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Un journaliste de Ma’an trouve Amira, cachée dans sa maison et entre la vie et la mort

lundi 2 février 2009 - 21h:03

Emad Eid - Ma’an News

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Pendant deux jours la blessure d’Amira, quinze ans, a saigné sans aucun soin médical. Elle a fui sa maison et les dépouilles de son père et de ses deux frères, pour un appartement abandonné. Elle avait juste un seau d’eau, et aucune couverture ni moyens de se soigner durant les deux jours où elle s’est cachée dans l’immeuble.

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Amira et Emad
Photo : Ma’anImages

C’était la maison de Emad Eid, journaliste de l’agence Ma’an qu’elle a trouvée. Emad avait déplacé sa famille dans un autre quartier plus sûr de la ville de Gaza. Il est rentré chez lui lorsque les char israéliens se sont retirés de Tel Al-Hawa, pour évaluer les dégâts.

Il a trouvé Amira en sang dans sa maison vide où il n’avait laissé ni aliments, ni eau ni couverture.

On trouvera ci-dessous la transcription par Emad du récit qu’a fait Amira de l’épreuve qu’elle a subie.

Excusez-moi ; je n’ai aucune idée par où commencer cette histoire, donc je vais demander à Amira : comment est-ce que tu t’es protégée des bombes ? Comment est-ce que tu as supporté le bruit des chars alors que tu étais toute seule, en train de saigner et de te cacher pendant ces deux jours ?

J’avais peur qu’elle ne puisse pas me répondre. J’avais peur qu’elle n’en ait ni la force ni le courage, bien qu’elle ait eu le courage de rester vivante.

Peut-être pourrai-je lui demander si elle se souvient de ce qui a tué sa famille, ou est-elle trop choquée ou même inconsciente. Elle n’avait, après tout, plus que 5 unités de sang [une unité égale 450 millilitres] lorsque les médecins l’ont vue.

Non je ne peux pas lui demander si elle se souvient de comment son père et ses deux frères sont morts devant ses yeux ; il y a trop de joie alors que sa mère la tient, elle qui n’espérait même pas trouver un seul membre de sa famille vivant. Je ne peut pas évoquer les morts pendant que les vivants sont fêtés.

Les médecins m’ont expliqué ce que ça signifiait pour une petite fille de n’avoir plus que cinq unités de sang. Ils m’ont dit qu’elle était entre la vie et la mort.

Je veux demander à Amira où elle a trouvé la force de survivre.

Amira, tes quinze ans ne sont pas assez pour ce courage ; pour affronter la mort, les bombes et le grondement des chars.

Lorsque je l’ai retrouvée sur le lit de ma mère, elle m’a dit : « Pardonnez-moi, je suis entrée dans votre maison sans votre permission ».

Elle était couverte de sang et il y avait des traces de larmes sur ses joues. Je ne sais pas où Amira a trouvé les mots pour des excuses.

J’avais quitté le quartier avec ma famille. Je ne voulais pas qu’ils aient à voir les chars passer devant notre maison, ni à craindre les coups des canons à travers les fenêtres. Mais Amira a vu.

Bien que je l’ai trouvée en train de dormir, ou plutôt en train de flotter entre la vie et la mort, comme les médecins m’en ont informé, elle a dû entendre les affrontements entre les combattants de la résistance et les troupes de l’armée israélienne.

« Je ne sais pas comment je suis entrée dans votre maison, Oncle, » m’a-t-elle dit à moi, un inconnu quand je l’ai réveillée. « Ils ont tué mon père et mes frères devant mes yeux, ils ont lancé une bombe sur moi et m’ont blessée à la jambe. J’ai fui cet endroit, mais ils ont lancé une autre bombe qui m’a ratée, j’ai trouvé votre porte ouverte donc je suis rentrée et je me suis mise sur le lit toute seule, et j’ai écouté ce qui se passait. Je ne pouvais pas crier ni pleurer à cause de mes blessures qui saignaient, parce qu’ils m’auraient entendue. »

Elle a fui sa maison démolie, elle a fui pour conserver la vie que Dieu lui a donné.

Sa famille a cru qu’elle avait été tuée avec son père, Fathi Dawoud Alkaram, âgé de 42 ans, et ses frères Esmat, 12 ans, et Ala, 11 ans, qui sont morts lorsque une bombe a touché la maison. Ils avaient enterré des morceaux de ce qu’ils ont crû être Amira.

Le jour avant que nous ayons amené Amira à l’hôpital Ash-Shifa, sa mère a enterré Fathi, Esmat et Ala. Elle croyait qu’Amira était toujours enterrée sous les décombres.

Quand elle a appris la nouvelle, la mère d’Amira s’est précipitée à l’hôpital. Elle a beaucoup pleuré, les oncles d’Amira ont loué Dieu et l’ont remercié pour le miracle de sa vie.

18 janvier 2009 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article ici :
http://www.maannews.net/en/index.ph...
Traduit par : Imogen Richmond Bishop


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