Les états arabes entraînés dans l’incompétence
jeudi 11 janvier 2007 - 02h:46
Rami G. Khouri - Daily Star
Parmi les nombreuses transformations ayant lieu à travers le Moyen-Orient, la plus frappante est que la nouvelle architecture sécuritaire régionale émergeant dans le monde arabe semble être quasi-totalement dirigée par des parties non-arabes : l’Iran, la Turquie, Israël, les Etats-Unis, et maintenant l’Ethiopie.
Il est possible que les Arabes puissent écrire eux-mêmes leur propre histoire, terminant en de simples consommateurs de biens étrangers, mandataires pour des puissances étrangères, et spectateurs dans le jeu de la définition de leur propre identité, sécurité et destin.
- Ehud Olmert (g) et Hosni Moubarak, le 4 janvier 2007 à Charm el-Cheikh - Photo : AFP/Khaled Desouki
Cela n’est pas certain, mais la tendance actuelle indique cette direction, qui serait une fin humiliant après un siècle d’incompétence répétée dans le champ de la sécurité et du statut arabes.
Les Etats-Unis cherchent clairement à se retirer d’Irak dans les quelques années à venir, signalant la fin de l’ère néo-conservatrice de courte durée dans la direction de Washington et la politique étrangère. Les Etats-Unis continueront à protéger leurs intérêts sécuritaires nationaux et amis au Moyen-Orient, mais en utilisant des méthodes plus sensées que les méthodes diplomatiques et militaires qu’ils ont déployées dans les récentes années, dont son approche d’intimidation comme Rottweiler et sa grande tuerie en Irak. Un nouveau système sécuritaire devra faire surface pour assurer la stabilité et l’ordre, épargnant ainsi au Moyen-Orient l’ignominie de devenir une région en faillite du monde.
Cela a lieu alors que deux autres tendances majeures définissent la région. Les majeures puissances arabes traditionnelles telles que l’Egypte et l’Arabie Saoudite, ainsi que d’une manière moindre la Syrie, la Jordanie, la Libye, l’Algérie et le Maroc, sont moins influents et interventionnistes régionalement qu’elles ne l’étaient. Dans de nombreux cas, elles souffrent aussi de plus grande dissidence et certains appuient même leur légitimité chez eux. En même temps, de nouveaux acteurs puissants non-gouvernementaux dans le monde arabe constituent maintenant un défi, travaillent ensemble, ou même remplacent des régimes de longue date ; les exemples les plus remarquables sont le Hezbollah, le Hamas, la brigade des Martyrs d’Al-Aqsa, les milices de Badr et du Mehdi en Irak, les Frères Musulmans en Egypte, et, plus récemment, l’Union des Cours Islamiques en Somalie.
Les Arabes, Israéliens, Turcs, Iraniens, Américains, Européens, et maintenant les Ethiopiens, ne s’assiéront pas ensemble passivement, observant la montée du pouvoir de ces groupes sur CNN ou Al-Jazeera. Toutes ces parties concernées essaieront d’assurer leurs intérêts nationaux et d’affaiblir leurs ennemis, créant finalement un nouvel arrangement sécuritaire qui permet aux principales forces de la région de trouver un équilibre de pouvoir qui soit stable. Cela peut être négocié - comme les Accords historiques d’Helsinki entre l’occident et l’orient en 1975 - ou émergera à partir des batailles politiques et militaires dont nous sommes témoins ces jours à Beyrouth, Gaza, Bagdad, et au sud -ouest de la Somalie.
La nouvelle ère à venir dans laquelle la sécurité géostratégique du Moyen-Orient est traitée principalement par des acteurs régionaux non-arabes remplacera la précédente rivalité entre les superpuissances qu’étaient les Etats-Unis et l’URSS et les actions des principaux acteurs arabes telles que l’Egypte, l’Arabie Saoudite et la Syrie. Plusieurs puissances régionales émergeront pour équilibrer chaque ancien acteur.
Les candidats à la direction semblent maintenant être l’Iran, Israël, la Turquie et des Etats-Unis adoucis ou au-delà de l’horizon. Tous les Arabes qui jouent un rôle seront principalement des suppléants, des milices sous-traitées, ou des agences de renseignements externalisées pour ces puissances de première ligne. Les systèmes militaires arabes qui coûtent des milliards de dollars à construire seront relégués à n’être qu’un peu plus que des gendarmeries locales.
Les circonstances politiques en Irak, en Palestine, en Syrie et au Liban ont donné à Téhéran des ouvertures qu’il a exploitées pour former des alliances plus proches ou des relations de travail tactiques avec des groupes aussi différents que le Hamas, le Hezbollah, la direction baathiste syrienne, et le gouvernement irakien dominé par les Chiites qui pend seulement d’anciens Baathistes.
La Turquie se concentre principalement sur les événements relatifs aux Kurdes dans l’Irak voisin, l’Iran et la Syrie, bien qu’elle pourrait aussi jouer un plus grand rôle dans des activités de pacification arabo-israéliennes et des Nations Unies.
Israël travaille secrètement à travers la région, mais reste limitée par son manque de liens formels avec la plupart des états arabes et l’Iran. Un accord de paix arabo-israélien global et juste ouvrirait plusieurs portes pour des liens israéliens avec d’autres états du Moyen-Orient, rendant son rôle dans un système sécuritaire régional plus légitime et acceptable. Cette image est effrayante pour l’absence de domination des états arabes dans la création et l’administration de leur propre ordre sécuritaire.
Ce qui reste peu clair est la manière dont l’énorme puissance des groupes militants et de résistance islamistes se traduira en un engagement formel avec un nouveau système sécuritaire régional. Le mieux que nous puissions espérer est que les islamistes qui remportent les élections démocratiques assumeront le pouvoir et traiteront avec responsabilité les affaires de l’état et de la société, dont les accords diplomatiques remarquables avec des puissances régionales et étrangères.
Les tentatives de l’Iran, de la Syrie et d’autres à contrôler les islamistes ne fonctionneront pas à long terme, car les islamiques n’ont une légitimité et une influence dans leur rôle qu’en tant que défenseurs spécifiques de la nation des droits de leur propre peuple, non pas en tant qu’agents de gouvernements étrangers.
10 janvier 2007 - Daily Star - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.miftah.org/Display.cfm?D...
Traduction : M. Ahmed