Le piège de la division
mercredi 4 février 2009 - 09h:53
Morsi Attalla - Al-Ahram/hebdo
Bien qu’Israël ait annoncé le cessez-le-feu à Gaza, il poursuit une guerre médiatique féroce contre la cause palestinienne sur la scène internationale, et plus particulièrement sur la scène européenne. Cette guerre médiatique n’est pas moins dangereuse que la guerre barbare déclenchée contre Gaza.
Aujourd’hui, Washington ainsi qu’un nombre de capitales européennes se sont transformées en minarets ouverts sur lesquels se dressent avec audace les partisans d’Israël. L’objectif est d’attirer les regards de l’opinion publique mondiale loin des massacres et des crimes atroces commis contre les civils à Gaza.
Le danger réel de la guerre médiatique réside dans l’absence totale d’une puissance médiatique arabe influente et capable de réfuter les mensonges diffusés par Israël. Effectivement, les mensonges et les prétentions israéliens deviennent de plus en plus flagrants, en particulier après le témoignage du secrétaire général de l’Onu lui-même, qui a visité Gaza et témoigné du volume effrayant du massacre commis par Israël contre Gaza.
Il est remarquable qu’Israël continue, dans sa guerre médiatique, à employer les mêmes prétextes et les mêmes termes. Les partisans d’Israël annoncent le droit de l’Etat hébreu à se comporter ainsi sous prétexte que les nécessités de la sécurité lui donnent le droit à l’agression et lui donnent à lui seul le droit de s’armer tout en ôtant ce droit à ses ennemis. Selon le point de vue diffusé par les membres de la campagne médiatique, cette situation garantit à Israël sa sécurité, puisqu’il est le seul à posséder l’arme tandis que dans le cas contraire, le terrorisme sévira pour menacer la sécurité de l’Etat hébreu qui se considère comme la façade de la civilisation occidentale au Proche-Orient.
Ce qui est inquiétant c’est qu’Israël, en guettant les éventualités d’une nouvelle politique américaine, tente de jouer sur la corde de l’effroi ressenti par la conscience et la pensée américaines envers le terrorisme. Et ce, pour ne donner aucune chance à la nouvelle Administration américaine d’effectuer des pas qui attireraient les regards vers la cause palestinienne.
La situation critique actuelle et les défis qu’elle relève face aux Arabes ne permettent pas de perdre encore plus de temps dans des échanges inutiles d’accusations sur la scène arabe.
Par exemple, l’acceptation arabe de continuer à proposer l’initiative arabe pour la paix et de donner au nouveau président américain l’occasion d’entrer en contact avec cette initiative ne signifie pas que le monde arabe ne possède aucun autre moyen de faire face à Israël. Malheureusement, des voix arabes ont annoncé le refus de l’initiative, dont l’objectif est d’attirer le regard du monde entier sur la volonté de la nation arabe de réaliser une paix juste basée sur les principes de la légitimité internationale.
Le prétexte de ceux qui s’opposent à l’initiative est qu’Israël n’a pas présenté quoi que ce soit qui prouverait ses bonnes intentions ou son respect de l’initiative. Or, ceux qui refusent cette solution doivent revenir en arrière et se rappeler l’initiative de paix faite par l’Egypte en 1977. En effet, l’Egypte avait réussi à faire rater à Israël l’occasion de lui faire perdre patience et de renoncer aux négociations. Pendant les négociations, Israël prétendait qu’il était impossible de démanteler les colonies installées au Sinaï, de quitter les aéroports militaires ou de bouger d’un pouce derrière la ligne Arich/Ras Mohamad.
Là, l’Egypte aurait pu afficher sa colère et son mécontentement et annoncer son retrait des négociations. Chose qu’Israël désirait fortement, puisque cette initiative de paix de 1977 avait causé des réactions internationales positives au profit du droit arabe. Or, l’Egypte avait opté pour la patience et la poursuite des négociations afin d’obliger Israël à annoncer son choix : être pour ou contre la paix en acceptant ou en refusant catégoriquement les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité sur lesquelles se sont basées les négociations. Et ce, avec une participation américaine complète dépassant le rôle du témoin ou du médiateur.
Dans les circonstances actuelles, les Arabes et les Palestiniens doivent suivre l’exemple de l’Egypte. Non parce que c’est une expérience de négociations apte à être refaite, mais en tant que méthode d’interaction avec Israël, tout en recourant aux tactiques et aux stratégies conformes à l’époque et aux circonstances actuelles.
Du même auteur :
Le mal et son remède
La honte du silence à Gaza
Les erreurs d’Israël
Gaza entre politique et barbarie
USA/Arabes : Des relations d’amitié lointaines
Al-Ahram/hebdo - Semaine du 4 au 10 février 2009, numéro 752 (Opinion)