l’Egypte en solidarité avec les femmes de Gaza. Des Israéliennes seront au point de passage frontalier israélien à l’entrée de Gaza. Des groupes dans le monde entier participeront pour faire pression sur les gouvernements israéliens, égyptiens et américains afin que les frontières s’ouvrent et que ses habitants puissent reconstruire leurs vies. Pour plus d’information au sujet de la délégation internationale, voir : http://www.codepinkalert.org/articl...

*Ann Wright (62 ans) est un vétéran de l’armée américaine de réserve, retraitée en tant que colonel et ancienne diplomate des USA et qui a démissionnée en mars 2003 en opposition à la guerre en Irak. Elle a servi au Nicaragua, Grenade, Somalie, Ouzbékistan, Kirghizie, Sierra Leone, Micronésie et Mongolie. En décembre 2001, elle faisait partie d’une petite équipe qui a ré-ouvert l’ambassade des Etats-Unis à Kaboul, Afghanistan. Elle est également la co-auteur du livre « Dissent : Voices of Conscience »

24 février 2009 - Common Dreams.org - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.commondreams.org/view/20...
Traduction : Ana Cléja


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