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Livni au premier rang

mercredi 17 septembre 2008 - 09h:38

Abir Taleb - Al-Ahram/hebdo

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L’actuelle ministre des Affaires étrangères, Tzipi Livni, est donnée favorite pour succéder à Ehud Olmert à la tête du Kadima et devenir ainsi le prochain premier ministre.

Avec une réputation de femme intègre tranchant avec celle du Premier ministre sortant, Ehud Olmert, embourbé dans un tas d’affaires de corruption, Tzipi Livni, chef de la diplomatie israélienne, est pressentie pour succéder à Olmert. Contrairement à ce dernier, Tzipi Livni n’a jamais été inquiétée par la justice, et elle domine le ministre des Transports, Shaul Mofaz, dans les derniers sondages concernant le premier tour des élections primaires du parti Kadima, qui se tiennent ce mercredi.

C’est d’ailleurs là son point fort. Mme Livni cultive cette image d’intégrité dans un pays où les affaires de corruption impliquant des dirigeants politiques se sont multipliées ces dernières années.

Malgré cela, elle suscite la méfiance au sein de l’appareil. « Je crains pour l’avenir de l’Etat d’Israël si Livni arrive au pouvoir. Elle est incapable de prendre des décisions. Elle est influençable et n’a pas confiance en elle-même », a récemment dit d’elle M. Olmert, en la qualifiant au passage de « traîtresse » et « menteuse ». Une animosité qui a éclaté au grand jour en 2007, lorsqu’elle s’était déjà positionnée en faveur d’une démission du Premier ministre après la publication d’un rapport sur la guerre de 2006 au Liban.

Ce dernier perd ainsi son poste après un mandat marqué par les affaires et les échecs en matière de sécurité. Le dernier coup encaissé par Olmert aura été la recommandation de la police de l’inculper pour corruption. Les enquêteurs ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils avaient suffisamment de preuves pour recommander son inculpation pour « corruption » et « abus de confiance » dans le cadre de deux des six dossiers le concernant. Ceci quatre mois après que la police israélienne eut dévoilé qu’Olmert avait reçu en liquide d’importantes sommes d’argent, qui pourraient constituer des pots-de-vin, d’un homme d’affaires juif américain alors qu’il était maire de Jérusalem entre 1993 et 2003.

Blanc bonnet et bonnet blanc

Avec ces scandales en série, ce sont les affaires internes qui ont pris le dessus dans la campagne du Kadima, le processus de paix étant ainsi relégué au deuxième plan. A ce sujet, Mme Livni est perçue comme une pragmatique. C’est elle qui mène les négociations avec Ahmad Qoreï, le représentant de l’Autorité palestinienne, des discussions qu’elle considère comme importantes, dans le cadre de la reprise du dialogue initié aux Etats-Unis, à Annapolis, fin 2007, par le président George W. Bush.

« Une perte de temps », rétorque M. Mofaz, 59 ans, un « faucon » qui, dans un entretien paru vendredi dernier dans Yédiot Aharonot, promet, s’il devient Premier ministre, de « reprendre les liquidations ciblées contre le Hamas, frapper les infrastructures à Gaza, limiter les livraisons de fuel et tarir les sources de financement du terrorisme ». Dans le même quotidien, Mme Livni affirme qu’elle ne négociera avec le Hamas qu’à condition qu’il « reconnaisse Israël, renonce au terrorisme et entérine les accords passés » avec les Palestiniens.

Pourtant, malgré ces différences de vue, pour les Palestiniens, cela risque d’être blanc bonnet ou bonnet blanc. Les négociations, relancées en novembre 2007 à Annapolis aux Etats-Unis, étaient censées aboutir en 2008 mais ont enregistré peu de progrès depuis. Et après des mois de pourparlers, l’Autorité palestinienne affiche sa volonté de les poursuivre avec son successeur, bien que l’incertitude politique en Israël ait d’ores et déjà miné les chances d’un accord de paix proche.

En effet, si l’Autorité du président Mahmoud Abbass se dit officiellement prête à poursuivre la quête de la paix avec le successeur de M. Olmert, quel qu’il soit, elle n’en est pas moins consciente des difficultés de traiter avec un premier ministre israélien moins enclin au compromis. Les prochaines semaines seront donc sous le signe de l’attente.

En effet, pour être élu au premier tour, le futur chef du Kadima devra dépasser la barre des 40 % des suffrages exprimés, faute de quoi un deuxième tour sera organisé le 24 septembre. Quoi qu’il en soit, Ehud Olmert a promis de démissionner de ses fonctions dès l’élection d’un nouveau leader du Kadima. Il restera cependant à la tête d’un cabinet de transition tant qu’un autre gouvernement n’aura pas été constitué. Après la démission d’Olmert, le président Shimon Pérès devrait accorder un délai d’un total de 42 jours à son successeur du Kadima pour constituer une majorité parlementaire de 61 députés sur les 120 de la Knesset. En cas d’échec, le président pourra confier cette tâche à un autre député pour 28 jours. Si cette nouvelle tentative échoue, des élections anticipées auront lieu début 2009, alors que la législature actuelle doit normalement s’achever fin 2010. Et ce scrutin pourrait consacrer le grand retour du Likoud de Benjamin Netanyahu, selon les sondages d’intentions de vote.

Ainsi, pour l’analyste politique palestinien Hanna Siniora, cité par l’AFP, le tumulte politique en Israël aura inéluctablement « des répercussions négatives » sur le processus de paix. « Ce sera le cas si Netanyahu est élu ou Mofaz, qui incarne un Likoud bis. Avec Livni on ne sait pas à quoi s’attendre, mais il ne faut pas oublier qu’elle est aussi issue du Likoud », explique-t-il. Et de conclure : « Si l’impasse actuelle persiste, les leaders radicaux assumeront le pouvoir à la fois en Israël et chez les Palestiniens, ce qui signifie davantage de troubles et de guerres ».

Al-Ahram/hebdo - Semaine du 17 au 23 Septembre 2008, numéro 732 (Monde)


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