Aux commandes d’un bulldozer, un travailleur palestinien tue trois personnes et en blesse quarante autres.

Le bus renversé dans l’attaque

Il n’a pas employé d’armes de feu, il n’a pas utilisé de ceinture d’explosifs ni même brandi un couteau. Hosam Taysir Duayat, travailleur palestinien âgé de 30 ans, s’est hissé hier à midi aux commandes d’une excavatrice, a écrasé une demi-douzaine de véhicules et a renversé un autobus plein de passagers dans une course dévastatrice de 500 mètres dans la rue centrale de Jaffa à Jérusalem.

Il a tué trois femmes israeliennes et a blessé une quarantaine d’autres personnes, jusqu’à ce qu’un soldat qui passait là et un policier soient montés sur la machine, arrivèrent à l’arrêter, et blessèrent le conducteur en tirant à 4 reprises à bout portant. Ils l’ont ensuite achevé. Dans la Ville Sainte, où a été imposé l’état d’urgence, on a assisté à des scènes de panique et des courses effrénées, et au massif déploiement policier qui suit ce genre d’attaque.

Un agent d’une entreprise privée de sécurité souriait après avoir tiré contre Duayat et montrait avec satisfaction son pistolet à la télévision. Quelques secondes après, l’ouvrier palestinien remettait en marche l’excavatrice et renversait un piéton. C’est alors que le soldat et le policier sont montés sur le bulldozer et ont criblé de balles l’agresseur, lequel venait de Zur Baher, un village au sud de Jérusalem. Il ne s’agissait pas d’un attentat-suicide comme ceux qui ont terrorisé les israéliens vers le milieu de années 80 et durant les premières années de ce siècle, en pleine Intifada. Mais Duayat devait savoir qu’il ne s’en sortirait pas vivant.

C’est le premier attentat depuis que le 6 mars dernier, un autre jeune palestinien assassinait par balles huit étudiants d’un yeshiva (école talmudique) à peine à quelques centaines de mètres de l’endroit où hier a finalement échoué l’excavatrice, à côté des travaux du tramway qui reliera la moitié juive de la ville avec les colonies dans la zone occupée. Un peu plus loin se trouve le marché Mahane Yehuda, fermé à midi. « Pour notre malheur, les attaquants ne cessent d’inventer de nouvelles manières de frapper au coeur du peuple juif, ici à Jérusalem », a déclaré Uri Lupoliansky, le maire de la Ville Sainte.

« Il semble que ce soit une attaque spontanée », a déclaré le responsable de la police Dudi Cohen. Le Hamas et le Jihad Islamique se sont dégagés de la responsabilité de l’attentat. « L’ennemi doit s’attendre à encore plus d’attaques comme celles-ci s’il poursuit l’occupation et les agressions contre notre peuple et notre terre », ont affirmé chacun des mouvements islamiques dans un communiqué.

L’attaque a provoqué de vives réactions dans la classe politique israélienne. Le premier ministre, Ehud Olmert, a ordonné au ministre de la justice d’étudier la possibilité d’annuler tous les droits sociaux des parents de l’agresseur et la démolition de la maison familiale, une punition très fréquente durant ces dernières années, qui entraînent de vives critiques de la part des organisations internationales de défense des droits humains [les démolitions de maisons de Palestiniens sont une pratique directement héritée de l’occupation coloniale britannique et largement utilisée par les occupants sionistes - N.d.T].

Quelques heures après, le parlement approuvait par un vote majoritaire, en première lecture, deux propositions qui permettraient au gouvernement de révoquer la citoyenneté des Palestiniens impliqués dans des attaques ainsi qu’à leurs familles. Quelques députés d’extrême droite [la notion d’extrême-droite est relative en Israël où un Le Pen passerait pour un modéré - N.d.T] plaidaient pour les expulser vers Gaza.

Sur le plan politique, et malgré les exigences de la droite d’abandonner les négociations avec l’Autorité Nationale Palestinienne, rien ne permet de prévoir qu’Olmert suspende les discussions où Jérusalem est justement la question qui provoque les débats les plus vifs.

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3 juillet 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
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[Traduction : Info-Palestine.net]