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Confiscation de la terre par Israël et fatwa contre la coopérative vinicole

vendredi 5 janvier 2007 - 16h:50

Najib Farag

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Des fermiers sont confrontés à la confiscation par Israël de 19 000 dunums de terre sur les 22 000 qui appartiennent aux fermiers du village et à une fatwa contre une coopérative vinicole.

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Oliveraie près de Bethléhem avant le mur. (photo Alrowwad)

Ismail Khalil Salah, fermier de 65 ans, est confronté avec son destin, face aux bulldozers israéliens qui travaillent « à plein rendement » sur sa terre, dans la région de Bethléhem, pour construire le mur. La plus grande partie de ses terrains sont perdus.

Sa terre, au village d’Al Khader, était facile d’accès il y a six ans mais maintenant, avec la colonie d’Efrat, il ne peut s’y rendre qu’à pied ou à dos d’âne. « Il nous faut une heure et demi maintenant pour y aller et ce que nous pouvons faire ne nous permet pas de garder nos fermes. Récolter et vendre sur les marchés, c’est presque impossible maintenant, nos vies sont l’enfer sur terre. »

Les forces israéliennes ont interdit Jérusalem aux fermiers palestiniens pour la vente de leurs légumes, leurs olives et leur raisin. Le plus grand marché pour le raisin est à Jérusalem. En outre, même la coopérative vinicole de Cremisan, entre Beit Jala et le village d’Al Walajeh, en haut de la colline à l’ouest de Bethléhem, leur est interdite d’accès. Le maire d’Al Khader explique qu’une fatwa (avis juridique à motivation religieuse - NDT) a été publiée pour que s’arrête la fabrication du vin ; et bien que Cremisan n’ait fait aucun commentaire aux journalistes, l’entreprise vinicole palestinienne aurait commencé à se fournir en raisin à l’intérieur des frontières israéliennes.

Salah indique que 200 dunums de sa terre sont en vigne (10 dunums = 1 ha) et se trouvent près de l’endroit où les Israéliens ont construit leur colonie. « Cette ville était réputée pour sa récolte, environ 11 000 tonnes par an, mais cette année, la plupart des grappes sont restées sur la vigne à cause de l’impossibilité pour les fermiers d’aller sur le grand marché de Jérusalem. Nous allons à une vraie catastrophe. »

Salah nous dit aussi comment les soldats israéliens protègent les colons qui attaquent les fermiers palestiniens quand ils essaient de récolter. « Ce sont les colons de la colonie d’Efrat et les agents de la sécurité les protègent. Ils menacent de nous tirer dessus et de nous expulser de notre terre. » Il ajoute qu’il ne craint pas les armes et il se saisit de pierres pour se défendre lui-même. « Je reposerai sur la terre dont j’ai hérité de mes parents et grands-parents. Elle appartiendra à mes fils à qui je la lèguerai. Sans cette terre, ma vie ne vaut plus rien. »

Toutefois, les forces israéliennes sont en train de construire une autre barrière entre le village et les terres, avec les champs du côté de la colonie. « Elles ne seront même plus accessibles à dos d’âne, même par la porte qui est sous soumise au bon plaisir des soldats. »

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Salah avait commencé à planter des oliviers, 150 oliviers, sur sa terre ; c’est, dit-il, un affront pour les colons ; il pense qu’ils ne veulent pas voir ce type de plantation si spécifiquement associée à l’histoire palestinienne.
« Nous sommes déjà privés de notre terre à cause du mur dans lequel ils prévoient de monter des portes métalliques, séparant les terres de leurs propriétaires qui ne pourront plus y pénétrer, sauf avec l’autorisation des soldats et de leurs caprices ; en plus de bloquer des dizaines de routes agricoles à tel point que même un âne ne pourrait rentrer sur la terre. Les fermes disparaîtront à défaut d’être entretenues, sil leurs propriétaires ne peuvent s’occuper des arbres. »

Salah a un autre souci : l’eau. « Pour monter le mur, ils ont coupé l’approvisionnement en eau, une capacité de 75 mètres cube. » Il n’y a rien de neuf, dit le fermier. « Durant les dix années passées, ils ont arraché des centaines d’arbres. Cela en application d’un projet pour vider la terre de ses habitants. Beaucoup de propriétaires ont déjà perdu tous moyens de vivre. »

Le fermier Huda Mousa dit que les soldats et les colons ont arraché 150 oliviers dans le but d’isoler la terre. « Mais la bataille va durer longtemps et nous ne nous rendrons pas. Ce qui est important c’est qu’ici, besoin de se taire. Nous avons besoin d’avocat et des institutions officielles pour nous aider à assumer les frais. Il y a beaucoup de fermiers qui ont déjà été contraints de partir de leur terre après qu’Israël s’y soit livré au pillage et que les fermiers se sont trouvés incapables de payer les honoraires supplémentairs exigés pour préserver leurs terres et plantations. »

Le maire d’Al Khader, Adnan Sobeih, dit que les fermiers palestiniens souffrent énormément et que la municipalité essaie de les aider. Pour le mur, les Israéliens ont confisqué 19 000 dunums sur les 22 000 du village, ne laissant que 3 000 dunums aux 10 000 villageois qui sont les propriétaires depuis toujours de cette terre. « Les forces israéliennes ont fermé Jérusalem pour les fermiers et maintenant, une fatwa est publiée qui nous interdit l’accès à la coopérative vinicole. Ce qui fait que 6 000 tonnes de raisin restent là, sans qu’on puisse espérer les vendre sur un marché ; ceci entraîne de graves préjudices économiques à la ville, et par conséquent à la région toute entière. »

Les citoyens du district de Bethléhem, en Cisjordanie, sont confrontés à une véritable crise à cause du mur et de l’absence de marché pour vendre les produits de leurs récoltes d’une terre que maintenant ils ont perdue.

Bethléhem -jeudi 4 janvier 2007 (exclusif PNN)
http://english.pnn.ps/index.php?opt...
Trad. : JPP


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