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lundi 15 janvier 2007 - 19h:55

Ghassan Khatib

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La façon la plus rapide pour un dirigeant politique ou un pays de toucher le c ?ur et l’esprit des masses arabes c’est de soutenir le peuple palestinien et sa cause, et de s’opposer à l’occupation israélienne.

La réaction palestinienne à l’exécution de Saddam Hussein est un bon exemple de la façon dont l’opinion publique palestinienne se forme souvent, dans un lien déterminant avec Israël et l’occupation israélienne. Pour parler simplement, disons que pour les Palestiniens, le monde est divisé en deux sortes de gens : ceux qui soutiennent Israël et son occupation, et ceux qui ne les soutiennent pas, négligeant parfois d’autres facteurs significatifs indépendants d’Israël et de l’occupation.

Avec des générations et des générations de Palestiniens qui furent privées systématiquement de leurs droits essentiels par le fait des Israéliens - sur des grandes questions comme l’autodétermination, l’Etat, la liberté et la souveraineté, ou sur des droits basiques et individuels comme la liberté de déplacement - la réflexion palestinienne s’en trouve préoccupée, obsédée même, par une domination israélienne sur tous les aspects de la vie palestinienne.

En outre, les Palestiniens sont très conscients actuellement du double langage de nombreux pays dans le monde à l’égard d’Israël. Même les pays qui sont généralement des défenseurs des droits de l’homme, des libertés civiles, du droit à l’autodétermination et du droit international, oublient leurs positions de principe quand il s’agit d’Israël, de son occupation illégale et de ses actes dans les Territoires occupés. Israël a réussi à en convaincre beaucoup que ses opérations militaires dans les Territoires occupés étaient justifiées par des raisons de sécurité, et peu de pays ont le cran de contester ce raisonnement, à plus forte raison le programme de colonisation permanente et illégale de tous les gouvernements israéliens, ce qui ne fait qu’aggraver l’insécurité.

Ainsi, quand Saddam Hussein, qui a crié « Palestine » au moment de mourir, a été exécuté par un gouvernement iraquien contrôlé par les troupes d’occupation des USA, pays qui se compte lui-même parmi les plus solides soutiens à Israël, la première et immédiate réaction de la rue a été qu’un défenseur de la cause palestinienne avait été renversé et exécuté par un défenseur de l’occupation israélienne. Saddam Hussein était probablement le dernier dirigeant arabe pour faire face militairement à Israël, et pour les Palestiniens, les missiles que l’Iraq avait lancés durant la guerre du Golfe étaient une juste réponse après les décennies pendant lesquelles Israël a bombardé, tué, arrêté et détruit les Palestiniens, leurs terres et leurs propriétés.

La sympathie palestinienne pour Saddam Hussein - un sentiment arabe général - ne doit pas s’interpréter autrement que comme le résultat de son soutien aux Palestiniens et de son hostilité aux Israéliens et aux Américains. Qu’il soit resté digne jusqu’à ses derniers moments et qu’il se soit exprimé franchement durant son procès ne fait qu’ajouter à cette sympathie.

D’ailleurs, le fait que Saddam Hussein ait choisi de citer la Palestine au dernier instant est un révélateur important de la profondeur jusqu’où la cause palestinienne a pénétré la conscience arabe. La façon la plus rapide pour un dirigeant politique ou un pays de toucher le c ?ur et l’esprit des masses arabes c’est de soutenir le peuple palestinien et sa cause, et de s’opposer à l’occupation israélienne. C’est pourquoi l’occupation israélienne, et l’injustice continuelle que cette occupation engendre pour le peuple palestinien, restent l’obstacle le plus important pour les politiques américaines et européennes au Moyen-Orient.

Avec cette injustice si flagrante et la guerre froide - une préoccupation majeure qui a pu, à la rigueur, justifier l’inaction occidentale sur cette question - qui est terminée depuis longtemps, il devient de plus en plus difficile de comprendre pourquoi les pays influents, tels que les Etats-Unis et l’Europe, continuent de provoquer l’hostilité des peuples arabes par leur volonté d’ignorer les violations israéliennes du droit international pour renforcer, ou poursuivre simplement, l’occupation.


Ghassan Khatib est co-rédacteur de Bitterlemons pour les publications internet. Il fut ministre du Plan de l’Autorité palestinienne, analyste politique et chargé des relations avec les médias pendant de nombreuses années.

15 janvier publié par bitterlemons.org
http://www.bitterlemons.org/issue/p... - Trad. : JPP


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