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Netanyahou, c’est le diable !

jeudi 14 août 2008 - 06h:39

Gidéon lévy - Haaretz

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Ils nous rejouent à nouveau le vieux tube : ce sera la fin de l’occupation, Ehud Barak traitera les Palestiniens comme des êtres humains. Seul Netanyahou conduira au désastre. A nouveau, la dernière mode dans le monde politique est de discuter comment stopper le roi des sondages d’opinion et le prince du désastre.

La démonisation du président de Likud par la ligue de défense Anti-Netanyahou n’est pas quelque chose de nouveau. Il y a un but : présenter tous les autres candidats comme meilleurs, car ils seraient si différents du diable Netanyahou. C’est une ancienne et si efficace méthode du discours israélien : par exemple, nous combattrons « les avant-postes illégaux, » kashérisant [dans le texte - N.d.T] de ce fait tous les autres en colonies « légales ». De la même façon qu’il n’y a aucune différence entre Ariel et Asael — les deux sortes de colonies sont évidemment illégales — il n’y a aucune réelle différence entre Netanyahou et tous les autres candidats. Aucun n’est un messager de la paix ou de la fin de l’occupation, mais seul Netanyahou est dépeint avec des couleurs effrayantes, rendant ainsi tous les autres kascher.

Netanyahou, l’homme de nos cauchemars, a rencontré Yasser Arafat, a signé l’accord d’Hébron et n’a pas amené la paix. Les premiers ministres qui lui ont succédé — Ehud Barak, Ariel Sharon et Ehud Olmert — n’ont pas conduit Israël même à une seule étape plus près de la paix. Netanyahou a inauguré le tunnel sous le mur ouest [sous l’Esplanade des Mosquées - N.d.T], un fiasco qui s’est terminé avec des douzaines de morts. Et qui était son associé dans cette opération ? Olmert, alors maire de Jérusalem, mais qui n’a jamais été autant diabolisé que Netanyahou. Il est vrai que la rhétorique d’Olmert comme premier ministre était beaucoup plus plaisante aux oreilles pacifistes que celle de Netanyahou ; il a conduit des négociations, il est accueillant avec le président palestinien Mahmoud Abbas, et il a même envoyé des émissaires en Turquie pour entamer des pourparlers avec la Syrie. Mais qu’avons-nous tiré de tout cela ? Plus de colonises et une occupation encore plus brutale. Netanyahou, au moins, n’a pas lancé une guerre inutile et délirante [la guerre contre le Liban en juillet et août 2006 - N.d.T].

La raison de ces arguments n’est pas d’encenser Netanyahou. Conformément à son idéologie déclarée, il soutient une solution à seul état, un état éternellement ségrégationniste. Mais comment ce diable peut-il être différent des autres ?

Mofaz, par exemple, devrait bien plus nous effrayer : il a beaucoup plus de sang sur ses mains que n’en a cet effrayant Netanyahou. Alors que Netanyahou expédiait un représentant auprès du président de Syrie et envoyait des coups de sonde à propos d’un retrait israélien du Golan, Mofaz invoque « la paix pour la paix, » insulte notre intelligence, et promet en réalité une autre guerre au nord. Père des assassinats, il a transformé les forces israéliennes de défense en un gang vindicatif dans les territoires occupés.

Dans n’importe quel autre pays Mofaz aurait depuis bien longtemps perdu toute légitimité en raison de sa responsabilité dans ce qui est considéré comme des crimes de guerre ailleurs dans le monde. S’il est élu premier ministre, il ne pourra pas se rendre dans certains pays par crainte d’être arrêté. Personne ne lui a demandé de rendre de comptes au sujet de ses responsabilités dans l’impréparation des IDF lors de la dernière guerre. Mais même Mofaz n’est pas aussi effrayant que peut l’être Netanyahou...

L’actuel mandat de Barak comme ministre de la défense ne nous donne pas de raison de moins le craindre que Netanyahou : son mandat a été une période de tueries disproportionnées et déchainées dans Gaza. C’est l’homme qui a inventé la fausse théorie : « il n’y a pas de partenaire pour la paix » et il a affaibli ce qu’il restait du camp israélien de la paix. Et maintenant il va jusqu’à revenir à l’utilisation de cette arme criminelle et rouillée — démolir les maisons des terroristes — au nom du mouvement ouvrier et pacifiste israélien [Barak appartient au Parti Travailliste - N.d.T]. Quiconque a été choqué par le cruel capitalisme de Netanyahou peut-il défendre Barak ? Quelqu’un a-t-il jamais surpris ce social-démocrate améliorant le bien-être de quiconque si ce n’est celui de son voisin dans un immeuble de luxe ? Et pourtant, il ne fait pas peur comme Netanyahou.

Et que peut-on dire de Livni ? Elle n’est certainement pas aussi effrayante que Netanyahou. Mais elle, aussi, pense que les entretiens avec la Syrie et les Palestiniens vont trop vite. Après 40 ans d’occupation et de carnage, les pas de tortue d’Olmert sont trop rapides pour sa « modérée » ministre des affaires étrangères.

Et c’est cela le choix. C’est la troupe des candidats cherchant à succéder à Olmert. Aucun ne parle au nom d’une quelconque idéologie. Un ex-premier ministre qui a échoué à son poste et provoqué la deuxième Intifada ; un ancien chef d’état-major et ministre de la défense, un militaire cruel qui a activé le brasier et ne sait que semer la destruction et la mort ; un ministre des affaires étrangères aux manières soignées mais qui n’a d’aucune manière fait progresser la paix ; et Netanyahou... celui que tout le monde aime détester. Il n’est pas pire que les autres candidats, mais immensément plus persécuté. Les médias donnent l’accolade à Livni, acceptent Mofaz comme légitime, soutiennent parfois Barak, mais seul Netanyahou les terrifie. Pourquoi donc ?

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- Avec des amis comme ceux-là...
- Fort pour les nombres
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- L’un dans un linceul, l’autre sur des béquilles
- Tué en service

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10 août 2008 - Haaretz - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.haaretz.com/hasen/spages...
Traduction de l’anglais : Nazim


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