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Qui contrôle Hébron ?

vendredi 26 décembre 2008 - 07h:43

Tariq Abuhamdia - Ma’an News

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Les actes de violence qui se sont produits à Hébron début décembre ont beaucoup de choses à nous dire sur qui commande réellement dans la plus grande ville de Cisjordanie.

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Une vidéo de l’association de défense des droits de l’Homme B’Tselem montre une incursion par un groupe de fascistes juifs armés dans un village Palestinien près de Hébron. Ils tirent sur des Palestiniens à bout portant.

L’armée israélienne affirme toujours que son boulot est tout simplement de protéger les citoyens israéliens - traduisez « les colons » - de toute menace éventuelle venant des Palestiniens, selon la loi israélienne. N’importe quel observateur de cette série d’événements se mettrait à douter de ces affirmations qui présentent l’armée comme un corps indépendant tenant ses ordres de la hiérarchie militaire.

Une fois prise la décision de la Cour [israélienne] au sujet de la maison Ar-Rajabi, occupée par les colons, ces derniers menacèrent de s’en prendre aux Palestiniens, à leurs maisons, à leurs intérêts. Ils percèrent immédiatement de larges ouvertures dans la clôture séparant la colonie de Kiryat Arba du voisinage palestinien immédiat. Je n’avais jamais vu auparavant la moindre brèche dans cette clôture car cela aurait sûrement permis de s’infiltrer dans la colonie. Ce n’est pas seulement pour s’assurer que cette grille peut protéger la colonie que la sécurité des colons patrouille. Ces brèches sont à présent si grandes qu’elles sont visibles à de centaines de mètres. Et, le plus important, les troupes israéliennes déployées dans cette zone pouvaient facilement les voir. Plus surprenant encore, l’armée israélienne ne fit rien pour s’opposer à ces trouées et les ignora, jusqu’à présent.

Au cours des nuits qui suivirent, les colons, armés et masqués, commencèrent à se glisser depuis Kiryat Arba, par les trouées de la clôture, et s’attaquèrent à tout ce qu’il y avait de palestinien dans le secteur. Autre point notable : l’armée, bien qu’ayant vu les infractions commises par les colons, n’intervint aucunement au sujet des brèches.

Les incursions se poursuivirent pendant près d’une semaine, jusqu’à l’incident du coup de feu. Ce jour-là, des colons, dont l’un était armé d’un pistolet, sortirent par une trouée et s’avancèrent jusqu’à une proche maison palestinienne, cherchant à intimider les Palestiniens pour les pousser de force dans leur maison. Après une vive discussion avec un des hommes, le colon tira sur trois des membres de la famille.

Au moment de l’arrivée de l’armée sur le lieu de l’agression, ils se contentèrent de retenir tous les hommes palestiniens dans l’une des maisons, ce qui fit de la vallée proche de la colonie une zone ouverte aux foules de colons qui s’étaient réunis. A un journaliste ayant demandé aux soldats israéliens de les protéger ainsi que les civils palestiniens, ils répondirent que n’étant que trois ils ne pouvaient pas faire grand chose ; le journaliste demanda à l’un d’eux d’appeler du renfort : il répondit qu’il n’avait pas de radio.

Cette scène était une tragédie au parfum d’ironie : je me demande si les soldats n’auraient pas eu une radio dans le cas contraire, une attaque palestinienne.

L’armée envoya des hommes enquêter sur cet incident, mais leurs questions se concentrèrent sur la question de savoir qui était le Palestinien qui avait répliqué en frappant le tireur. Deux Palestiniens ont été arrêtés dimanche soir.

Cette affaire récente n’est pas surprenante, mais le fait que la clôture de Kiryat Arba reste ouverte l’est, surtout si on prend en considération le fait que l’armée, très peu de temps après la prise du bâtiment Ar-Rajabi par les colons, avait installé des postes de guet sur le toit, une grille tout autour et fermé la route menant à la maison.

Pourquoi, alors, la clôture est-elle toujours brisée ? Peut-être que les Palestiniens ne représentent plus une menace pour les colons, aussi il n’est pas très important de fermer les trous dans la clôture, ou peut être le rôle que ces trous ont joué n’est pas encore terminé ; peut être attendent-ils que quelqu’un se glisser furtivement à l’intérieur de la colonie avant de boucher ces trous.

La chronologie des événements nous donne une information importante : les incidents et la violence n’étaient pas en réaction à quelque chose, improvisés, ou spontanés. Nous pouvons en conclure que l’armée n’est pas là pour calmer la situation mais plutôt pour la faire dégénérer, donnant des facilités aux colons sous une excuse plus que mince. Cette chronologie nous indique aussi que les colons sont le groupe le plus fort et qu’ils ont autorité même sur l’armée, si l’on veut comparer comment un famille palestinien est évacuée pour sa maison soit démolie avec la façon dont que les colons avaient été évacués.

Le même jeu s’est produit à plusieurs reprises ; les chefs des colons ont voulu maximiser leur gain dans l’opération de l’immeuble Ar-Rajabi, imposant un prix très élevé aux Palestiniens, les provoquant pour qu’ils réagissent violemment contre les colons et fournissent une excuse pour que l’armée confisque de la terre palestinienne ou laisse les colons faire ce qu’ils veulent dans la vallée.

Ce raisonnement est légitime parce que ce ne sont pas les Palestiniens qui ont évacué les colons de l’immeuble Ar-Rajabi, mais la Cour israélienne, et l’armée a exécuté la décision de la Cour, donc la réaction devrait avoir été contre la Cour et l’armée, pas contre les familles palestiniennes qui n’ont jamais eu leur mot à dire. Ces Palestiniens n’ont pas soumis de plainte en jugement ni n’ont pas engagé des avocats pour cette affaire. Ce fait était connu des colons.

L’armée sert en général de support aux colons. Les soldats sont là pour les protéger et pour préparer le terrain à l’exécution de leurs plans, et les colons imposent leur propre programme à la place de ceux de l’armée et de l’état. Ils sont mobilisés, efficaces, et motivés idéologiquement. Leur influence est plus grande que leur nombre. Ils bénéficient également de beaucoup d’appuis étrangers parce que pour les communautés et les lobbies juifs à l’étranger ils représentent une idée de la patrie juive. Le gouvernement ne doit jamais donner l’impression qu’il agit contre les colons parce qu’une grande partie de l’appui qu’Israël obtient de l’étranger dépend de ce secteur-là de la société israélienne. Si nous ajoutons à cela les partis d’extrême-droite et leur rôle dans la formation des différents gouvernements, nous nous rendons compte que l’armée et le gouvernement israéliens ne sont pas du tout impartiaux.

Nous pouvons en déduire aussi que le gouvernement [israélien] a tardé à libérer les prisonniers palestiniens cette semaine parce qu’il n’a pas voulu provoquer encore plus de ressentiment de la part des colons. Il serait très difficile pour le gouvernement de nettoyer un bâtiment de ses colons et de libérer dans le même temps 250 Palestiniens des geôles israéliennes.

15 décembre 2008 - Ma’an News Agency - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.maannews.net/en/index.ph...
Traduction de l’anglais : Rudi


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