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Chat échaudé

jeudi 18 janvier 2007 - 06h:57

Dr Mustafa Barghouti

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Nous avons été échaudés une fois avec Oslo. N’essayons pas une deuxième fois.

De temps en temps, il est utile de jeter un regard plus attentif sur la nature du combat qui se poursuit en Palestine car la forêt peut aisément être cachée par un seul arbre. Les Palestiniens se battent pour un Etat complètement indépendant sur la terre occupée en 1967, avec Jérusalem, et pour la reconnaissance, qu’ils exigent, des droits des réfugiés palestiniens.

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Mustafa Barghouti est membre du Conseil législatif palestinien et secrétaire général de l’Initiative Nationale Palestinienne

Dans le même temps, Israël, qui cherche à créer un système d’apartheid et de domination, essaie d’obtenir des Palestiniens un accord pour un Etat avec des frontières provisoires, sans Jérusalem ni certains autres secteurs, et sans indépendance. La dernière décision d’Israël de construire une nouvelle colonie dans la Vallée du Jourdain le démontre bien.

Devons-nous régler le conflit par une solution globale et définitive, ou par une solution provisoire et intermédiaire comme celle des Accords d’Oslo ? C’est la grande question à laquelle sont confrontés les Palestiniens aujourd’hui. C’est un accord transitoire pour une longue durée que recherche Israël. Les Israéliens veulent obliger les Palestiniens à renoncer à de vastes parties de la Cisjordanie, dont Jérusalem, ainsi qu’aux droits des réfugiés et intégreer cela dans un accord intermédiaire. Mais une telle solution serait probablement permanente, et non provisoire.

En outre, Israël veut que l’Autorité palestinienne reste dépouillée de toute efficacité et souveraineté. Il veut que l’Autorité agisse comme un garde du corps d’Israël pendant qu’il garde tout pouvoir dans les domaines économique, politique et sécuritaire.

Israël s’active pour une solution intermédiaire car il ne veut pas que les Palestiniens profitent de l’opportunité de la débâcle américaine en Iraq et en Afghanistan et que le reste du Moyen-Orient a créée. Avec le rapport Baker-Hamilton appelant à une solution au problème palestinien et une communauté internationale de plus en plus critique à l’égard de la politique israélienne, le vent tourne. Qui aurait pu imaginer que l’ancien Président US, Jimmy Carter, prenne position en disant que l’apartheid en Palestine est pire que n’a pu l’être celui d’Afrique du Sud ? La pression sur Israël va croissante et elle se manifeste dans l’appel Espagne/France/Italie pour une conférence internationale et un accord définitif du conflit. L’Europe veut une réponse durable à la question palestinienne et Israël - qui en est pleinement conscient - cherche à gagner du temps.

Israël essaie d’enrayer la marche vers une paix véritable au Moyen-Orient. En particulier, il essaie de dissuader les officiels américains de toute alternance dans leur politique qui pourrait être favorable aux Palestiniens. Et les Israéliens, encore une fois, se servent des Palestiniens pour échapper aux conséquences d’un accord juste et global sur un conflit vieux de 40 ans.

Voici ce qu’Israël est en train de faire.

En premier lieu, Israël essaie de présenter le théâtre d’opération palestinien comme un élément de la bataille du bien contre le mal, de la bataille de ceux qu’on présente comme des modérés contre ceux qu’on appelle « l’axe du Mal ».

En second lieu, Israël veut présenter le conflit Fatah/Hamas comme un combat de pouvoir pour le contrôle des Territoire occupés. Le débat est ainsi déplacé vers la nature et la composition du gouvernement et les limites au gouvernement palestinien qui pourraient convenir à Israël et aux autres parties internationales. Cela doit cesser. Les Palestiniens ont besoin d’une direction nationale unifiée, capable de gérer le conflit et de faire lever le siège.

En troisième lieu, Israël cherche à conduire le Fatah et le Hamas à marchander, via des négociateurs internationaux, des solutions partielles et intermédiaires. Ceci doit aussi s’arrêter. Le Fatah et le Hamas doivent discuter de ce qui les sépare dans un accord définitif de paix plutôt que de perdre leur temps pour savoir qui doit négocier un accord partiel. Il est essentiel pour toutes les parties palestiniennes de dénoncer tout accord partiel et de ne jamais accepter un Etat avec des frontières provisoires.

Les Palestiniens ont besoin d’une position et d’une stratégie uniques. Ils ont besoin d’une direction unifiée, ce qui leur manque depuis presque trente ans maintenant. La dernière chose dont les Palestiniens ont besoin, c’est de ces rivalités internes qui les détournent d’un règlement du conflit. Gardons à l’esprit que la pluralité politique peut être soit une bénédiction, soit une malédiction. Elle sera une bénédiction si les Palestiniens veulent à tout force une solution globale. Et elle sera une malédiction si leurs divisions affaiblissent leur position pour négocier.

Nous avons besoin d’un gouvernement d’unité nationale et nous en avons besoin vite. Plus important encore, nous avons besoin d’une direction unifiée capable d’organiser et de coordonner l’action avec les trois composantes du peuple palestinien : ceux qui vivent à l’extérieur de la Palestine ; ceux qui vivent dans les Territoires occupés ; et ceux qui vivent en Israël, qui représentent actuellement 22 % de la population palestinienne.

Les sondages d’opinion mettent en évidence qu’une majorité de Palestiniens et d’Israéliens veulent une solution globale. Mais le mouvement de la paix israélien, ainsi nommé, n’a plus d’activité depuis que les discussions se sont orientées vers des solutions partielles et intermédiaires. Israël doit admettre que l’apartheid est voué à l’échec et que la seule façon d’avancer est d’aller vers une paix globale.

Nous avons été échaudés une fois avec Oslo. N’essayons pas une deuxième fois.

Samedi 14 janvier 2007 - http://www.alternativenews.org/inde...
Traduction : JPP
Version française : http://www.protection-palestine.org...


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