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Communauté internationale, Israël et Territoires palestiniens : mieux agir, maintenant plus que jamais

mardi 9 décembre 2008 - 06h:14

Barah Mikaïl - IRIS

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Comme nul ne peut garantir - ni leur demander - qu’ils resteront à mourir doucement de faim durant les mois à venir, assistant à l’inaction de la communauté internationale et attendant paisiblement l’élection du chef du Likoud, Benyamin Netanyahu, en février 2009... il paraît évident qu’aujourd’hui, plus que jamais, il est (toujours) temps d’agir.

Il y a plus de 60 ans, s’ouvrait un épisode sanglant, douloureux et apparemment sans fin au Moyen-Orient, bloquant chacune des questions régionales et empoisonnant toutes perspectives quotidiennes pour plusieurs centaines de millions d’individus. Les relations israélo-palestiniennes, pour ne pas dire israélo-arabes, ne donnent que rarement l’impression d’avancer vers des horizons positifs. Au contraire : quiconque observe l’évolution générale des perspectives régionales globales de ces dernières décennies peut faire le constat que le fossé s’est creusé entre une société israélienne qui s’est développée sur le plan économique malgré les tensions qui l’ont opposée à ses proches voisins, et les sociétés arabes qui sont passées de régimes socialistes autoritaires à des régimes capitalistes autoritaires, sans partager aucun des bénéfices qu’on dit confortables et qui furent générés.

Malheureusement on peut ajouter qu’avec ce mauvais scénario, le peuple palestinien reste toujours le plus grand perdant dans cette situation globale et absurde. Les médias, en général, ont semblé manifester beaucoup plus d’intérêt à insister sur la stratégie attendue pour le Moyen-Orient par le président élu Barack Obama, sur les élections générales israéliennes de février 2009 et sur le chaos interpalestinien qui prévaut, plutôt que de se concentrer sur le plus important : l’humanitaire. Alors que chacun se demande qui va faire quoi, et comment, dans l’avenir, n’est-il pas quelque peu déplacé, et scandaleux, de constater que rares sont ceux qui parlent de la famine qui touche la plupart des habitants de la bande de Gaza aujourd’hui ?

Les Palestiniens dans leur ensemble ont beaucoup souffert au cours de leur histoire récente, et plus ils luttaient pour leur indépendance, plus il leur fallait attendre des jours meilleurs. Ce n’est pas la première fois qu’ils sont confrontés à de dures conditions de vie quotidienne, naturellement. Mais faudra-t-il vraiment nous étonner si un nouveau cycle de violence se déclenche aujourd’hui, affaiblissant en bloc les perspectives interpalestiniennes autant que les relations israélo-palestiniennes ?

Le siège implacable que le gouvernement israélien impose à la bande de Gaza est loin d’être la solution à ce qui reste surtout un conflit territorial sur fond politique. De toute évidence, enfermer une population entière dans une prison n’entraînera pas de changements de comportement à l’intérieur des territoires palestiniens. Mais cela n’apportera pas davantage la paix aux Israéliens. Malheureusement, peu de médias ont attiré l’attention sur les récentes déclarations du Premier ministre, Ehud Olmert lui-même. Lors d’une interview au journal Yediot Aharonot il y a quelques semaines, Olmert, dans une sorte de position révolutionnaire à laquelle on ne pouvait guère s’attendre de sa part, disait soutenir personnellement l’idée d’un resserrement géographique de la ligne d’armistice de 1949. C’est-à-dire qu’il était convaincu maintenant de la nécessité pour Israël de se retirer sur la ligne de 1967 et de rendre la bande de Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est aux Palestiniens, de même que le haut plateau du Golan aux Syriens. Et on peut sans doute supposer qu’il avait aussi à l’esprit le cas des fermes de Shebaa, à rendre soit aux Syriens soit aux Libanais, aucun consensus n’ayant été obtenu sur ce point jusqu’à présent.

Le fait que le Premier ministre Olmert soit guidé par des considérations nationales israéliennes et démographiques exclusives, n’a pas d’importance ici. Ce qui importe beaucoup plus, c’est que pendant qu’il fait de telles annonces révolutionnaires, on a l’impression que le monde reste à attendre la prise officielle de ses fonctions présidentielles par le président élu Obama, avant de s’engager dans une nouvelle direction, direction que beaucoup d’entre nous souhaitent voir couronnée de succès. Mais la question reste : le Moyen-Orient doit-il toujours se reposer sur Washington et la politique annoncée par chacun de ses dirigeants politiques, avant de se demander ce qu’il peut en advenir ? Manifestement, cela fait assez longtemps que les Palestiniens attendent, tout comme les populations de la région, et leur situation politique, économique et sociale a rarement été aussi explosive qu’au cours des évènements de ces dernières semaines.

Les Américains dont B. Obama, les Européens dont La Commission européenne et Mr Javier Solana, les Russes, les Chinois, et tous les acteurs qui se disent attachés aux perspectives de paix au Moyen-Orient, tous par conséquent, et le plus tôt possible, doivent saisir l’occasion du flottement actuel dû au renouvellement de la présidence américaine, pour adopter des principes et des objectifs clairs, basés sur le fond des dernières déclarations de Mr Olmert. Il ne faut pas oublier, en effet, que le chômage octroie beaucoup de temps, du temps au cours duquel les Palestiniens ont su se tenir informés des nouvelles de leurs voisins. Et comme nul ne peut garantir - ni leur demander - qu’ils resteront à mourir doucement de faim durant les mois à venir, assistant à l’inaction de la communauté internationale et attendant paisiblement l’élection du chef du Likoud, Benyamin Netanyahu, en février 2009... il paraît évident qu’aujourd’hui, plus que jamais, il est (toujours) temps d’agir.

Barah Mikaïl est chercheur spécialisé sur le Moyen-Orient. Il travaille également sur les enjeux géopolitiques de l’eau. Il a été auparavant chargé de recherche au Secrétariat Général pour l’Administration du ministère de la Défense (mars-juin 2003).

Du même auteur :

- Syrie : pourquoi les attentats ?
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5 décembre 2008 - IRIS - traduction : JPP


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