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« L’orchestre arabe Ma’alot-Tarshiha » ?

mercredi 10 janvier 2007 - 19h:19

Jack Khouri - Ha’aretz

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La municipalité : nous subsidierons l’orchestre arabe, s’il change de nom.

Ma’alot-Tarshiha a été pendant longtemps un exemple de coexistence entre Juifs et Arabes en Galilée. Cela fait de nombreuses années que le conseil municipal est composé en nombre quasiment égal de représentants juifs et arabes, l’école arabe obtient des résultats significatifs et le maire, Shlomo Bohbot, veille toujours soigneusement à mentionner le nom entier de la localité. Pourtant, ces dernières années, semble-t-il, quelque chose s’est fêlé dans l’image optimiste de la ville, avec le sentiment des habitants arabes que la municipalité opère une discrimination à leur encontre en matière d’allocation des ressources et porte atteinte à leur identité culturelle.

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Orchestre Tarshiba

S’ajoute maintenant un nouveau point de tension entre les deux côtés : l’orchestre Tarshiha de musique arabe. La municipalité a annoncé qu’elle ne transférera d’argent à l’orchestre que s’il change son nom en « Orchestre Ma’alot-Tarshiha » et qu’il vienne travailler sous l’égide de la maison municipale de la musique. L’argument de la municipalité est que, pour bénéficier de l’appui de la municipalité, l’orchestre doit représenter par son nom tous les habitants de la ville. Le maire a même déclaré que l’opposition des administrateurs de l’ensemble musical au changement de nom découlait de motivations idéologiques et « racistes », selon son expression.

Le directeur de l’orchestre : le changement de nom constitue une ligne rouge.

Un conseiller municipal, le Dr Riyad Bishara de Tarshiha, affirme que le maire tente de porter atteinte à l’identité et la présentation de Tarshiha comme village arabe. La semaine passée, Riyad Bishara a envoyé une lettre cinglante à Shlomo Bohbot, dans laquelle il protestait contre la tentative d’imposer un nom à un orchestre dont la finalité est artistique. « Il se confirme maintenant », écrivait-il, « ce par rapport à quoi nous avons toujours mis en garde, à savoir que vous essayez de cacher Tarshiha comme village ayant une identité arabe, que ce soit dans l’urbanisme ou dans le sport, et maintenant dans le domaine artistique ».

L’orchestre Tarshiha a été fondé en 1988 et il est considéré comme ayant du succès dans le pays et dans le monde arabe. Le budget de l’orchestre s’élève à un demi million de shekels [ 90.000 ?] dont la plus grande partie provient du revenu des représentations, de dons et du soutien du Ministère de la Culture. La municipalité, qui aide l’orchestre depuis 1991, avait coutume de lui octroyer entre 50.000 et 80.000 shekels [ 9.000 à 14.500 ?]. Actuellement, il a été décidé de ramener le soutien pour 2007 à 30.000 shekels [ 5.500 ?] qui ne seront transférés que si l’orchestre change de nom et vient travailler à la maison municipale de la musique créée il y a deux ans - une quinzaine d’années, donc, après la fondation de l’orchestre.

Des responsables de l’orchestre soulignent que le soutien de la municipalité n’est pas significatif dans le budget. « Jamais nous n’avons dépendu du soutien de la municipalité pour tout ce qui est lié à la préparation du budget », disaient-ils cette semaine. Malgré cela, le directeur de l’orchestre, Albert Andrious, n’est pas pressé de durcir l’affrontement avec Shlomo Bohbot. « Je préfère attendre de recevoir des réponses directes avant de faire des déclarations », a dit Albert Andrious qui est censé rencontrer Shlomo Bohbot prochainement pour discuter de la question, « La dernière chose à laquelle nous aspirons serait de mêler l’orchestre à la politique, mais de notre point de vue, le changement de nom constitue une ligne rouge ».

Le conseiller municipal Riyad Bishara avance une position plus dure. Il a affirmé que le maire essayait d’imposer une apparence de collaboration à sa convenance, et « une situation comme celle-là reviendra comme un boomerang dans tout ce qui concerne la collaboration et la vraie vie en commun », a-t-il ajouté.

Le nom de l’orchestre ne serait connu de la municipalité que depuis peu.

Le maire, Shlomo Bohbot, a dit qu’il voyait, dans le refus des administrateurs de l’orchestre de lui donner le nom complet de la ville, du « pur racisme », pour reprendre son expression, « Dans la mesure où il s’agit d’un ensemble musical qui refuse, pour des raisons idéologiques, de prendre le nom complet de la ville, il y a là, de leur part, comme une volonté d’ignorer l’autorité commune, et la chose est contraire à la politique de la ville. »

Des responsables de la municipalité repoussent les arguments du Dr Riyad Bishara, en disant qu’ils découlent de « motivations politiques douteuses ». Selon ces responsables, la municipalité a décidé que tout ensemble qui serait intéressé par un soutien de la ville, devrait travailler dans le cadre du centre municipal de la musique. « Pourquoi l’ensemble Tarshiha doit-il se distinguer de Ma’alot et ne peut-il travailler dans le cadre du centre municipal de la musique comme tous les autres ensembles et orchestres de Ma’alot-Tarshiha ? », demande-t-on au sein de la municipalité, « Un orchestre qui reçoit un budget de la municipalité est censé représenter tous les habitants de Ma’alot-Tarshiha. Depuis toujours, tous les groupes qui font l’objet d’un soutien de la municipalité se produisent fièrement sous le nom de Ma’alot-Tarshiha. » Du côté de la municipalité, on nous dit également que « nous rejetons cette tentative tortueuse de créer une séparation artificielle de tel ou tel groupe représentatif. »

En réponse à la question de savoir pourquoi la municipalité a soutenu l’orchestre pendant des années, il nous est répondu que la municipalité croyait que l’orchestre se présentait sous le nom complet de la ville et que ce n’est que récemment qu’elle a été informée de cette présentation partielle du nom.

L’orchestre Tarshiha de musique arabe

L’orchestre existe depuis 1988 et compte une vingtaine de musiciens. Il est un des orchestres les plus anciens du secteur arabe et il est connu aussi dans le monde arabe. En 1999, il s’est produit à l’opéra du Caire où il était présenté comme un orchestre palestinien, et il a eu droit à des éloges. En novembre, il a participé au festival du oud de Jérusalem. Son budget annuel s’élève à une demi million de shekels et la municipalité de Ma’alot-Tarshiha le soutient depuis 1991 à hauteur d’environ 80.000 shekels par an. Cette année, la municipalité a décidé de ne pas soutenir l’orchestre si ses administrateurs ne modifiaient pas son nom pour l’appeler « l’orchestre Ma’alot-Tarshiha ».

Jack Khoury - Ha’aretz, le 5 janvier 2007
Traduction de l’hébreu : Michel Ghys


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