La pression monte en Israël pour des élections anticipées
vendredi 6 juin 2008 - 06h:03
Juan Miguel Muñoz - El Païs
Les tambours électoraux retentissent à grands fracas en Israël. Ce n’est pas seulement la droite d’opposition qui l’exige, comme elle l’a fait il y a plusieurs mois en réclamant l’avancement du scrutin.
- Manifestement ces deux-là s’adorent...
Le parti travailliste, partenaire du gouvernement a commencé à organiser sa commission électorale ; et Kadima, vainqueur des élections en mars 2006, a annoncé que le comité central du parti tiendra une réunion après le retour d’Ehud Olmert des Etats-Unis pour élire un nouveau chef. Après le dernier scandale pour corruption qui poursuit le premier ministre, le rideau de l’ère Olmert a commencé de tomber.
Le chef du gouvernement a résisté aux assauts depuis qu’il a formé son cabinet il y a deux ans : en plus des nombreuses affaires de corruption qui ont parsemé son mandat, le rapport dévastateur sur la guerre du Liban a conduit à une blessure de plus. Celles-ci ne cicatrisaient pas correctement, parce que le malaise au sein du parti et chez les travaillistes s’est accru de façon incontrôlée. Ehud Barak, un des principaux partenaires de la coalition dirigée par Olmert, a attaqué hier le premier ministre là où ça fait mal : « le temps est venu d’un renouvellement moral et éthique de la société israélienne ».
L’affaire des sommes en espèces qu’a reçu Olmert des mains d’un milliardaire américain, Morris Talansky, n’est que la goutte qui a fait déborder le vase. Barak a ordonné au secrétaire général du parti travailliste, Eitan Cabel, qu’il désigne immédiatement les commissions électorales.
La situation pour Olmert est entrain de devenir insoutenable. Les dirigeants désireux de remplacer leur chef abondent à Kadima. Ils l’ont annoncé publiquement et recueillent des signatures parmi les adhérents du parti pour se présenter aux primaires. La Ministre des affaires étrangères, Tzipi Livni, est largement en tête des sondages. 34% des membres de Kadima voteraient pour elle, 20 points devant l’ancien chef de l’armée et ministre des transports, Saul Mofaz, qui a été désigné facilement contre Livni, qu’il a accusé d’ourdir une conspiration avec Barak pour faire tomber le gouvernement.
Le paysage s’est rapidement précisé. Tzachi Hanegbi, président du comité électoral de Kadima affirmé hier que « à la fin de la semaine prochaine les délégués se réuniraient pour décider de l’élection du nouveau dirigeant ».
Toujours bon dans les courses brèves, on n’entrevoit pas cette fois de sortie élégante pour Olmert. S’il décidait de se mettre en incapacité temporaire ou même de démissionner, cela donnerait une alternative aux élections anticipées : l’élection d’un premier ministre par le parlement actuel. C’est une option qui n’a plus beaucoup de poids en regard des divisions internes de Kadima, qui se livrent ouvertement.
Certains ministres de ce parti ont senti le vent tourner lors de l’initiative de leur coreligionnaire Livni, qui a postulé le jeudi pour remplacer Olmert et a réclamé la tenue de primaires sans attendre.
Comme toujours en période de crise, les sondages ne manquent pas. Les publications d’hier dans plusieurs médias ne reflètent pas de changements brusques par rapport aux mois précédents. Le Likoud de Bejamin Netanyahu reste en tête. Il obtiendrait 35 des 120 sièges de la Knesset, loin devant Kadima(13) et le parti travailliste (19). Comme d’habitude, dans les dernières consultations électorales, le panorama post-électoral apparaît très fragmenté, comme il reflète le système de proportionnelle pure qui est appliqué en Israël.
Une caractéristique qui donne à son système politique une instabilité déjà endémique, et qui a toujours des incidences sur le processus de négociation sur le Proche-Orient.
Dans ce contexte, Olmert est parti aux Etats-Unis lundi. Il essaie de garder l’image du chef qui tient les rênes de son pays en dehors des troubles et avatars internes. Il envisage de s’entretenir avec George W. Bush et avec les candidats John Mc Cain, Barack Obama et Hillary Clinton. Beaucoup sont ceux qui pensent que cette visite a peu de sens et qu’il s’agit plutôt d’une visite d’adieu.
Du même auteur :
La crainte de l’Iran incite au dialogue
Les exilés de Palestine commémorent, dispersés, les 60 ans de leur expulsion
Liban : l’exode continue
Le shekel cause des ravages
31 mai 2008 - El Païs - Vous pouvez consulter cet article à :
http://www.elpais.com/articulo/inte...
Traduction de l’espagnol : Charlotte