De fait le principe intangible de la lutte et de la résistance est en train de s’effondrer pour se transformer en conflit pour le pouvoir.

La plupart des Egyptiens ont passé la plus grande partie de leur vie à coexister avec la cause palestinienne. Ils sont tellement influencés par cette cause qu’ils sont parfois prêts à sacrifier leur vie. Le peuple égyptien s’est donné pour mission de faire face à l’ennemi commun avec une certitude totale que la lutte du peuple palestinien - dans laquelle chaque homme, chaque femme et chaque enfant payent cher le prix de leur honneur, de leur liberté et de leur terre - résistera à toutes les difficultés.

Mais les derniers incidents sanglants qui ont eu lieu entre les 2 plus importantes factions palestiniennes, le Fatah et le Hamas, ont changé beaucoup de choses. En effet, de nombreux Palestiniens ont été tués par leurs frères et non par les Israéliens. Ceci a provoqué un choc et une déception énormes chez les Egyptiens et les Arabes, de façon générale. De fait le principe intangible de la lutte et de la résistance est en train de s’effondrer pour se transformer en conflit pour le pouvoir. Les Palestiniens sont sur le point de tomber dans le piège de l’ennemi et d’être soumis à des pressions étrangères. Et au lieu de réaliser une accalmie entre la résistance palestinienne et les forces israéliennes, il est aujourd’hui question d’une trêve et d’une accalmie entre le Fatah et le Hamas, entre Abbass et Ismaïl Hanniyeh. Ces nouvelles font la une dans le monde entier. Et personne n’est suffisamment clairvoyant pour prédire l’avenir.

La crise s’est terminée par un accord sécuritaire visant à mettre fin aux accrochages sanglants entre les Palestiniens. Dans cet accord, l’Egypte a joué un rôle primordial et impartial en vue de faire cesser le combat entre les appareils sécuritaires des 2 factions. Au cours des derniers jours, ces appareils sécuritaires ont assumé la responsabilité de protéger les personnes occupant les postes importants. Reste à espérer que cette détention permettra la reprise du dialogue et la formation d’un gouvernement d’union nationale. En effet, ces négociations avaient été interrompues depuis que Mahmoud Abbass avait annoncé qu’elles avaient abouti à une impasse à cause de l’échange des accusations entre les 2 factions. Ironie du sort ! C’est exactement ce qui s’est passé pour les négociations avec Israël.

Cependant, rien ne garantit que les accrochages ne reprennent à n’importe quel moment, d’autant plus que le différend se base sur 2 positions tout à fait contradictoires. Une partie compte sur des promesses israéliennes étranges selon lesquelles le blocus sera levé et les négociations seront reprises si les conditions internationales sont réunies. Quant à la seconde partie, elle est tout à fait convaincue que compter sur les miettes jetées par Israël et l’Occident ne résoudra jamais le problème. Cette partie pense qu’il est absolument nécessaire de changer radicalement la stratégie palestinienne envers Israël.

Personnellement, je ne pense pas que la rencontre entre Abbass et Olmert tranchera le conflit des volontés palestiniennes. Il ne faut pas trop compter sur cette entrevue. Le plus important est de former un gouvernement d’union nationale ou un gouvernement technocrate qui préparerait la voie à de nouvelles élections. De nombreux Palestiniens fidèles à leur pays et sincères dans leur volonté de sortir de l’impasse ont des propositions pratiques à présenter sur la table des négociations.

La communauté internationale peut avoir ses propres priorités et plans. Mais rien ne pourra être réalisé sans une entente entre le Fatah, le Hamas et toutes les factions palestiniennes. Toute action qui se baserait sur une division dans le mouvement national échouera de toute évidence.

Et c’est ainsi que le mouvement de libération palestinienne approchera de son agonie, après une longue lutte qui peut échouer à tout moment !.

Semaine du 3 au 9 janvier 2007, numéro 643
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