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Qui va encore pleurer sur le « triste » sort d’Israël ?

mercredi 11 juin 2008 - 06h:26

Talal Nizaneddin - Daily Star

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Les affirmations d’Ahmadinejad qu’Israël va inévitablement se détruire elle-même pourraient ne pas être après tout si tirés par les cheveux.

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Soldats israéliens face à des manifestants palestiniens - Israël, un état ne survivant que par la violence et appelé à disparaître ? - Photo : AFP

La question de l’existence d’Israël est une question sensible dans le monde arabe et islamique. Soixante années sont passées et le plus grand exploit de l’existence d’Israël, les millions de réfugiés palestiniens sans état, continue à croître.

Ceci n’est pas un appel du style Ahmadinejad pour l’éradication d’Israël pour ceux qui l’espèrent. Les millions d’Iraniens appauvris servent de symbole dominant pour les échecs de la révolution islamique de 1979. Mais le contraste est utile car, alors que la critique de l’Iran est encouragée dans les media occidentaux, le fait de dépeindre Israël négativement reste un tabou.

La désignation démocratique de Barak Obama à peine terminée, vers qui le conquérant d’Hilary Clinton a-t-il accouru pour s’adresser ? L’AIPAC (le Comité américo-israélien des affaires publiques). Et que leur a-t-il dit ? Qu’il soutenait l’idée d’une Jérusalem unie et capitale éternelle d’Israël et que, s’il était élu en tant que président, il servirait les intérêts d’Israël.

Sans aucun doute, son rival John McCain concourra-t-il pour un soutien de l’AIPAC, le seul de lobby étranger parmi les 10 plus financièrement importants des lobbies américains officiels. Bien sûr quand on se réfère aux lobbies juifs on risque d’être accusés « d’antisémitisme hitlérien ».

Mais la communauté juive a le mérite d’avoir des fils et filles plus éduqués que l’ensemble de leurs compagnons américains ce qui signifie qu’il y a une proportion élevée de docteurs, avocats, banquiers, hommes d’affaires, artistes etc. De plus les media y compris l’industrie cinématographique, a une énorme influence sur la manière avec laquelle l’opinion publique considère Israël.

Mais le monde arabe et islamique a échoué depuis des années à reconnaître que le travail du lobby pro-israélien a été rendu plus facile grâce à leur propre comportement. Des régimes tyranniques, des dictateurs déséquilibrés, des idéologies extrémistes, une appétence pour la violence, l’intolérance, l’injustice social et économique et une tendance pitoyable des foules à suivre des démagogues d’une défaite à une autre, font la joie des lobbyistes pro-israéliens.

La réponse d’une poignée de soi-disant penseurs arabes de gauche est que les échecs de notre société sont la conséquence de conspirations israélo-américaines. Ceci est une pauvre excuse qui admet en fait que les masses sont ignorantes et facilement manipulées et que les élites ne sont pas suffisamment créatives pour les éduquer à s’éduquer eux-mêmes. Le résultat est un cycle négatif et une mentalité défaitiste. Et que font les vaincus ? Ils se suicident et espèrent emmener l’ennemi avec eux.

Malgré ce tableau ostensiblement sain pour Israël, ses succès de ces dernières décennies sèment les graines de sa propre perte.

Le manque de pression de la part des Etats-Unis et de l’Europe pour résoudre la question palestinienne, allié à sa capacité militaire écrasante et sa dissuasion nucléaire, signifie que les dirigeants israéliens sont enclins à moins se préoccuper de l’avenir. La complaisance en Israël a commencé à se propager au sein de l’élite politique dans le milieu des années 90 avec l’assassinat du premier ministre de l’époque, Yitzhak Rabin. La mort de Rabin a non seulement marqué la mort du dernier faiseur de paix qui avait suffisamment d’autorité et d’aura pour mener Israël vers la paix mais elle aussi marqué la fin de l’esprit des pères fondateurs du pays.

