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Cessez-le-feu à Gaza ? Quel cessez-le-feu ?

samedi 20 décembre 2008 - 07h:10

Nadia W. Awad - MIFTAH

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« Je peux facilement comprendre pourquoi certains Palestiniens plaident contre le renouvellement de ce cessez-le-feu », explique Nadia W. Awad.

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Enterrement de Salah Akal, âgé de 40 ans, assassiné par les Israéliens à Beit Lahiya le 18 décembre 2008 - Photo : AP/Khalil Hamra

« Khaled Mesh’al, le leader en exil du Hamas basé à Damas, a annoncé le 14 décembre que le Hamas ne reconduirait pas son accord de cessez-le-feu avec Israël. Au même moment, un dirigeant de haut rang du Hamas à Gaza, Mahmoud Zahhar, disait que son groupe n’avait pas encore arrêté sa position finale et que la direction locale du Hamas devait rencontrer au cours de cette même nuit des représentants des autres groupes armés palestiniens pour définir par après une position officielle, qui restait encore à rendre publique. Entre temps, Amos Gilad, chef du Bureau « Sécurité diplomatique » du Ministère israélien de la Défense, était au Caire ce même jour pour, à ce qu’on dit, discuter d’un renouvellement du cessez-le-feu avec les officiels égyptiens qui avaient négocié le premier, six mois auparavant. Et je me disais, à la lecture de ces comptes-rendus : « De quel cessez-le-feu parle-t-on exactement ? ».

Ce qui se révéla être l’un des cessez-le-feu les plus déroutants et ambigus à ce jour. Par définition, un cessez-le-feu est une cessation des hostilités fondée sur la réalisation de certains termes et conditions. Dans ce cas, les hostilités ne se limitent pas aux incursions militaires israéliennes ou à l’envoi de projectiles du côté palestinien. Elles comprennent, de façon plus significative, le blocus imposé à Gaza par Israël. Le cessez-le-feu de juin demandait tout spécialement à Israël d’ouvrir les points de passage vers la bande de Gaza, permettant ainsi l’entrée de quantités suffisantes de fuel, nourriture, marchandises et matériaux de construction, en contrepartie de l’arrêt de la violence transfrontalière entre combattants palestiniens et militaires israéliens.

Le Hamas comme Israël se sont fréquemment accusés mutuellement de violation du cessez-le-feu au cours des six derniers mois, mais le cessez-le-feu était toujours considéré comme valide. Le blocus, un des points clé du cessez-le-feu, n’a jamais été levé, mais le cessez-le-feu était toujours considéré comme valide. Quand Israël pénétra de force dans Gaza le 5 novembre, tuant six Palestiniens, alors des voix commencèrent à s’élever au sujet de la validité de ce cessez-le-feu. Mais même dans ces conditions, la question de sa « reconduction » restait dans l’air.

Il y a même de la confusion au sujet de la durée de ce cessez-le-feu. Le Hamas insiste sur la date d’expiration au 19 décembre, alors qu’Israël affirme avoir compris qu’il n’était pas question de date butoir spécifique. Pour en rajouter encore à la confusion, Israël affirme que même sous le régime du cessez-le-feu, elle se réserve le droit à « l’autodéfense » contre les envois de projectiles. Simultanément, le Hamas se réserve le droit de répliquer dans l’hypothèse d’une attaque israélienne. Et, cerise sur le gâteau, les dirigeants du Hamas et d’ Israël semblent tous deux dans la confusion quant à leurs positions respectives au sujet de la reconduction de l’accord. Les chefs du Hamas à Damas et à Gaza ne semblent pas « en être à la même page ». En Israël, le Premier ministre sortant Ehoud Olmert affirme haut et fort qu’il veut ce renouvellement alors que le ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni soutient qu’Israël ne peut abandonner Gaza à la loi du Hamas. »

Aussi quelqu’un pourrait-il me dire en quoi consiste ce cessez-le-feu, parce que de mon point de vue, ce cessez-le-feu est une farce, une dérobade. Discuter d’un renouvellement revient à discuter d’une poursuite de la situation actuelle, quelque chose que les Gazans ne peuvent et n’accepteront pas. Et comment pouvez-vous renouveler quelque chose qui n’a jamais réellement existé ?

