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Iraq. Nouveau revers

mercredi 29 octobre 2008 - 17h:21

Rania Adel - Al-Ahram/hebdo

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Iraq. Après des mois de négociations, Bagdad s’apprête à demander aux Etats-Unis des amendements dans le projet de pacte sur le maintien des troupes américaines jusqu’en 2011. Washington considère que l’affaire est terminée.

Les spéculations sur les chances de la réussite du pacte de sécurité montent d’un cran. En effet, entre la volonté iraqienne d’y introduire des changements et le ton dur adopté par les Etats-Unis pour forcer les Iraqiens à ne pas faire marche arrière, le sort de cet accord américano-iraqien est tiraillé et le scepticisme plane sur la possibilité de sa ratification. Au cours de cette semaine, les consultations se sont poursuivies au sein des instances dirigeantes iraqiennes pour mettre au point les amendements à soumettre aux négociateurs américains.

Les autorités iraqiennes prévoient d’annoncer leurs demandes une fois que plusieurs ministres, dont ceux de l’Intérieur, de la Défense et des Finances, auront présenté cette semaine leurs recommandations au gouvernement. Rien n’a été divulgué sur la teneur de telles recommandations, mais ce qui est sûr, c’est que beaucoup voient dans ce pacte une atteinte à la souveraineté et à l’indépendance de l’Iraq. Faute d’accord avant le 31 décembre, le gouvernement iraqien envisage de demander au Conseil de sécurité des Nations-Unies de prolonger à titre exceptionnel le mandat des troupes américaines.

Essayant d’atténuer la tension avec Washington suite à la volonté de Bagdad de rouvrir le dossier, le ministre de l’Intérieur a estimé dimanche que renoncer à un accord avec Washington sur le maintien des forces américaines en Iraq constituerait une erreur stratégique qui remettrait en cause l’amélioration de la sécurité dans le pays.

Lors d’une interview à la chaîne Charkiya, il a affirmé soutenir le pacte dans sa version actuelle. Prié de dire s’il considérerait comme une erreur stratégique de ne pas signer ce document, il a répondu : « Oui, je le crois ». « Professionellement, (les ministères de) l’Intérieur et de la Défense doivent soutenir (le pacte). Il s’agit ici des progrès en matière de sécurité. Le peuple iraqien doit préserver ces progrès ».

La violence est à son plus bas niveau depuis quatre ans en Iraq, et la sécurité est désormais assurée par les forces iraqiennes dans la majeure partie du pays. Washington estime toutefois que ses soldats restent nécessaires pour lutter contre les activistes et empêcher de nouvelles éruptions de violence.

Ce faisant, Washington a exprimé ses réticences à modifier ce projet, et averti des conséquences négatives d’une absence d’accord au-delà de fin 2008, date de la fin du mandat de l’Onu.

« Nous n’avons pas claqué la porte mais elle est plus ou moins close », a déclaré la porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino. Sans accord d’ici le 31 décembre, « nous n’aurons pas de bases légales pour fonctionner et nos troupes devront se retirer », a prévenu un responsable du département d’Etat ayant requis l’anonymat. « Et cela aura des implications sur un certain nombre de choses dans le pays, à commencer par la protection à de très hauts responsables iraqiens », a-t-il ajouté. Les Etats-Unis assurent notamment la sécurité du premier ministre chiite Nouri Al-Maliki.

Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, avait également averti la semaine dernière de conséquences « dramatiques ».

Le porte-parole du Pentagone, Geoff Morrell, a de son côté rendu l’Iran responsable de cette situation et accusé Téhéran de chercher à « saper » et « faire dérailler » l’accord. « Ils ont fait savoir leur opposition à cet accord, et ont cherché à influencer les Iraqiens de toutes les manières possibles », a-t-il dit lors d’une conférence de presse. Washington accuse par ailleurs depuis des mois l’Iran de fournir des armes aux insurgés en Iraq.

Le président du Parlement iranien, Ali Larijani, a jugé le même jour que cet accord « empiétait sur la souveraineté de l’Iraq » en raison, selon lui, de l’immunité prévue pour les soldats américains à l’égard de la justice iraqienne.

Les chiites, divisés plus que jamais

Si les dirigeants chiites de la coalition du premier ministre Nouri Al-Maliki hésitent à soutenir le pacte de sécurité - du fait de leur relation avec l’Iran -, les partisans de l’imam radical chiite Moqtada Sadr, hostiles à ce texte, risquent en effet de représenter une menace électorale lors des élections provinciales prévues début 2009. La situation est en effet fréquemment perçue comme un choix imposé à Bagdad entre Washington et Téhéran.

Des milliers d’Iraqiens ont manifesté, vendredi, après la prière, notamment, à Nadjaf et à Bagdad, contre le projet de pacte de sécurité entre l’Iraq et les Etats-Unis.

Dans un message lu par cheikh Abdul-Hadi Al-Mohammadawi devant la foule des manifestants, Moqtada Sadr a appelé le Parlement iraqien à rejeter l’accord.

« Le gouvernement iraqien a renoncé à son devoir devant Dieu et son peuple et vous a soumis l’accord en sachant que le ratifier stigmatisera l’Iraq et son gouvernement pour les années à venir », a-t-il déclaré. « Je suis au côté de chaque sunnite, chiite ou chrétien qui est opposé à l’accord », a-t-il ajouté et « je rejette, condamne et dénonce la présence des forces occupantes ».

Moqtada Sadr a également mis en doute l’argument du gouvernement iraqien selon lequel le pacte de sécurité constitue un pas vers la fin de la présence militaire américaine en Iraq.

L’accord prévoirait un départ des troupes américaines avant le 31 décembre 2011, à moins que Bagdad ne demande à certains éléments de rester.

« S’ils vous disent que l’accord met fin à la présence de l’occupation, laissez-moi vous dire que l’occupant gardera ses bases. Et quiconque vous dit que cela nous donne la souveraineté est un menteur », conclut-il.

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 29 octobre au 4 novembre 2008, numéro 738 (Monde arabe)


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