Jérusalem . Le feu vert a été donné à l’édification de nouveaux logements, dans une de ces implantations juives qui enserrent les quartiers palestiniens, à l’est de la cité.

La colonie de Ma’ale Adoumim

Le gouvernement israélien a lancé lundi un appel d’offres pour la construction de 44 nouveaux logements dans la colonie de Maalé Adoumim, la plus grande de Cisjordanie, établie dans la partie occupée de Jérusalem depuis 1967. L’annonce, faite au moment même ou le chef de la diplomatie américaine, Condoleezza Rice, s’entretenait dans la ville sainte avec Ehud Olmert, a sonné pour les pacifistes israéliens « comme un crachat en travers de la figure » de ceux qui tenteraient de remettre un processus de paix moribond sur ses rails, selon l’expression du secrétaire général du mouvement la Paix maintenant, Yariv Oppenheimer. Un crachat à la face des auteurs de la « feuille de route », ce plan élaboré par l’Europe, les États-Unis, la Russie et les Nations unies, et qui prévoit le gel de la colonisation israélienne comme une des premières étapes pour la création de l’État palestinien.

Au-delà du calendrier politique, cet appel d’offres rappelle la situation dramatique dans laquelle se trouvent les quelque 200 000 Palestiniens de Jérusalem, dont les quartiers sont de plus en plus cloisonnés entre le mur, qui serpente au milieu des rues, et les colonies qui ne cessent de s’agrandir, avec leur pendant : la démolition de leurs maisons, dont trois le matin de l’entretien entre Condoleezza Rice et Ehud Olmert.

Pour l’année 2006, l’association israélienne contre les démolitions de maisons, ICAHD, a noté une diminution des destructions à Jérusalem-Est par rapport aux années précédentes (81 en 2006, contre 152 en 2004). La raison principale de cette diminution ne tient pas à un changement de ligne politique mais plus à des problèmes internes à la municipalité israélienne de Jérusalem, notamment au départ de deux hauts responsables connus pour leur zèle dans ce domaine.

Reste que pour l’année 2007, l’association s’attend à une recrudescence des démolitions : deux nouveaux responsables sont en effet arrivés à la municipalité avec très certainement l’envie de « faire leurs preuves », alors que le budget prévu à cet effet devrait, lui, augmenter. Le quartier de Silwan au pied de la vieille ville serait particulièrement visé, notamment pour la construction d’un nouvel « anneau routier » autour de Jérusalem-Est.

Le village de Silwan

« Nous nous attendons à plus démolitions, confirme Meir Margalit, mais également à plus de difficultés pour les familles palestiniennes privées de toit à reconstruire leurs maisons, par la confiscation des outils comme les camions. Nous craignons également une recrudescence d’arrestations de personnes. » De nouvelles familles risquent donc à chaque instant d’être privées de foyer, avec les traumatismes que cela comporte, dans le cadre de la politique israélienne d’expulsion silencieuse des Palestiniens de Jérusalem, qui se poursuit en totale contradiction avec une quelconque relance d’un processus de paix. Le négociateur palestinien en chef, Saëb Erekat, a résumé ainsi la situation : « Israël doit choisir entre la paix et la colonisation, parce que les deux ne vont pas de pair. »

Valérie Féron - L’Humanité, le 17 janvier 2007