Je peux facilement comprendre pourquoi certains Palestiniens plaident contre le renouvellement de ce cessez-le-feu, parce qu’il a encore plus coûté aux Gazans dans leurs vies, leur environnement, et leur futur. Il a fourni à Israël une couverture diplomatique alors que les Israéliens poursuivaient leur unique stratégie de punition collective. Que l’on me comprenne bien : je suis tout à fait pour un cessez-le-feu entre le Hamas et Israël, mais un cessez-le-feu dans lequel les conditions sont remplies du début à la fin, sans clauses conditionnelles d’un côté. En d’autres termes, Israël doit lever son blocus.

Les accusations de violations ont volé dans les deux sens pendant des mois, mais à mon avis, une des violations les plus graves était la non-ouverture des frontières de Gaza. Comme dit précédemment, les termes du cessez-le-feu imposaient qu’Israël ouvre les passages vers la bande de Gaza, permettant des approvisionnements en quantité suffisante. Cependant, il s’est avéré que la définition de « suffisamment » était variable pour les parties impliquées. Gaza, qui subit un blocus économique sévère depuis juin 2007, n’a jamais reçu d’approvisionnements « suffisants ».

Israël avait allégé le blocus au moment où le cessez-le-feu a été convenu, mais un rapport de Nations Unies publié la semaine dernière indique que seulement 25% des marchandises nécessaires étaient parvenus dans le territoire durant le cessez-le-feu. En octobre, seulement 123 camions par jour ont été autorisés à entrer dans la bande de Gaza, alors que les responsables des aides humanitaires dans Gaza expliquaient qu’il fallait entre 400 et 600 chargements de camion par jour pour répondre aux besoins des 1,5 million d’habitants du territoire assiégé.

Après la meurtrière invasion israélienne en novembre dernier, les combattants palestiniens ont jeté leur retenue au vent en commençant à tirer des séries de fusées artisanales, causant peu de dommages et juste quelques blessures. En revanche, Israël, pour tout le reste du mois, a bloqué complètement les passages frontaliers de Gaza, ne les ouvrant que quatre fois. La centrale électrique a été arrêtée faute de carburant, et l’UNRWA a dû fermer ses portes pour la majeure partie du mois à cause du défaut d’approvisionnements. Cette situation continue aujourd’hui et est susceptible de durer.

Le Hamas a organisé un rassemblement à Gaza le 14 décembre pour célébrer son 21ème anniversaire ; 150 000 Gazans y auraient assisté. Il reste à voir s’ils étaient présent pour soutenir le Hamas ou pour simplement exprimer leur colère face au blocus, face à Israël, et au reste du monde. Mais ils ont toutes les raisons d’être en colère. Israël est parti pour tuer, au sens littéral. Jusqu’à aujourd’hui, ce sont 270 Palestiniens (qui auraient pu avoir été sauvés) qui sont morts en raison du blocus israélien. De plus, Israël a assassiné presque 20 combattants palestiniens depuis l’invasion israélienne du 5 novembre.

Les Gazans continuent à vivre dans la pauvreté et dans d’extrêmes difficultés. Israël pique et choisit ce qu’il veut laisser de ce cessez-le-feu, juste comme il sélectionne et choisit quels morceaux du processus de paix il veut mettre en application ou pas. La discussion sur un renouvellement de cessez-le-feu est risible : vous ne pouvez pas renouveler ce qui n’a jamais existé. Au lieu de cela, le Hamas et Israël devraient entamer un cessez-le-feu honorant réellement leurs engagements. Plus de projectiles et, ce qui est primordial, plus de blocus !

15 Décember 2008 - Miftah - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.miftah.org/Display.cfm?D...
Traduction de l’anglais : Rudi


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