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Il meurt parce que les soldats lui ont barré la route de l’hôpital

vendredi 19 janvier 2007 - 13h:48

B’Tselem

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Ce témoignage a été apporté par Adnan a-Shtiveh, chauffeur de taxi, le 13 décembre 2006 à l’organisation B’Tslem.

" Je suis chauffeur de taxi. Je fais la route entre notre village et Naplouse. Hier - mardi 12 décembre - vers 1h30 de l’après-midi, j’étais dans le secteur d’al-Muhalal, à environ un kilomètre de Naplouse. Là, je me suis trouvé face à environ huit jeeps de l’armée et à un bulldozer israéliens. Ils étaient garés dans le milieu de la route et personne ne pouvait passer.

" Avant l’aube, une charge d’explosif posée par des activistes avait sauté au passage d’une jeep militaire. Quand je suis arrivé, le bulldozer était en train de défoncer la route, ce qui rendait impossible tout passage. Des véhicules qui venaient de Tel vers Naplouse ont pris un chemin escarpé et non entretenu pour y aller. J’ai préféré attendre que les soldats me laissent passer car ma voiture est toute neuve et je ne voulais pas l’endommager sur les cassis de la déviation.

" Vers 2h30, Imad Salak, qui est de mon village, est arrivé avec son taxi. Isma’il a-Sifi, 44 ans, qui est aussi de mon village, était à côté de lui. Je me tenais tout près de ma voiture. J’ai dit bonjour à Imad. Il m’a demandé si je pouvais voir si les soldats le laisseraient passer parce qu’il conduisait Isma’il à l’hôpital, Isma’il s’était effondré en quittant la mosquée et avait perdu conscience. J’ai demandé à Isma’il : « Qu’est-ce que tu as ? ». Il ne m’a pas répondu et semblait vraiment inconscient. Je me suis dirigé vers la première jeep qui n’était qu’à quelque 5 mètres de moi. En hébreu, je dis au soldat assis sur le siège passager avant qu’il y avait un homme très malade dans une voiture et qu’il devait se rendre d’urgence à l’hôpital. Il m’a répondu qu’il allait voir. Je suis revenu vers Imad et lui ai dit ce que le soldat m’avait répondu.

" Après trois ou quatre minutes, trois soldats - le chauffeur, le soldat à qui j’avais parlé et un autre qui était derrière - descendent de la jeep. Ils observent Isma’il. Mais comme s’ils ne s’intéressaient pas à lui. Puis ils sont retournés à leur jeep et j’ai entendu le soldat qui était assis près du chauffeur parler à la radio, disant qu’ils avaient un homme malade. La voix à la radio lui a dit qu’il était interdit de passer, malade ou non. J’ai dit à Imad qu’il devait prendre la déviation car ils n’allaient pas le laisser passer. Il a fait demi-tour et a emprunté le chemin.

" Je suis resté à attendre que les soldats aient fini de défoncer la route ou qu’ils me laissent passer. J’ai attendu pour rien jusqu’à 3h30 et j’ai décidé alors de prendre la déviation vers Naplouse. Cela m’a pris environ cinquante minutes parce que je faisais attention à ma voiture et je conduisais très doucement.

" Quand je suis arrivé dans la rue de l’université d’al-Najah, j’ai vu Radi Salim. Lui aussi est chauffeur de taxi et de mon village. Il s’est arrêté et m’a questionné sur la route bloquée. Je lui ai dit que les soldats ne laissaient toujours pas passer les voitures. Il m’a appris qu’Isma’il était mort. Ça m’a bouleversé. Je lui ai dit que je l’avais vu au barrage et qu’il avait été emmené à l’hôpital par le chemin de contournement pour aller plus vite. Il me répond qu’Isma’il était mort peu de minutes avant d’arriver à l’hôpital et qu’il avait fait une attaque cérébrale (angina attack). Ce qu’il m’a dit m’a beaucoup attristé. Si les soldats l’avaient laissé passé, les docteurs auraient sans doute pu le sauver. Il fallait seulement cinq à sept minutes pour arriver à l’hôpital par la route où nous étions.

"A peu près 15 minutes plus tard, Radi Salim m’a appelé pour me dire que les soldats avaient quitté le secteur et que je pouvais rentrer par la route normale."


Adnan Abd a-Latif Mustafa a-Shtiyeh, 30 ans, marié avec 5 enfants, est chauffeur de taxi et habite le village de Tel, du district de Naplouse. Son témoignage a été donné à Salma Deba’i, à Naplouse le 13 décembre 2006.

Rapport B’Tselem, 18 janvier - http://electronicintifada.net/v2/ar...
Trad.:JPP ; photo archive : Dienst Bill, activiste USA.


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