La fête euro-méditerranéenne de l’UPM aura bien lieu le 13 juillet dans la capitale française. La célébration de la naissance de cet objet politique improbable s’annonce fastueuse, même si derrière le concert d’autocongratulations l’on discerne le malaise d’une conception compliquée.

Car, en effet, de quel enfantement s’agit-il ? Les exigences germaniques et les réticences de la Commission européenne ont grandement vidé de son sens une union qui n’est plus qu’un succédané du toujours actuel et notoirement inefficace processus de Barcelone. Il n’est plus question d’enfant prodigue mais seulement du rejeton banal de la politique de voisinage et des accords signés en 1995 dans la capitale catalane. Mais faisons confiance aux spécialistes de la communication et aux spin-doctors, le spectacle sera de toute beauté. Et il ne manquera certainement pas d’intérêt.

Les observateurs attendent avec curiosité l’arrivée de Bachar el-Assad dans une capitale où il a été persona non grata durant de longues années. Il a bien fallu mettre de côté l’acrimonie chiraquienne devant la réalité primordiale de négociations israélo-syriennes par Turquie interposée. Ainsi, le président syrien obtient un visa parisien, en attendant la délivrance d’un certificat de bonne vie et moeurs si ces négociations évoluent dans le sens attendu par les Occidentaux. Comme beaucoup de politiques arabes, au pouvoir ou dans l’opposition, el-Assad va rechercher la reconnaissance de la qualité d’homme d’Etat délivrée par les élites civilisées et leurs séduisants médias.

Mais l’invité d’honneur des cérémonies ne sera pas damascène pour autant. Effectivement, c’est bien le représentant d’Israël, « paisible » Etat nucléaire, qui tiendra le haut de l’affiche. Car, il ne faut pas s’y tromper : une des plus importantes préoccupations des concepteurs de l’UPM est bien d’ancrer chez les pays arabes l’acceptation pleine, entière et sans réserve de l’existence de l’Etat sioniste. Bien sûr, pour la forme, le sort du peuple palestinien et la création toujours imminente d’un Etat viable seront évoqués avec émotion et solennité. Comme il est d’usage dans ce genre de rencontre. Pour le reste, dans l’état actuel du rapport de force international, les régimes du Sud ne peuvent faire autrement que de faire mine de souscrire à une réalité sur laquelle ils ont fort peu de prise. En sachant pertinemment que l’union de la carpe démocratique et du lapin autoritaire qu’ils portent sur les fonts baptismaux est promise à une existence en pointillé. Le soutien de Paris vaut bien une messe.

Pour les Maghrébins, compte tenu de leur histoire et de leurs liens avec l’ancienne métropole, le voyage sur les bords de Seine ne représente pas un effort particulier. Il ne fait guère de doute qu’une de leurs rares démarches conjointes consistera en la défense de la liberté de circulation des personnes entre les deux rives. En échange de quoi, ils pourraient s’engager pour une répression encore plus active des flux migratoires clandestins.

Avec l’élégance qui les caractérise, les Européens auront beau jeu de mettre le doigt sur les entraves à la circulation de ces mêmes personnes entre les pays du Maghreb. Mais ce n’est là qu’un épiphénomène tout à fait subalterne. On nous le dit : la fête sera somptueuse et les discours lyriques. Espérons qu’il fasse beau temps et que le soleil soit de la partie.

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12 juillet 2008 - Le Quotidien d’Oran - Edito