Israël devait être pour les juifs non seulement un havre sûr contre les persécutions et le sanguinaire antisémitisme européen mais aussi, selon les premiers colons, une société idéale. Les juifs avaient convaincu le monde qu’Israël allait être un îlot de démocratie, de progrès scientifiques et éducatifs, de liberté individuelle et de justice sociale dans une région plongée dans l’obscurité. Leur succès jusqu’à récemment était, du moins pour les juifs mais pas pour les Palestiniens, qu’il y avait un élément de vérité dans ces nobles idées.

Aujourd’hui Israël est un pays différent. La corruption politique, l’impotence militaire a pris le dessus et les mauvais services de renseignement ont été mis cela en lumière lors de la guerre contre le Liban durant l’été 2006. De bonnes guerres sont gagnées grâce à de bons services de renseignement.

Ce n’est pas comme si Israël n’avait pas la technologie et les systèmes pour obtenir des informations mais c’est l’analyse de ces données qui ont démontré à quel point les élites politiques, militaires et universitaires se sont montrées de plus en plus inadéquates. Les gens n’aiment en général pas les perdants et l’opinion publique occidentale a toléré et soutenu Israël tant qu’elle gagnait des guerres rapidement et de manière décisive. Maintenant qu’Israël est entrée dans une zone grise trotskiste de « pas de guerre pas de paix », l’opinion publique commence à perdre patience.

Israël visiblement perd également sa prétention à une haute base morale. Les media israéliens ont été partagés au sujet des négociations d’échanges de prisonniers avec le Hezbollah. Le débat a été particulièrement mouvementé au sujet de la remise aux Libanais de Samir Qontar car il est accusé d’avoir tué de ses propres mains un bambin israélien devant son père.

Pour un certain groupe en Israël, le fait de négocier le retour d’un assassin d’enfant déclaré coupable à des fins politiques c’est admettre que le pays met l’humanité en-dessous du pragmatisme et des intérêts politiques. Les soi-disant réalistes d’Israël disent que cela aidera à fermer le chapitre sur les prisonniers entre leur pays et le Liban.

Le désintérêt total d’Israël pour l’indépendance du Liban, exemplifié par les négociations secrètes avec la Syrie, ébranle aussi ses prétentions d’être pro-démocratie et de pro-liberté. Son pragmatisme dur comme fer a révélé qu’elle préfère des régimes autoritaires forts tant qu’ils servent des buts politiques.

Israël a montré qu’elle n’avait pas le temps pour un Moyen Orient pacifique, dynamique et démocratique ce qui semble prouver qu’Ahmadinejad, le Hezbollah, le Hamas et tous les autres critiques véhémentes anti-israéliens avaient en permanence raison.

En ce qui concerne la guerre des services de renseignements, elle est une grande source de force pour les leaders à Damas, Téhéran et pour les commandants du Hezbollah en leur permettant de comprendre mieux que les Israéliens eux-mêmes ne la comprenne, la psychologie de leurs homologues israéliens. Une chose est sûre c’est qu’à cause de leur comportement récent, aucun Libanais que ce soit ceux du groupe du 14 Mars ou du groupe du 8 Mars ne sera attristé de voir finalement Israël vaincue.

Quant à l’occident, il est peu probable qu’Obama et le reste des élites politiques aux Etats-Unis et en Europe se plaisent vraiment à devoir se plier devant les lobbyistes d’Israël pour avoir une chance de gagner les élections dans leurs propres pays.

Alors qu’Israël s’enfonce dans le marécage de la politique du Moyen Orient, les élites politiques occidentales pourraient éventuellement décider de couper court pour se libérer d’un engagement permanent couteux. Cela deviendra plus facile alors qu’Israël se dévoile comme manquant de morale politique et de véritable pouvoir régional.

Malgré toute la fureur qu’elles avaient déclenché, les affirmations d’Ahmadinejad qu’Israël va inévitablement se détruire elle-même pourraient ne pas être après tout si tirés par les cheveux. Que ce soit ou non dans l’intérêt des régimes de la région qu’Israël disparaisse, ceci est une autre question.

7 juin 2008 - The Daily Star - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.dailystar.com.lb/article...
Traduit de l’anglais par Ana Cléja


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