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Gaza : trêve entre la résistance palestinienne et l’occupant israélien

mercredi 18 juin 2008 - 23h:44

Juan Miguel Muñoz - El Païs

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Les Palestiniens observent comment le mouvement islamiste, bien que ce soit à pas de tortue, accomplit ses promesses ...

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Mahmoud al-Zahar (à gauche) et Khalil al-Hayya, deux hauts responsables du Hamas, lors d’une conférence de presse le 17 juin - Photo : AP/Khalil Hamra

Précaire et dépendant de nombreux avatars toujours difficiles à déchiffrer au Proche Orient, Israël et le mouvement Hamas ont trouvé un accord pour une cessation totale des hostilités durant une période de six mois, qui débutera demain jeudi à 6 heures.

Sans avoir connaissance en profondeur des détails, aucun document n’ayant été signé entre les deux parties, l’accord, mis au point par des médiateurs égyptiens prévoit la réouverture progressive des postes frontaliers entre Israël et la bande de Gaza, ce qui permettra un allègement du blocus économique dont souffre le territoire depuis juin 2007. Les deux côtés s’engagent à aborder par la suite la question de l’ouverture du passsage frontalier de Rafah, point unique par l’intermédiaire duquel les Palestiniens de Gaza peuvent voyager à l’extérieur, et la question de l’échange de prisonniers contre Gilad Shalit, captif depuis deux ans entre les mains du Hamas.

Les attaques de l’armée israelienne contre Gaza — qui ont coûté la vie à des centaines de Palestiniens dans les derniers 12 mois, en grande majorité des civils — et les tirs de fusées contre le territoire au sud d’Israël qui ont tué quatre personnes, cesseront. « Les deux parties se sont engagées à arrêter toutes les hostilités et toutes les activités militaires », a affirmé de façon concise le porte-parole du ministère des affaires étrangères égyptien, Hussam Kaki. « Si le Hamas maintient le cessez-le-feu le feu, nous pourrons faire livrer davantage de produits et approvisionnements divers », a dit un haut fonctionnaire hébreu. « Ce qui importe ne sont pas les mots mais les actes », a ajouté Mark Regev, porte-parole du bureau du premier ministre. Karni et Sufa, les terminaux frontaliers par lesquels transitent les marchandises entre Israël et Gaza, recommenceront à fonctionner après une année de paralysie quasi complète.

Mais dans tous les cas, Israël en garde la clé.

Cela fait un an et demi que le gouvernement israélien menaçait [Gaza] d’une invasion terrestre et d’une réoccupation militaire. Le risque de devoir souffrir de dizaines de tués [estimation basse], a toutefois freiné l’éxécutif. En effet, tous les analystes militaires se demandaient : « Et ensuite, que faire ? Comment empêcherons-nous que juste après que nous soyons ressortis ne soient à nouveau tirées des fusées ? ».
L’éxécutif d’Ehud Olmert a dû céder, en insistant cependant toujours sur son rejet frontal d’une négociation avec le mouvement fondamentaliste qu’il qualifie de « terroriste ». Bien que ce soit à travers la médiation égyptienne, il a négocié. Et accordé au Hamas la légitimité qu’il recherchait depuis sa victoire aux élections législatives de 2006.

Les avantages pour Olmert, cerné par un scandale de corruption qui peut ruiner sa carrière politique, sont évidents. Il obtient que le sud d’Israël, où les communes agricoles accusaient l’éxécutif de les avoir abandonnées à leur sort, jouieront de la tranquillité à partir de demain. Il satisfait aussi les demandes des Etats-Unis et de l’Union Européenne, qui avec une force croissante exprimaient leur septicisme par rapport au blocus qui punissait sans discrimination les un million et demi d’habitants de Gaza et qui surtout ne produisait pas les résultats escomptés : la chute du gouvernement islamiste. Et il obtient aussi — sans ce compromis on n’expliquerait pas que Tel Aviv ait accepté la trêve — que le pouvoir égyptien « mette toute la viande dans la rôtissoire » pour freiner le trafic d’armes par les tunnels qui traversent le couloir Philadelphie, la frontière de 14 kilomètres de long qui sépare Gaza de l’Egypte.

Le Hamas, par nécessité et pragmatisme, a aussi reculé.

S’il y a seulement quelques mois, les dirigeants islamistes juraient que le cesse-le-feu devrait s’appliquer autant à Gaza qu’à la Cisjordanie, et ils ont accepté à présent qu’il n’entre en vigueur que dans la bande de Gaza. C’est un renoncement important. Mais qui a aussi ses contreparties. Une année et trois jours après que l’organisation fondamentaliste ait accédé au pouvoir dans ce territoire méditerranéen, elle est parvenue à casser le brutal blocus économique qui a dévasté son économie.

Les Palestiniens observent comment le mouvement islamiste, bien que ce soit à pas de tortue, accomplit ses promesses et comment le président Mahmud Abbas échoue dans les négociations qu’il poursuit avec Israël. Abbas n’en sortira pas indemne aux yeux de son peuple, soucieux d’une réconciliation entre le Hamas et le Fatah. Ils ne pourront pas s’empêcher de penser que tandis qu’Israël négociait avec le Hamas, leur président rejetait tout dialogue avec ses « frères palestiniens ».

Cependant, il ne convient pas de crier victoire. La trêve est fragile. L’armée israelienne a assuré hier qu’elle n’arrêtera pas ses préparatifs pour une opération terrestre. Sans aller plus loin, quelques heures avant que ne soit annoncé le cessez-le-feu, l’aviation a tué à six combattants du Jihad Islamique et de l’Armée de l’Islam, deux des groupes qui ont participé à la capture il y a deux ans du soldat juif Gilad Shalit.

Du même auteur :

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18 juin 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Claude Zurbach


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