16 septembre 2017 - CONNECTEZ-VOUS sur notre nouveau site : CHRONIQUE DE PALESTINE

Les Femmes en Noir : 20 ans de lutte contre l’occupation

mardi 5 août 2008 - 06h:52

El Mundo - EFE

Imprimer Imprimer la page

Bookmark and Share


Vêtues de noirs et portant des affiches de la même couleur, en forme de main, avec le slogan "Assez de l’occupation", des dizaines de femmes israéliennes manifestent tous les vendredis depuis 20 ans sur une place centrale de Jérusalem.

JPEG - 49.9 ko
Photo : www.mujeresdenegro.org

Il s’agit d’une consigne simple, mais suffisamment inquiétante et provocatrice pour déclencher la colère de certains passants qui montent toute la classe de malédictions contre ce groupe de pacifistes qui se fait appeler « Les femmes en noir ».

Le nom donné à l’organisation répond à ce qu’ « en général en Israël, la plupart des protestations pacifistes viennent des femmes, parce que nous croyons que nous avons une position particulière dans la société pour rechercher la paix », affirme Nora Bendersky, originaire d’Argentine et membre du groupe depuis sa fondation.

Elle ajoute que la couleur noire symbolise le « deuil et la situation de guerre que vivent Israéliens et Palestiniens. Les femmes des deux camps ont des fils, des maris et des êtres chers qui meurent constamment dans ce conflit. »

Le mouvement est né en janvier 1988 dans le fracas de la première Intifada, ou soulèvement des pierres », lorsque huit femmes Israéliennes de Jérusalem, vêtues uniquement de noir sont sorties pour protester contre l’occupation militaire des territoires palestiniens.

C’était la première fois que les femmes manifestaient publiquement et indépendamment des hommes, bien que certains d’entre eux aujourd’hui ont tendance à les accompagner sur la place de Paris à Jérusalem.

L’heure et le lieu ne doivent rien au hasard ; le rendez-vous est fixé à quelques mètres de la résidence officielle du Premier ministre entre 13h00 et 14h00, heure locale, lorsque les habitants de Jérusalem terminent leurs achats avant le début du jour de repos juif.

Ces femmes de Jérusalem ont à peine cinquante ans et elles sont aussi nombreuses aux quatre coins du pays où la manifestation a également lieu, y compris à Tel Aviv et Haïfa.

C’est la seule manifestation de pacifistes qui dure depuis deux décennies, même si beaucoup regrettent de ne pas avoir atteint objectif et que l’horizon politique se profile d’une couleur encore plus noire que leurs propres chemises.

« Les prostituées et les terroristes »

Devant certains passants qui les qualifient de « prostituées » et les accusent d’ encourager le terrorisme », Nora confesse : « Nous n’appartenons pas au consensus, mais ce que nous disons est devenu une partie dans une certaine mesure du consensus. Le fait que nous sommes là dérange beaucoup, mais c’est notre rôle. »

En silence, ses partenaires endurent stoïquement les injures des israéliens d’extrême droite et de certains juifs ultra-orthodoxes.

Selon cette pacifiste, les insultes sont une constante depuis le début des manifestations : « A une époque, nous étions les« prostituées d’Arafat », mais ils pouvaient aussi simuler d’être avec nous et d’être féministes , ou ils nous insultaient de façon raciste en disant que nous n’étions pas de vraies juives. »

Cependant, Nora explique que le pire est le silence et la passivité, « parfois nous sommes arrêtées et personne ne réagit. »

Ada Bilu, une autre ancienne de l’organisation née à Jérusalem, précise que sa motivation pour venir chaque vendredi est de « rappeler aux gens qu’il y a un problème, qu’il y a une occupation, que rien n’a changé et que la situation s’aggrave. C’est un rappel constant. »

L’organisation, proposée au moins à deux reprises pour le prix Nobel de la paix et lauréate de nombreux prix, a été inspirée par le modèle des Mères de la Place de Mai en Argentine.

Son message est universel aujourd’hui et s’est étendu à d’autres conflits et régions de la planète comme l’ex-Yougoslavie, l’Inde, l’Allemagne ou l’Italie, où de nombreuses femmes suivent cet exemple pour lutter contre le racisme, le fondamentalisme religieux, la violence mafieuse, la discrimination ethnique ou la maltraitance ou violence sexiste.

Les « Femmes en Noir » en Israël font partie de la Coalition des femmes pour une Paix Juste, une plate-forme qui réunit des dizaines de mouvements de femmes qui travaillent à mettre un terme au conflit et préconisent, entre autres choses, de « partager » la ville sainte comme capitale des deux peuples.

« Notre seul but est d’être présentes dans les rues, devant la société israélienne, qui nie d’une façon très forte ce qui se passe », conclut Ada.

30 juillet 2008 - El Mundo - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elmundo.es/elmundo/2008/...
Traduction de l’espagnol : Charlotte


Les articles publiés ne reflètent pas obligatoirement les opinions du groupe de publication, qui dénie toute responsabilité dans leurs contenus, lesquels n'engagent que leurs auteurs ou leurs traducteurs. Nous sommes attentifs à toute proposition d'ajouts ou de corrections.
Le contenu de ce site peut être librement diffusé aux seules conditions suivantes, impératives : mentionner clairement l'origine des articles, le nom du site www.info-palestine.net, ainsi que celui des traducteurs.