Socialist Worker à interviewé des palestiniens de la ville de Gaza à propos de l’horreur de l’agression israélienne.

Sa mère à ses côtés, un jeune palestinien est soigné pour de graves brûlures à l’hôpital de Rafah - Photo : Hatem Omar/MaanImages

En plus de ses bombardements meurtriers sur Gaza, Israël est passé à une vaste offensive terrestre. Avec l’ensemble des frontières fermées c’est un million et demi de palestiniens qui sont pris au piège. La population doit faire face à la puissance militaire d’Israël avec peu d’électricité ou de carburant ainsi que de graves pénuries de nourriture, d’eau et de médicaments.

Les morgues de Gaza se remplissent pendant que les hôpitaux surbondés doivent gérer des files de blessés attendant dans les couloirs tout en faisant face à la diminution des fournitures médicales.

Israël a interdit l’entrée des journalistes à Gaza et les lignes de téléphone ont été coupés par les bombardements mais Socialist Worker a réussi à parler à deux gazaouis ce lundi : Amjad Shawa, coordinateur palestinien du réseau des ONG et Naji Shurab, professeur de Sciences Politiques à l’université Al-Azhar.

Amjad nous explique que « depuis que les bombardements ont débuté il y a dix jours, environ 15000 personnes se sont retrouvées sans logement et plus de 100 enfants ont été tués. C’est une punition, un assassinat collectif ».

« Cela fait dix jours qu’il n’y a plus d’électricité chez moi. Chaque nuit je me blotti avec mes enfants dans le salon. Nous restons assis dans l’obscurité à écouter les explosions ».

« Ce matin je suis allé chez le boulanger pour nourrir ma famille. Il y avait une queue de 3000 personnes. Nous n’avons pas de gaz pour cuisiner, ni d’électricité ou de combustible. Nous vivons âprement chaque minute mais nous gardons l’espoir. »

Israël a prétendu que le but de son opération était de stopper les tirs de roquettes du Hamas. Désormais c’est la destruction du gouvernement démocratiquement élu du Hamas qui est dans l’agenda israélien.

Un porte parole de l’armée israélienne a déclaré à ce sujet que « tout ce qui peut-être affilié au Hamas est une cible légitime. »

« C’est ainsi qu’Israël a légitimé la destruction d’écoles, d’université et de mosquées en prétendant que le Hamas y cachait des armes.

Le principal marché aux légumes de la ville de Gaza a été détruit dimanche dernier alors que les gens y faisaient leurs courses.

Amjad a déclaré au Socialist Worker que « la plupart des ponts ont été détruits ».

Le bureau du Syndicat des Comités des Travailleurs de la Santé a été détruit hier. Il ne reste plus rien, si ce n’est un énorme cratère.

L’aviation israélienne semble prendre les ambulances pour cibles car beaucoup ont été détruites. »

Les observations d’Amjad ont été confirmées par plusieurs sources dont les Médecins pour les Droits de l’Homme en Israël. Ceux-ci ont relevé que l’hôpital al-Awda n’a pas été en mesure d’envoyer ses ambulances sur le terrain sans que celles-ci ne soient soumises aux tirs des hélicoptères israéliens.

Le docteur Erik Fosse, volontaire norvégien, à déclaré à CNN qu’il estimait que 20% des personnes tuées sont des enfants.

Le professeur Shurab craint pour sa famille. "Beaucoup de civils ont été tués dans les attaques" dit-il. "Les bombes ne font pas de distinction entre les combattants de la résistance et les civils."

Amjad est furieux de l’acceptation de la propagande israélienne par les médias occidentaux. Il dit que "les israéliens parlent de la manière dont ils ont évacué Gaza en 2005, mais ce n’est pas vrai. Ils n’ont jamais cessé de nous occuper"

Le professeur Shurab lance ce message à Israël et au dirigeants de ce monde : "Cessez cette agression, cessez cette guerre.

Nous voulons un cessez le feu véritable. Il ne pourra jamais y avoir de véritable paix tant que les droits des palestiniens ne seront pas respectés."

Il nous explique l’importance des manifestations de solidarité avec la Palestine à travers le monde : "il nous est plus facile de croire que tout ceci va finir. Cela remonte notre moral à tous."

A ce propos Amjad déclare : " vous manifestez pour la prochaine génération, les enfants qui sont bombardés.

Les gens doivent comprendre que nous ne sommes pas des animaux. Nous sommes des êtres humains combattant pour leurs droits. Nous resterons ici. Ils ne nous feront pas quitter notre terre."

© Copyright Socialist Worker, n°2133, 10 janvier 2009
http://www.socialistworker.co.uk/ar...
Traduction de l’anglais : Laurent Bauer