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Palestine : un accord de paix renvoyé aux calendes grecques

mardi 23 septembre 2008 - 09h:32

Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran

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c’est très certainement cette « intransigeance » que Olmert et Bush mettront en avant pour expliquer qu’ils laissent le processus de paix dans l’impasse en tirant leur révérence à la scène politique nationale et internationale.

La conférence d’Annapolis en novembre 2007 a certes relancé les négociations entre Israéliens et Palestiniens, dans l’impasse depuis sept ans. Mais il est très vite apparu qu’Israël, fort du soutien inconditionnel des Etats-Unis, ne conçoit d’accords avec les Palestiniens qu’à ses conditions et selon des dispositions débouchant sur un « Etat palestinien » totalement vassalisé et démuni de tous les attributs lui assurant une réelle souveraineté.

Sous les apparences d’une volonté à accélérer ces négociations, Israéliens et Américains se sont en fait entendus pour se « hâter lentement » à trouver un terrain d’entente avec les Palestiniens qui aurait fait avancer les pourparlers. Mahmoud Abbas et ses conseillers ont été par ce stratagème « baladés » de rencontre en rencontre entre Tel-Aviv et Washington, sans obtenir rien d’autre que quelques concessions sans rapport avec les questions de fond qui « plombent » la perspective d’un accord global. Et c’est malgré cette évidence que le président américain George W. Bush s’est joué de Mahmoud Abbas en lui faisant espérer que les négociations ainsi engagées déboucheront sur un accord de paix avant son départ de la Maison-Blanche, soit avant la fin de l’année 2008.

Par naïveté ou pour avoir sincèrement cru à la détermination de ses interlocuteurs israéliens et américains, Mahmoud Abbas a joué à fond la carte d’un possible accord, d’autant qu’entré en conflit avec son gouvernement composé par le mouvement islamiste Hamas, il a pensé pouvoir regagner son autorité sérieusement ébranlée en se prévalant d’une négociation aboutie avec l’Etat hébreu.

Il n’en sera rien de cela et surtout pas dans le délai que lui a fait espérer le président américain. Prenant d’abord prétexte des problèmes internes dans lesquels se débat l’Autorité palestinienne et l’affaiblissement de sa représentativité nationale, les Israéliens se sont refusés à des négociations de fond sur les questions qui font obstacle à un accord global avec les Palestiniens, à savoir l’arrêt de l’extension des colonies et le sort de celles qui transforment le territoire palestinien en véritable « fromage de gruyère », le droit au retour des réfugiés palestiniens, le statut de la ville de Jérusalem et la libération des détenus dans les geôles israéliennes.

Ce n’est pas maintenant que Olmert et son gouvernement sont partants pour cause de démission forcée du premier qu’ils consentiront à aborder sérieusement ces questions avec Abbas et les négociateurs palestiniens. Au contraire, ils prendront prétexte de cette situation pour repousser à plus tard cette perspective. Et ce ne sont pas les Américains qui interviendront pour les faire changer d’avis. La Maison-Blanche s’est elle aussi trouvé « un impondérable » pour prendre des distances avec un processus de négociation qui n’a été mis en branle que pour s’assurer la solidarité des Etats arabes face à l’Iran, à son ambition nucléaire et à sa montée en puissance dans la région du Moyen-Orient. Cet « impondérable », c’est bien entendu la crise financière qui menace de faire s’effondrer l’économie américaine.

De toute façon, même si le gouvernement Olmert n’avait pas été emporté par la tempête provoquée par les scandales financiers dans lesquels est impliqué son chef, et qu’il n’y ait pas eu crise financière aux Etats-Unis, les négociations entre Israéliens et Palestiniens auraient été entravées par d’autres obstacles que les négociateurs israéliens savent faire surgir opportunément et en attribuer la responsabilité à « l’intransigeance » une bonne fois pour toutes démontrée des Palestiniens. Et c’est très certainement cette « intransigeance » que Olmert et Bush mettront en avant pour expliquer qu’ils laissent le processus de paix dans l’impasse en tirant leur révérence à la scène politique nationale et internationale.

Du même auteur :

- Le grand écart de la politique US
- Horizon économique mondial alarmant
- Quand Bush s’oublie
- Saakachvili a joué et perdu
- Ossétie : « Remember, the Kosovo »

23 septembre 2008 - Le Quotidien d’Oran - Analyse


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