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L’Iran et les ultras

mardi 22 juillet 2008 - 06h:12

M. Saâdoune - Le Quotidien d’Oran

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L’Iran, qui subit des menaces ouvertes, a lui aussi besoin d’être rassuré pour sa sécurité.

William Burns, troisième personnage du département d’Etat américain, participant, aux côtés des Européens, aux discussions de Genève sur le dossier nucléaire iranien, cela constitue un changement dans le « dogme » néoconservateur qui veut que l’Iran soit un membre infréquentable de l’axe du mal. L’ancien ambassadeur américain aux Nations unies, John Bolton, néoconservateur partisan de la manière forte, s’en offusque ouvertement et dénonce un retournement complet de l’administration américaine. La colère du faucon signifie-t-elle que les derniers mois de la présidence de Bush sont passés sous l’emprise des « colombes », ou plutôt des réalistes ?

Même s’il ne faut pas être catégorique, il semble bien que cela soit le cas. Cela ne veut pas dire que les militaristes, qui ont marqué de manière catastrophique de leur empreinte les deux mandats de Bush, se sont assagis. Leur vrai obstacle est que toutes les évaluations émises par les responsables du renseignement et de l’armée aux Etats-Unis estiment que les conséquences d’une attaque contre l’Iran sont, dans le meilleur des cas, imprévisibles et dangereuses.

Si les « réalistes » ont repris le dessus, cela met fin, temporairement, à une situation absurde où Washington lance des exigences à un régime qu’elle veut, très officiellement, faire tomber. La colère des néoconservateurs purs et durs tient au fait que la présence d’un officiel américain signifie qu’il y a, dans ce domaine au moins, un début de bifurcation américaine. Est-il durable ? Difficile de l’affirmer, même si l’hypothèse que George W. Bush enclenche une nouvelle aventure durant les mois qui lui restent à la Maison-Blanche reste basse.

Officiellement, les Américains présentent leur participation à Genève comme une « pression » sur l’Iran. La secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères a tenu à « cadrer » les choses en indiquant que les Etats-Unis posent comme condition à l’ouverture des négociations avec l’Iran, la « suspension vérifiable des activités d’enrichissement et de retraitement ». Or, les plus hauts responsables iraniens et notamment le Guide de la révolution ont réaffirmé que la question de l’enrichissement de l’uranium est un droit non négociable, mais qu’ils peuvent aller le plus loin possible avec l’AIEA en matière d’assurance et de garanties que le programme nucléaire est de nature civile.

A Téhéran, on n’oublie pas que sous la présidence du réformateur Khatami, l’Iran a suspendu l’enrichissement de l’uranium sans que cela ait fait changer d’attitude les Occidentaux. Les sanctions appliquées à l’Iran, la dernière consistant à geler les activités de la Banque Melli en Europe, n’ont pas infléchi la position de l’Iran.

Un très fort consensus national existe en Iran - et il implique même les opposants - sur la défense du droit de leur pays au nucléaire civil. Récemment, Vladimir Poutine a souligné que rien dans le TNP n’interdisait à l’Iran de procéder à l’enrichissement de l’uranium, mais il invitait Téhéran à ne pas oublier qu’il est dans une région peu paisible et qu’il doit rassurer. Le jugement de Poutine est juste. Mais l’Iran, qui subit des menaces ouvertes, a lui aussi besoin d’être rassuré pour sa sécurité.

C’est dire que la réunion de Genève ne va pas être la solution, mais qu’elle peut ouvrir la voie à des négociations ardues et longues, où ce ne sont pas seulement les « inquiétudes » d’Israël qui seront prises en compte. Les « ultras » américains pourraient reprendre le dessus... Ils ont encore quelques mois de pouvoir.

Du même auteur :

- Les criminels, c’est toujours les autres
- Une fête à Paris
- Iran : L’idiome des missiles
- G8 : Promesses, Promesses

20 juillet 2008 - Le Quotidien d’Oran - Editorial


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