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La nouvelle victoire du Hamas

mercredi 18 juin 2008 - 06h:24

Sergio Yahni - Alternative Information Center

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La principale réussite du Hamas à ce jour conduit Israël, la plus grande puissance militaire de la région, dans une impasse politico-militaire.


Article publié par AIC avant tout accord de trêve Israël/Hamas (ndt)

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Des members des Brigades Izz ad-Din al-Qassam, la branche armée du Hamas,
dans la bande de Gaza.

En dépit des efforts concertés du Quartet et d’Israël pour saper le pouvoir du Hamas acquis aux élections nationales palestiniennes de janvier 2006, la position politique et militaire du Hamas, un an après la tentative ratée du Fatah de renverser ce gouvernement élu, apparaît même plus forte.

Alors que les sondages d’opinion semblent indiquer un déclin de la popularité du Hamas chez les Palestiniens, le gouvernement Hamas à Gaza est perçu par les Palestiniens comme efficace sur les questions civiles, apte à résister aux attaques israéliennes et à s’imposer à Israël à la table de négociations.

Inversement, l’image publique du gouvernement désigné par le président palestinien Abu Mazen [Mahmoud Abbas] se détériore, et ses résultats en matière civile et politique sont considérés au mieux comme médiocres. Le refus d’Israël de respecter les accords négociés porte atteinte sérieusement à l’image politique d’Abu Mazen, de même qu’il nuit à la crédibilité du gouvernement de Salam Fayyad sur les questions non liées directement au conflit, telles que la corruption, la sécurité civile et l’économie.

L’incapacité à présenter des résultats tangibles dans le processus de paix, en plus des réussites de la résistance palestinienne dans le bande de Gaza, a gravement miné la crédibilité des négociations politiques avec les Israéliens. Selon des sondages de mars/avril effectués par le Centre des médias et de la Communication de Jérusalem et le Centre palestinien d’Etudes et de Recherches, les Palestiniens se sentent frustrés par les négociations et le soutien de la résistance s’est renforcé.

De même, la population israélienne ne croit pas dans le processus de paix et ne fait pas confiance dans le gouvernement Olmert/Barak pour traiter avec le Hamas à Gaza. Selon un sondage d’opinion publié le 12 juin par la station radio israélienne Kol Israel, un quart des Israéliens disent ne pas savoir s’ils préfèrent un accord de cessez-le-feu avec le Hamas ou une opération militaire de grande envergure dans la bande de Gaza. Le même sondage indique que la moitié des Israéliens ne croient pas que le Premier ministre Olmert, actuellement suspecté de corruption, ait mandat pour décider d’une telle opération.

L’opinion israélienne ne croit pas non plus qu’un cessez-le-feu soit possible avec le Hamas, mais elle ne fait pas davantage confiance dans l’armée israélienne pour faire cesser les tirs de roquettes depuis la bande de Gaza.

En outre, selon Avi Isaskhraov et Amos Harel du journal Ha’aretz (13 juin 2008), l’armée israélienne ne se croit pas capable de répondre au défi posé par Gaza. Selon les militaires, pour mettre fin aux tirs de roquettes depuis Gaza, il faudrait réoccuper la bande de Gaza pendant plusieurs mois, mais ils ne croient pas que l’opinion et le gouvernement en accepteraient le nombre élevé de victimes israéliennes qui en résulterait. De plus, l’armée et le gouvernement israéliens savent qu’une opération militaire n’aiderait en rien à obtenir la libération du soldat israélien emprisonné à Gaza et qu’elle mettrait même sa vie en péril.

La principale réussite du Hamas à ce jour conduit Israël, la plus grande puissance militaire de la région, dans une impasse politico-militaire. Si les négociations pour le cessez-le-feu au Caire aboutissent, le Hamas aura réussi à neutraliser le gouvernement désigné d’Abu Mazen à Ramallah. Cependant, un échec dans les négociations renforcerait la méfiance à la fois des Palestiniens et des Israéliens dans la possibilité d’une sortie négociée à la crise, affaiblissant encore plus le gouvernement d’Abu Mazen, mais il est improbable que cet échec susciterait une pénétration israélienne importante à l’intérieur de la bande de Gaza.

Nous retournons à la case départ, aux opinions publiques palestiniennes et israéliennes qui ne pensent pas possible d’arriver à un accord de paix. Les négociateurs palestiniens se retrouvent de plus en plus hors course à cause de l’échec des négociations de paix et Israël est dans l’impossibilité d’user de sa puissance militaire pour modifier le scénario politique actuel. La question est de savoir comment sortir de cette impasse.

17 juin 2008 - Alternative Information Center - Traduction : JPP


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