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Palestine ; deux présidents et toujours pas d’Etat

mardi 30 septembre 2008 - 08h:24

Javier Espinosa - El Mundo

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La fin du mandat d’Abou Mazen pourrait exacerber la division entre les factions. La crise s’est aggravée suite à la grève des enseignants et des médecins opposés au Hamas.

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Symbole du mouvement Hamas - Photo : AP

GAZA - Assis dans son bureau du parlement de Gaza, Khalil Al Jaya énumère les « pertes » subies par sa famille au cours des derniers mois de confrontation avec Israël comme s’il parlait de statistiques. "Un fils, le 28 février. Deux frères et quatre neveux, le 20 mai. Et un autre neveu, Iyad, qui est mort dans l’explosion de juillet, rappelle t-il, en se référant à l’attentat mystérieux qui a tué cinq membres du Hamas.

Jaya n’est pas un nom connu de l’opinion publique internationale. Ni même pour les Israéliens. Toutefois, selon le quotidien « Yediot Aharonot », il figure parmi les 10 principaux dirigeants du Hamas élus l’été dernier. Des personnalités comme Ahmed Jaabari, Ahmed Randour, Marwan ou Issa Nizar Rian (tous les chefs de guerre notoires), ont rejoint les « politiques » traditionnels comme Ismail Haniya ou Mahmoud Zahar.

Un évènement que la presse israélienne a interprété comme une radicalisation du mouvement palestinien. Jaya lui-même est considéré par « Yediot Aharonot » comme étant « très proche de l’aile militaire et disposant d’une grande influence. »

Lui aussi député palestinien, il fait partie des éléments du Hamas qui mettent en garde sans équivoque que toute tentative du président de l’Autorité nationale palestinienne (ANP), Abou Mazen, de prolonger son mandat le 9 janvier prochain, sera « illégitime ». « S’il veut rester au pouvoir sans élections, le Hamas le considèrera comme usurpateur et violeur de la législation », ajoute le porte-parole du groupe, Sami Abu Zuhri.

L’éventuelle reconduite de la charge d’Abou Mazen en janvier pourrait amener la division palestinienne à son point culminant, étant donné que le Hamas est prêt à le remplacer par le chef du Parlement, Ahmed Bahar, dans un geste qui laisserait l’ANP avec deux présidents : un en Cisjordanie et un autre à Gaza.

« Mais comment allons-nous avoir deux président, alors que nous ne disposons pas d’un État ? » ironise Jaya, bien qu’il réaffirme son point de vue.

Durcissement du discours

Abou Mazen a déclaré récemment dans le journal israélien « Haaretz » que les prochaines élections présidentielles n’auraient pas lieu en 2009, mais l’année suivante, en supposant qu’il reste au pouvoir. Comme le Hamas, les acolytes du président ont durci leur logique au cours des dernières semaines et le chef de l’armée en Cisjordanie, le général Dhiab al-Ali a dit que « si Gaza continue à se rebeller, nous n’aurons pas d’autre choix que le recours à l’usage de la force pour réunifier notre terre ».

L’augmentation de la tension entre les deux factions a été relancé en août après l’agression du Hamas contre les membres du Fatah dans la bande de Gaza et la vague d’arrestations d’islamistes en Cisjordanie. La capture le 17, à Hébron, de deux militants des brigades d’Izzadin Qassam, la branche armée du Hamas, a amené cette formation à ordonner à ses membres « de se défendre par tous les moyens possibles » si la police d’Al Fatah, « qui fonctionne maintenant comme une unité de l’armée sioniste » essaie de les arrêter.

Selon Jaya, près de 300 membres du Hamas ont été arrêtés en Cisjordanie au cours de l’année dernière et près
de la moitié est toujours en prison.

Grève des médecins et des enseignants

La confrontation a continué « crescendo », lorsque les autorités de Ramallah ont organisé une grève de durée indéterminée de leurs médecins et leurs enseignants sympathisants dans la bande palestinienne. Le Centre palestinien pour les droits de l’homme lui-même a décrit la protestation comme une action « qui est politiquement motivée et donc illégitime », et a mis en garde contre les « effets désastreux » de ces mobilisations.

Les enseignants ont commencé leur protestation le 24 août. La réaction du Hamas a été très rapide. En quelques jours, plus de 2000 enseignants sur environ 9000 qui exercent dans la bande de Gaza ont été remplacés par des partisans du groupe palestinien.

« Ils ont renvoyé 170 directeurs d’écoles et 23 sont encore détenus. Ils les ont torturés. Ils ont placé des personnes sans formation. Par exemple, des étudiants de l’Université islamique. Juste parce qu’ils sont du Hamas », a déclaré Ramzi Ocashan, l’un des organisateurs de la grève.

Mahmoud Zahar a admis que pour les médecins ils ont été incapables de réagir de la même manière. « Où allons-nous trouver des médecins pour remplacer les grévistes ? » se demande t-il. Néanmoins, dans plusieurs cas les hommes en uniformes du Hamas ont obligé par la force les médecins à retourner à l’hôpital. « S’il y a une urgence nous les forçons à revenir, bien sûr. Nous n’allons pas laisser le patient mourir ! », dit Haya.

Selon l’ONU, près de 48% des employés dans le secteur de la santé se sont joints à la protestation et près de 50% des enseignants. L’ONU a averti que ces actions ont déjà obligé trois hôpitaux, dont l’hôpital Shifa, le principal de Gaza, a se déclarer en état d’urgence devant le manque de personnel et la fermeture de douzaines de centres d’aide, de planning familial et de médecine préventive.

Haya n’est pas optimiste quant à la table ronde por des négociations que l’Egypte envisage de parrainer en octobre pour mettre fin à la division palestinienne et tous les experts estiment que cela pourrait bien être la dernière chance avant une escalade très grave. « Nous ne pourrons parvenir à un accord que si les Etats-Unis et Israël le permettent à Abou Mazen et je ne pense pas qu’ils le feront », dit-il.

Du même auteur :

- Saïd Ataba : un détenu palestinien pour le Guinness des records - 26 juin 2008

25 septembre 2008 - El Mundo - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elmundo.es/elmundo/2008/...
Traduction de l’espagnol : Charlotte


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