16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Vengeances fratricides

dimanche 24 août 2008 - 07h:34

Ana Carbajosa

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Les deux principaux partis Palestiniens ont subi leurs pires affrontements depuis les combats de Gaza il y a un an.

JPEG - 15.4 ko
La police du Hamas dans Gaza passe à tabac un partisan du Fatah - Photo : AP

Naplouse, la ville de Cisjordanie est devenue le théâtre de la répression contre les islamistes du Hamas par les forces officielles du Fatah, en réponse aux attaques des islamistes à Gaza.

Les enlèvements, les passages à tabac et la fermeture des organismes de bienfaisance liés aux islamistes du Hamas sont monnaie courante à Naplouse et la preuve que les relations entre les factions palestiniennes rivales connaissent leur pire moment depuis un an que le Hamas a pris le contrôle de Gaza et a expulsé les principaux partisans du Fatah, laissant les territoires palestiniens divisé en deux : Gaza, dans les mains des islamistes ; la Cisjordanie, sous le contrôle du président palestinien Mahmoud Abbas.

Malgré les appels à la réconciliation et au dialogue des politiciens de l’Autorité nationale palestinienne la situation sur le terrain empeste la soif de vengeance.

Le déclencheur de cette nouvelle vague de violence a été l’explosion fin juillet d’une bombe à Gaza qui a tué une fille et cinq miliciens du Hamas. Les islamistes ont lancé une campagne d’arrestations contre des membres du Fatah à Gaza, qu’ils accusent d’être à l’origine de l’attentat. Depuis lors s’est déclenchée une spirale de violence et d’arrestations. Un récent rapport de l’organisation des Droits de l’homme démontre que les violations des droits de l’homme sont quotidiennes dans les territoires palestiniens, résultat de la lutte politique. Il soutient que « les forces de sécurité cisjordaniennes ont souvent torturé les détenus pendant les interrogatoires » et au moins un cas dans lequel les abus ont mis fin à la vie du détenu. Mais sans disculper les islamistes. « Les forces du Hamas dans la bande de Gaza ont commis de nombreuses violations similaires », assure le rapport.

Abou Kusai, chef des officielles Brigades des martyrs d’Al Aqsa est un de ceux qui sont chargés de mettre la corde au cou aux islamistes du Hamas en Cisjordanie. Juste un mois après être sorti des prisons israéliennes où on l’a laissé moisir pendant six ans. Son nouveau passage à la légalité, loin d’avoir apaisé son esprit, semble lui avoir donné une nouvelle énergie. Brun recoloré et vêtu à la mode des jeunes Palestiniens, il met en garde depuis un bureau désordonné du camp de réfugiés de Balata, près de Naplouse : « Nous ne voulons pas tuer, mais il faut voir ce que fait le Hamas à Gaza. Quand nous avons enlevé Ghazal [Muhammad, dirigeant islamiste] la semaine dernière, nous avons été très respectueux avec lui, nous ne l’avons pas touché, et ceci compte tenu du fait que c’est un membre important du Hamas ».

Il a expliqué qu’ils l’ont enlevé pour faire pression sur les islamistes et obtenir la libération de dizaines de détenus partisans du Fatah à Gaza, et reconnaît que, malgré sa fidélité au président Abbas, aujourd’hui les martyrs d’Al Aqsa, ne répondent à aucun ordre mais à leur propre désir de vengeance. « Nous avons pris la loi entre nos mains, parce que le Hamas ne peut pas commettre un massacre dans la bande de Gaza au lendemain du jour où Abbas a annoncé la libération de prisonniers islamistes en Cisjordanie. Nous soutenons l’Autorité nationale palestinienne, mais dans une certaine mesure. S’ils n’assurent pas notre sécurité, nous savons comment nous protéger. » Et il ajoute : « Nous avons des listes de personnes du Hamas. Si la situation continue comme ça, nous enlèverons des personnes chaque jour et nous ne serons pas aussi compatissant que nous l’avons été jusqu’ici. »

Tout est menaces et accusations, oeil pour oeil, dent pour dent ... et aucune projection vers l’avenir et encore moins le désir de travailler pour la réconciliation nationale. Reste t-il un espace de dialogue ? Pour toute réponse un « non » tranchant. Pour le milicien il ne fait aucun doute que la relation entre les fidèles au Fatah et les islamistes "est bien pire aujourd’hui qu’il y a un an, lorsque des affrontements entre les deux groupes à Gaza se sont soldés par plus d’une centaine de morts.

Les menaces, et en particulier les actions des miliciens du Fatah, ont fait leur effet. Les partisans du Hamas en Cisjordanie sont effrayés ; ils savent qu’ils sont transformés en gibier et ils essaient de maintenir un profil le plus bas possible. Il y a également ceux qui, comme le cheikh Hamid al Bitawi, député du Hamas à Naplouse, offrent une vision du conflit propre à ceux qui savent que le temps joue en leur faveur. « Les brigades Al-Aqsa peuvent nous menacer autant qu’elles veulent, nous ne répondrons pas. Notre ennemi en Cisjordanie est l’occupation israélienne. » Il a toutefois convenu avec l’islamiste Abou Kusai qu’il n’y a pas de place pour le dialogue. « Je ne vois pas de possibilité de réconciliation entre le Hamas et le Fatah. »

Ces luttes intestines tiennent beaucoup de rancunes personnelles et peu d’affrontement idéologique, selon le Tout-Puissant Munib Masri, l’homme le plus riche de Cisjordanie, qui gère son empire depuis son palais, qui couronne une des collines de Naplouse. Fervent nationaliste, cet homme tente maintenant de mener une médiation entre les parties en conflit à travers la soi-disant « initiative du forum palestinien. » Masri espère qu’un jour « ceux du milieu » le fameux 50% de la population palestinienne, dont les sondages disent ne pas soutenir une partie ou l’autre, dise « assez, nous sommes lassés. »

20 août 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Charlotte


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.